Les Athées de Belgique
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Archives par auteur : JF

Sainte Marie, mère de Dieu, protégez-nous de l’athéisme

Posté le 24 décembre 2022 Par JF Publié dans Religion Laisser un commentaire

Anne Morelli

Les Presses universitaires de l’Université catholique de Louvain – KUL (Leuven University Press) ont publié en 2020 un volume collectif de 400 pages, malheureusement pour le lecteur francophone, entièrement en anglais, consacré à l’utilisation de l’image mariale pendant la guerre froide, pour contrer l’athéisme et le communisme, considéré comme son principal vecteur[1].

Une bataille idéologique 

L’Église a condamné, depuis le XIXe siècle, divers régimes politiques. En 1846, Pie IX tonne contre le libéralisme et le socialisme. En 1937, Pie XI, après avoir condamné (modérément et avec précaution) le nazisme, dans sa lettre Mit brennender Sorge, publie son encyclique Divini Redemptoris, qui condamne, violemment et sans concessions possibles, le communisme (19 mars 1937).

Les principaux reproches faits à celui-ci ne concernent pas l’autoritarisme de Staline ou ses méthodes violentes de suppression de ses adversaires (méthodes dont l’Église s’accommode lorsqu’il s’agit de régimes « amis » comme ceux de Franco et Salazar ou, plus tard, Pinochet) mais le rôle émancipateur réservé aux femmes (entrée dans la vie économique, liberté sexuelle, remise en cause du mariage…) et l’attitude antireligieuse du communisme soviétique qui promeut l’athéisme.

Le communisme sera dès lors clairement considéré par le Vatican comme satanique. Il veut tuer Dieu, pas seulement en fermant les églises et en démantelant l’Église (orthodoxe) mais surtout en luttant contre les croyances au surnaturel et en voulant créer une doctrine alternative athée.

Ce conflit ouvert, entamé avant la Seconde guerre mondiale, va s’enflammer pendant la guerre froide jusqu’au pontificat de Jean-Paul II, qui consacre la Russie au Cœur Sacré de Marie et rencontre le président américain Ronald Reagan pour mettre au point la tactique qui verra s’effondrer l’univers soviétique. 

Cette bataille idéologique, qui se déroule à l’intérieur de la guerre froide, peut être considérée comme « une des plus grandes guerres de religion de l’histoire »[2].

Dans cette lutte à mort, les églises chrétiennes et spécialement catholiques, appuyées par la diplomatie vaticane, ont joué un rôle essentiel. 

Le surnaturel est instrumentalisé et une « politique mariale » va s’opposer à l’athéisme et au matérialisme.

Des apparitions vont se multiplier et des apparitions précédentes vont être réinterprétées comme anti-communistes.

Aujourd’hui, l’ouverture des archives états-uniennes permet de mesurer le soutien financier accordé par la CIA à des organisations religieuses, en échange de leur action anti-communiste.

Au cœur de cette politique orchestrée à Rome, le personnage principal sera celui de la Vierge Marie. Il s’impose comme adversaire principal de l’athéisme. En 1920 déjà, le futur pape Pie XI, Achille Ratti, qui était alors nonce apostolique à Varsovie lors de la guerre entre les Soviétiques et les Polonais, attribuait la victoire polonaise du 15 août 1920 à l’intervention de la Vierge Marie. Ce « miracle de la Vistule » aurait eu lieu car ce jour-là était le jour de la fête de la Sainte Vierge.

Pendant la Seconde guerre mondiale, le président américain Roosevelt avait demandé au pape de mettre un bémol à ses imprécations anti-communistes, les Soviétiques étant alliés des Etats-Unis contre l’Allemagne nazie. Mais, après la fin de la guerre, le pape approuve la constitution d’arsenaux secrets dans les milieux catholiques italiens, afin de contrer par les armes une éventuelle victoire communiste aux élections (Affaire Gladio).

Il est légitime de combattre l’antéchrist, comme il y est encouragé par le président américain Eisenhower ou par Conrad Adenauer.

En juillet 1949, le décret papal Responsa ad dubia de comunismo expose les peines ecclésiastiques sévères (telles que l’excommunication) réservées aux catholiques qui sympathiseraient avec le communisme. Avec l’aide surnaturelle de la Vierge Marie, le Vatican assure qu’il pourra vaincre l’athéisme.

Dans cette politique anti-communiste, qui se poursuivra jusqu’au pontificat de Jean XXIII et reprendra ensuite sous Paul VI et Jean-Paul II, les apparitions de Fatima et la réinterprétation de ses messages occupent une position centrale.

Ses messages originaux, dirigés contre la sécularisation du Portugal, sont détournés, à partir de 1941 contre la Russie communiste, et Notre-Dame de Fatima se présente comme la reine de l’anti-communisme.

La survivante des trois jeunes voyants de 1917 prophétise la victoire de la foi sur l’athéisme.

Fatima connaît alors un succès international, détrône Lourdes en tête de la dévotion mariale et déclenche une série d’apparitions, souvent soutenues par des « légions » et « croisades », militaristes au moins dans leur rhétorique. La statue (et ses innombrables répliques) voyage dans 53 pays, dont certains très lointains.

Les processions qui l’accompagnent sont considérées comme des rituels pour combattre l’athéisme et peuvent être entourées de marches, rencontres ou pèlerinages divers.

La « Blue Army », qui organise ces événements, est une milice de lutte contre le communisme qui se veut l’adversaire de l’Armée Rouge. Elle assure, comme la « Légion de Marie », autre groupe de pression anti-communiste, qu’elle participe à la bataille universelle de Marie contre l’armée de Satan. 

Le rosaire, dont on peut organiser des « rallies », est le contre-poison dans le combat contre l’athéisme et pour la prévention du communisme.

L’ouvrage présente des études de cas qui vont de la Pologne socialiste à l’Allemagne de l’Ouest en passant par les Philippines, l’Australie, les États-Unis et les Pays-Bas.

Des apparitions célèbres sont évoquées comme d’autres (par exemple Kérizinen en Bretagne) qui le sont moins.

Nous choisissons ici de nous pencher sur les chapitres consacrés à l’Espagne, la Belgique et l’Italie.

L’exemple espagnol

En novembre 1947, une fillette de 10 ans annonce avoir conversé avec la Vierge Marie et prophétise l’apparition de signes célestes dans son village de Cuevas de Vinromà (région de Valence).

Cette zone agricole, où les grottes sont nombreuses, a adhéré à l’anarchisme dans les années 1930. Pendant la guerre civile, les terres confisquées aux grands propriétaires ont été collectivisées, la chapelle St Vincent Ferrer a été utilisée pour y engranger la production, des prêtres et une religieuse y ont été tués.

Après la victoire de Franco, la revanche a été sévère : emprisonnements et exécutions sommaires, notamment des instituteurs. Le village est imperméablement divisé entre les deux camps et si le père de la voyante est républicain, sceptique face aux visions de sa fille, la mère est dévote.

L’intérêt de la contribution est d’avoir fouillé les sources locales pour comprendre ce qui avait pu influencer le fillette.

La dévotion liée à Lourdes et Fatima était diffusée par tous les moyens dans l’Espagne franquiste. Le cinéma avait touché beaucoup de personnes de la région en 1945 avec le film El Milagro de Fatima, centré sur la conversion d’un médecin de Coimbra.

Le 12 mars 1947, soit quelques mois avant la « vision » de la fillette, le film Cancion de Bernadette (1943) est présenté à deux reprises dans le cinéma de…Cuevas de Vinromà.

Ce film émouvant était autorisé aux enfants et annoncé par une belle affiche basée sur une peinture du célèbre artiste américain Norman Rockwell.

Par ailleurs, les auteurs de l’article ont recensé les missions, les sermons, les processions spécialement destinés à faire renaître la foi chez les enfants du village. Il s’agit d’exercices de repentance où les enfants portent des croix de bois, assistent à des messes spéciales, font en commun leur première communion, que l’ère républicaine a différée. L’évêque vient en personne à Cuevas de Vinromà lorsqu’est présenté le film sur les visions de Bernadette Soubirous. Les auteurs ont pu récupérer dans un témoignage que la petite voyante avait assisté avec sa mère, son oncle, sa sœur et son cousin, à cette séance participant au « revival » religieux organisé en collaboration étroite avec les autorités franquistes. Dans cette zone, considérée comme politiquement et religieusement récalcitrante (la guérilla anti-franquiste y restera active longtemps après la victoire franquiste), le gouvernement nationaliste mise sur les enfants, leur accorde un rôle dramatique central dans le culte rétabli (avec parfois des encouragements très matériels sous forme de friandises), dans l’espoir de récupérer, à travers eux, le consensus de leurs parents envers le franquisme.

L’appareil médiatique du régime est entièrement mobilisé à cette fin. Lourdes et Fatima sont les modèles mais, de 1945 à 1947 démarre en Espagne une vraie explosion « miraculaire », soutenue par de nouveaux films comme La Senora de Fatima (1951), et une production hollywoodienne intitulée en espagnol El Mensaje de Fatima, qui est présentée en Espagne en 1953.

L’annonce de la fillette de Cuevas de Vinromà a réussi à ameuter en décembre 1947 une foule immense, dans le village et le long de la rivière.

Sa prédiction ne s’est cependant pas réalisée : le ciel ne s’est pas obscurci comme annoncé et le soleil n’est pas tombé. Le miracle n’a pas eu lieu et le site de Cuevas de Vinromà n’en dit aujourd’hui pas un mot.

Mais la contribution de William A.Christian et Marina Sanahuja Beltran – à travers une recherche remarquable d’originalité et de précision – nous permet de comprendre le climat politique et religieux qui a préparé ces « visions » enfantines dans une Espagne franquiste, tentant d’éradiquer le passé athée et subversif d’une zone républicaine.

Les apparitions en Belgique

Dans notre pays, comme ailleurs, le lien entre les apparitions locales (Beauraing, Banneux…) et Fatima est patent après la Seconde guerre mondiale.

Mais qu’en était-il au moment où elles surgissent, dans les années 1930 ?

Contrairement à l’auteure de l’article qui leur est consacré (Tine Van Osselaer), je ne pense pas du tout que la vague belge d’apparitions « has primarily been linked to the rise of Nazism (…) and the fear of Hitler » (p.136). La chronologie me donne raison.

Les apparitions de Beauraing se situent entre novembre 1932 et janvier 1933 et celles de Banneux entre janvier et mars 1933.

Or, c’est le 30 janvier 1933 qu’Adolf Hitler est appelé à la Chancellerie, une nomination surprenante contre laquelle les apparitions de Beauraing ne pouvaient pas mettre en garde préventivement (à moins qu’on ne croie à sa vocation prophétique réelle !)

C’est une surprise car les élections du 6 novembre 1932 lui avaient fait perdre deux millions de voix et il n’avait obtenu que 33 % des suffrages.

Au contraire, dès le début des apparitions de Beauraing, celles-ci sont soutenues par Léon Degrelle et ce sont ses éditions (« Rex ») qui en font la promotion, au point qu’à l’époque, elles apparaissaient à certains comme une invention de celui qui allait devenir le “Volksführer der Wallonen” et était proche de cette région ardennaise.

Un visionnaire wallon, contemporain des apparitions de Beauraing, Tilman Côme, assurait que la Vierge lui avait dit être venue « pour la gloire de la Belgique et pour préserver ce sol de l’envahisseur ». Mais, en 1933, une telle phrase doit se comprendre dans l’esprit patriotique et anti-allemand qui caractérise l’entre-deux-guerres en Belgique et en rien comme une allusion à une invasion soviétique ou à une mise en garde contre le nazisme.

Ce n’est effectivement qu’après la Seconde guerre mondiale que Fatima – et son message – prend, en Belgique aussi, de l’importance. Deux statues de la Vierge sont, à partir de 1947, portées dans les rues de Beauraing, et celle de Fatima apporte son message anticommuniste.

Selon la propagande dévotionnelle de l’époque, ce serait un communiste converti à travers la Vierge de Beauraing, mais ancien rédacteur du Drapeau Rouge, qui aurait même créé en Belgique la « Légion de Marie »  !

Comme aurait pu le vérifier l’auteure de l’article, cette histoire assez invraisemblable n’a en tous cas trouvé aucun écho dans les archives communistes (CARCOB) et la presse communiste de l’époque ne fait aucune allusion ni n’oppose aucun démenti à ce récit. Aucun des rédacteurs du Drapeau Rouge ne correspond par ailleurs au portrait extrêmement imprécis (et anonyme) qui en est donné par les récits de ce « miracle ».

La guerre froide avait « réajusté » le message des apparitions belges des années 1930 avec une bonne dose de fantaisie.

Et en Italie…

C’est en Italie que l’image mariale a été la plus manipulée dans une vision politique et anti-communiste.

Les élections du 18 avril 1948 marquent sans doute l’apogée de cette utilisation électoraliste de la Vierge Marie.

Les communistes italiens et leurs alliés socialistes sont sortis de la guerre auréolés de gloire. Ils ont été les moteurs de la Résistance et de l’antifascisme et ont engrangé beaucoup de sympathies, surtout parmi les jeunes. Ils ont été à l’avant-garde des luttes ouvrières et paysannes qui ont marqué l’immédiat après-guerre dans la péninsule. Ils ont gagné le referendum du 2 juin 1946, dans lequel ils avaient engagé toutes leurs forces en faveur de la république et contre la monarchie, complice du fascisme, qui, elle, avait l’appui de la droite.

Le 18 avril 1948, le Front Populaire (composé des socialistes et communistes) affronte donc, théoriquement avec de bonnes chances de réussite, la Démocratie chrétienne.

Mais c’est sans compter avec la violente campagne orchestrée par le Vatican et dans laquelle la Vierge Marie tient une place essentielle.

Pie XII avait annoncé qu’il s’agirait de voter pour ou contre le Christ, entre le paradis et l’enfer.

Dans les semaines précédant les élections, la Vierge est partout, les processions et pèlerinages se multiplient, mais, surtout, peu avant le vote, des apparitions et miracles attribués à Marie vont exploser dans toute l’Italie.

Le spectre d’une victoire marxiste et d’un pouvoir anti-clérical et athée gouvernant la péninsule est agité et, pour le contrer, tous les symboles de la religiosité populaire sont repris. 

Les statues de Marie doivent s’opposer aux représentations de Gramsci, les rosaires à la faucille et au marteau et les cantiques à l’Internationale.

Les apparitions de Marie se font plus nombreuses avant les élections, les statues de Marie hochent la tête, les miracles se multiplient.

L’auteur de l’article consacré à l’Italie (Robert Ventresca) n’est pas très convaincant lorsqu’il conteste une orchestration centralisée de ces phénomènes dans un but électoraliste.

Certes, officiellement, la hiérarchie de l’Église est prudente et ne s’emballe pas pour des « miracles » peu crédibles, mais alors comment expliquer cette inflation d’interventions de la Vierge à la veille du scrutin ?

La presse « mainstream » présente les visions et miracles comme des faits et, pour une grande partie des catholiques italiens, la victoire du Front populaire signifierait la présence de l’Armée rouge aux portes du Vatican.

Pie XII n’avait rien d’un démocrate et considérait la démocratie comme un « problème », mais l’auteur de l’article assure qu’implicitement le pape aurait penché pour une « certaine forme » de démocratie…

Et, pour l’auteur, la multiplication des apparitions et miracles est le résultat d’une interaction spontanée (sic) entre le catholicisme populaire et la crainte de voir s’installer démocratiquement un pouvoir athée. Il s’agirait donc d’une action collective contre des éléments hostiles qu’on ne peut juguler que par le surnaturel.

Je ne puis suivre cette explication. Certes, l’Église n’a évidemment pas donné des ordres de type « Inventez vite des miracles et apparitions » et a été prudente. Cela n’exclut pas une coordination et une exploitation politique de ces phénomènes populaires qui sont encouragés.

L’article laisse en suspens une question essentielle mais peut-être insoluble : quel poids ces manifestations mariales ont-elles eu dans la défaite du Front populaire lors des élections de 1948 ? En d’autres termes, quelle a été leur « efficacité » politique ?

Par ailleurs, l’ensemble du livre ne résout pas une autre question plus générale qui serait de comprendre pourquoi les foules ont toujours soif de fantaisies surnaturelles…

Une première version de cet article a été publiée dans la Revue Belge de Philologie et d’Histoire, volume 99 (2021), pp. 1033-1038. 

[1] Peter Jan Margry (dir.), Cold War Mary-Ideologies-Politics-Marian Devotional Culture, Leuven University Press, 2020.

[2] La formule est de Dianne Kirby, Religion and the Cold War, 2013.

Tags : anticommunisme apparitions Beauraing culte de Marie Fatima

Dieu et la science : les preuves à l’épreuve

Posté le 24 décembre 2022 Par JF Publié dans Athéisme, Religion Laisser un commentaire

Jean-Marc Lévy-Leblond

L’écho médiatique et, hélas, le succès commercial du récent pavé de M.-Y. Bolloré et O. Bonassies, Dieu la science, les preuves[1], ne permettent guère de priver les lecteurs de Ciel et Espace d’un commentaire. C’est que, suivant les mots du Figaro Magazine, qui y consacre plusieurs pages,

[ce] livre fait la synthèse des découvertes scientifiques du dernier siècle pour en conclure à l’existence d’une intelligence supérieure. Les deux auteurs espèrent contribuer à la prise de conscience globale d’un univers traversé par le souffle divin.

Il est indispensable, avant d’aborder le contenu de l’ouvrage, de le replacer dans son contexte, à savoir l’actuelle offensive politique et idéologique de la droite ultra-catholique menée par la multinationale Bolloré avec Eric Zemmour en fer de lance[2]. Le premier auteur du livre n’est autre que le frère de Vincent Bolloré, patron de l’entreprise, et le livre est distribué par Editis. Sa publicité est réalisée par Havas et une série documentaire est en préparation pour Canal +, soit trois filiales de Vivendi, groupe contrôlé par Vincent Bolloré.

Fourvoiements scientifiques 

Passons rapidement sur la médiocrité éditoriale de l’ouvrage, encombré par nombre de redites et de citations répétitives. N’insistons guère sur la faible compréhension par les auteurs (désormais désignés par l’acronyme B&B) des théories scientifiques qu’ils invoquent à partir de lectures trop rapides d’ouvrages de vulgarisation de qualités diverses, mais donnons-en un exemple révélateur. On lit à la page 91 que « le Big Bang ne s’est pas produit à l’instant zéro (t = 0) mais à un instant très petit que les physiciens appellent ”l’instant de Planck”, [soit] 10-43seconde ». Or ce fameux instant zéro n’a de sens que dans la cosmologie classique, dite (malencontreusement) du Big Bang, alors que le temps de Planck marque le moment avant lequel il est nécessaire de prendre en compte la théorie quantique, laquelle n’a pour l’instant pas abouti à énoncer une cosmologie primitive cohérente, et en tout cas pas à corroborer l’idée (préquantique, répétons-le) d’un instant initial. Ainsi donc, la convocation du temps de Planck par B&B aboutit-elle en fait à ruiner leur argumentation, essentiellement fondée sur l’affirmation que la science, ayant établi l’existence d’un instant initial de l’Univers, entraîne ipso facto l’idée d’une création ex-nihilo. Cette faille révèle la méprise épistémologique fondamentale de l’ouvrage. C’est que, comme presque plus personne ne saurait l’ignorer aujourd’hui, toute connaissance scientifique est provisoire, susceptible d’être contredite, ou au moins limitée par de nouveaux développements. Déduire de l’état de la science à un moment donné des affirmations métaphysiques ou théologiques censément universelles et éternelles est donc un pari plus qu’osé et perdant à coup pratiquement certain.

L’autre argument nodal de B&B est fondé sur la notion de « mort thermique de l’Univers » : l’existence d’une fin inévitable exigerait celle d’un début obligé. Mais suivant les mots de l’astrophysicien Hubert Reeves, 

Cette vision du monde est profondément influencée par le développement de la thermodynamique de la fin du XIXe siècle, à partir de la notion d’entropie de Boltzmann. (…). Pourtant nous savons maintenant qu’il existe une autre forme d’entropie qui est reliée à la force de gravité et qui change complètement la donne. Tout au long de l’histoire de l’univers, la gravité engendre de nouveaux écarts thermiques en amenant la matière galactique à se compacter sur elle-même pour former des étoiles. (…) De surcroît, la découverte récente de l’énergie cosmique sombre, composante majeure de la densité cosmique, va encore plus loin dans le même sens. Le scénario de la mort thermique est totalement remis en question.[3]

De fait, la discussion scientifique sur l’applicabilité de la notion même d’entropie à l’Univers tout entier reste largement ouverte : l’entropie d’un système n’est bien définie que si le système est clos et en équilibre, ce qui ne va pour le moins pas de soi concernant l’Univers[4]. Au demeurant, la terminologie même de « mort thermique de l’Univers » que B&B exploitent lourdement est plus que hasardeuse, car cette « mort » ne se produirait, selon ses partisans eux-mêmes, que dans un temps …infini ! Ce ne serait donc nullement une fin de l’Univers qui, pour s’engourdir progressivement, disposerait de l’éternité future. On ne comprend donc pas comment B&B peuvent en tirer argument pour dénier la possibilité d’une éternité passée. Remarquons enfin avec l’astrophysicien Michel Cassé que dans le scénario privilégié par ces auteurs, l’Univers évoluerait d’un état de faible entropie, donc hautement organisé, vers un état désorganisé, autrement dit, de l’ordre vers le chaos, contrairement au récit biblique où Dieu crée d’abord un tohu-bohu initial puis l’agence et le structure. Que penser d’un Créateur qui engendrerait un Univers remarquablement ordonné pour le laisser ensuite se dérégler spontanément et s’assoupir progressivement dans un état de pagaille complète ?

Faiblesses théologico-philosophiques

Mais la faiblesse insigne de l’entreprise apologétique que constitue cet ouvrage est d’ordre à la fois historique, philosophique et religieux plus encore que scientifique, au point que même un physicien ne peut manquer d’en être frappé. 

B&B font simplement fi de la longue histoire qui est celle des preuves scientifiques de l’existence de Dieu. Saint Anselme, au XIe siècle, a proposé une fameuse « preuve ontologique », fondée sur un argument de pure logique, qui inspirera Descartes, Leibniz, Hegel et sera même repris sous une forme mathématique axiomatisée par le grand logicien Gödel[5], mais sera vivement critiquée par Thomas d’Aquin, Kant, Bertrand Russell. Au-delà des démonstrations logiques de l’existence de Dieu, nombre de preuves ont été proposées depuis l’Antiquité à partir d’une vision de la Nature conçue comme ordonnée et harmonieuse et obéissant donc à un plan préétabli. Ce courant, dit de la « théologie naturelle », a été particulièrement important dans l’Angleterre des XVIIIe et XIXe siècles et subsiste aujourd’hui chez les tenants de l’Intelligent Design. Mais cette position se heurte de plein fouet à la constatation que les diverses sciences modernes reconnaissent aujourd’hui à la Nature un caractère largement désordonné et chaotique — même si des poches locales et minoritaires d’organisation y existent.

Pour en revenir à l’idée d’une création temporelle de l’Univers, on ne peut qu’être sidéré par l’absence chez B&B de toute référence à l’intense débat théologique qui, au XIIIe siècle, a été animé par Bonaventure, Thomas d’Aquin, Boèce de Dacie, Guillaume d’Ockham et d’autres[6]. Ce débat a opposé deux conceptions de la création « au début du temps » : l’une suivant laquelle il est possible de démontrer rationnellement que le monde a commencé, l’autre selon laquelle cela est impossible, car ce commencement ne peut relever que de la foi. Cette seconde position, qui avait déjà été celle d’Averroès et de Maïmonide, est celle de Thomas d’Aquin qui met en garde contre la première en ces termes :

Que le monde ait commencé, est objet de foi, non de démonstration ou de savoir. Cette observation est utile pour éviter qu’en prétendant démontrer ce qui est de foi par des arguments non rigoureux, on ne donne l’occasion aux incroyants de se moquer, en leur faisant supposer que c’est pour des raisons de ce genre que nous croyons ce qui est de foi.[7]

Bien plus tard, Spinoza, pour sa part, concevait Dieu comme immanent à la nature, ce qui lui permettait de dire que « il n’a point existé de temps ou de durée avant la création », ajoutant avec profondeur que « le temps n’est rien qu’un mode de pensée », qui « ne présuppose donc pas seulement une chose créée quelconque, mais avant tout les hommes pensants »[8].

Au XVIIIe siècle enfin, Kant, dans sa première antinomie de la raison pure, donne une très classique démonstration que, contrairement aux prétentions de B&B, la thèse d’une temporalité infinie rejetée sommairement par B&B (p. 61) ne peut être philosophiquement établie a priori, non plus d’ailleurs que son antithèse[9]. De fait, la notion de temps est d’une trop grande généralité pour pouvoir être discutée hors d’un cadre conceptuel voire formel qui la restreint et la précise. De ce point de vue d’ailleurs, il est piquant de constater que la cosmologie classique du Big Bang qui donne à l’Univers un âge de 13,7 milliards d’années peut sans contradiction aucune assurer son éternité passée via une temporalité modifiée mais équivalente[10].

L’éternel retour du concordisme[11]

Mais le débat récurrent sur les relations entre science et religion ne cesse de revenir à la mode, réitérant sans trêve le poncif attribué à Bacon, Pascal, Pasteur et bien d’autres, et épinglé par Flaubert dans son Dictionnaire des idées reçues, selon lequel « un peu de science écarte de Dieu, mais beaucoup y ramène ». Pour nous borner à quelques exemples du vingtième siècle, le respectable mathématicien écossais E. Whittaker a commis dans cette perspective un petit ouvrage, Space and Spirit, dont le sous-titre est explicite : Theories of the Universe and the Arguments for the Existence of God, et qui s’appuyait sur les théories cosmologiques encore fragiles des années 1920 à 1940[12]. Le savant jésuite Teilhard de Chardin, suscitant au demeurant une sérieuse mise en garde du Saint-Office, avait exploré cette voie au milieu du XXe siècle, s’appuyant en particulier sur les sciences de la vie par le biais d’une interprétation créationniste de l’évolution biologique, rejoint par un autre philosophe catholique de l’époque, Claude Tresmontant[13]. Avec bien moins de sérieux, un livre à succès signé en 1991 par un académicien catholique et deux médiaticiens cathodiques avait encore illustré cet éternel retour[14]. Pourtant, dès 1945, le théologien thomiste A. D. Sertillanges avait montré les risques d’une exploitation simpliste de la notion de création[15]. La tentation concordiste n’est d’ailleurs nullement réservée au seul catholicisme : on la retrouve chez l’astrophysicien bouddhiste Trinh Xuan Thuan, et l’on ne compte plus les sites islamo-intégristes qui y cèdent[16]. Mais il faut rappeler que l’abbé Lemaître, l’un des fondateurs de la cosmologie évolutive moderne, avait mis en garde contre toute tentative d’exploitation apologétique des théories scientifiques, visant jusqu’à un discours en ce sens du pape Pie XII en 1951.

Il est évidemment plus intelligent pour les courants spiritualistes, plutôt que de s’opposer à la science et de la dénigrer, de s’essayer à la récupérer. L’inévitable confusion épistémologique qui entoure l’émergence de nouvelles conceptions scientifiques fournit un bouillon de culture assez trouble pour tenter d’en nourrir les visions du monde les plus diverses. Face à cette exploitation empressée, le rappel de la nécessaire prudence méthodologique, l’affirmation de l’indispensable séparation des genres entre science et religion, la référence à la laïcité de la recherche, semblent trop peu efficaces. La critique rationaliste, acculée par définition à la défensive, a toutes les apparences d’une tâche à la Sisyphe. Une autre stratégie cependant est possible dans ce débat d’idées : plutôt que d’affronter de face la lourde alliance (pas si nouvelle) du spiritualisme et du scientisme, il s’agit de la prendre à revers. Cette voie, c’est une fiction littéraire qui l’a illustrée avec virtuosité et intelligence. Un roman trop peu remarqué de John Updike, Ce que pensait Roger[17], a pour narrateur un professeur de théologie confronté à un jeune informaticien qui souhaite préparer une thèse pour « Démontrer à partir des données physiques et biologiques existantes, au moyen de modèles et manipulations sur ordinateur, l’existence de Dieu, c’est-à-dire d’une intelligence agissante et souveraine derrière tout phénomène. » La réponse indignée du théologien vaut d’être citée : 

Tous ces raisonnements à rebours, à partir des conditions actuelles, pour conclure qu’elles sont hautement improbables est-ce que vraiment ça nous donne une telle longueur d’avance sur l’homme des cavernes, qui ne comprenait pas pourquoi chaque mois la lune changeait de forme dans le ciel et en conséquence inventait un tas d’histoires sur les dieux, les blagues et les cabrioles auxquelles ils se livraient là-haut ?

Vous vous imaginez, dirait-on, que par pure obligeance Dieu est disposé à se précipiter pour combler le vide, la moindre lacune de la science. Le savant moderne n’a pas la prétention de tout savoir, il prétend uniquement savoir plus de choses que ses prédécesseurs, et aussi que les explications naturalistes paraissent se vérifier. Impossible d’avoir tout le bénéfice de la science moderne et, en même temps, de s’accrocher à la cosmologie de l’homme des cavernes.

Vous gardez Dieu prisonnier de l’ignorance humaine.

Mais ma foi, dérisoire ou non, me pousse à m’insurger avec horreur contre votre tentative, votre grossière tentative, ai-je failli dire, pour réduire Dieu au statut de fait, un fait parmi tant d’autres, pour L’induire ! J’ai l’absolue conviction que mon Dieu à moi, que le vrai Dieu de n’importe qui, ne sera pas induit, ne sera jamais tributaire de statistiques, de fragments d’ossements desséchés et de vagues lueurs au bout d’un télescope !

et de conclure en citant le théologien protestant Karl Barth : 

Quel genre de Dieu serait-ce, ce Dieu qu’il faudrait démontrer ?

Cet article, reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur, a été publié antérieurement dans Les Cahiers rationalistes, n°675, novembre-décembre 2021 et Ciel & Espace, n°581, février-mars 2022 (en version abrégée)

[1] L’ouvrage a été publié fin 2021 chez Trédaniel, éditeur spécialisé dans l’ésotérisme, la parapsychologie, l’astrologie, etc.

[2] Voir R. Bacqué et A. Chemin, « Comment Bolloré mobilise son empire médiatique pour peser sur la présidentielle », Le Monde, 16 novembre 2021.

[3] https://www.hubertreeves.info/chroniques/lpt_bbh/20140911.html

[4] Voir la note de Jean Farago et Wiebke Drenkham, « L’entropie de l’Univers est un concept plein de paradoxes », Le Monde, 30 juin 2021. Pour plus de détails : https://en.wikipedia.org/wiki/Heat_death_of_the_universe

[5] Voir Piergiorgio Odifreddi, « Une démonstration divine », Alliage n°43, juillet 2000, pp. 18-26, ainsi que Gilles Dowek : http://www-roc.inria.fr/who/Gilles.Dowek/Philo/licornes.pdf

[6] Voir l’excellente anthologie rassemblée et commentée par Cyrille Michon & al., Thomas d’Aquin et la controverse sur L’Eternité du monde, GF Flammarion, 2004

[7] Thomas d’Aquin, Somme théologique, Ia, q46, a2. Voir aussi le Æternitate mundi de Thomas, in ref.6.

[8] Baruch Spinoza, Pensées métaphysiques, Deuxième partie, chapitre X.

[9] Emmanuel Kant, Critique de la raison pure (livre III, chapitre II).

[10] Jean-Marc Lévy-Leblond, « Did the Big Bang begin ? », Am. J. Phys. 58, 1990, p. 156, et « L’origine des temps, un début sans commencement », in La Pierre de touche, Gallimard, 1996, pp. 337-350.

[11] Voir Yves Gingras, L’impossible dialogue, PUF, 2016.

[12] Edmund Whittaker, Space and Spirit, H. Regnery Company, 1948. Une critique précise et argumentée des thèses de Whittaker avait été faite immédiatement par le théologien thomiste Fernand van Steenberghen, « La physique moderne et l’existence de Dieu », Revue philosophique de Louvain, 1948, pp. 376-389 ; voir aussi, du même auteur, « Sciences positives et existence de Dieu », Revue philosophique de Louvain, 1959, pp. 397-414.

[13] Claude Tresmontant, Essai sur la connaissance de Dieu, Cerf, 1959 (curieusement réédité récemment en 2017).

[14] Jean Guitton, Igor et Grichka Bogdanov, Dieu et la science, Grasset, 1991.

[15] Antoine-Dalmace Sertillanges, L’idée de création et ses retentissements en philosophie, Aubier, 1945.

[16] Pour une critique de la récupération islamiste des sciences, voir Faouzia Charfi, L’Islam et la science. En finir avec les compromis, Odile Jacob, 2021. 

[17] John Updike, Roger’s Version, A. Knopf, 1986 ; trad. fr., Ce que pensait Roger, Gallimard, 1998.

Tags : Big Bang concordisme dieu Dieu la science les preuves éternité existence de dieu O. Bonassies Planck preuves rationalisme science Y. Bolloré

Au-delà de l’Ubuntu

Posté le 24 décembre 2022 Par JF Publié dans Athéisme, Religion Laisser un commentaire

L’expérience et les défis de l’humanisme en Ouganda

Paolo Ferrarini

L’Afrique est sans doute le continent le moins « athée », mais il est traversé à son tour par les premières brises de la sécularisation et donc aussi par de dures réactions confessionnelles et la répression des autorités. Paolo Ferrarini s’est entretenu à ce sujet avec le directeur de l’UHASSO (Association humaniste ougandaise) Kato Mukasa, un militant des droits et de la laïcité, offrant un aperçu de la situation dans le numéro 4/22 de Nessun Dogma.

La laïcité, nous le savons bien, est un mot dont la définition peut être fuyante, car elle évolue en fonction de l’histoire, des contextes politiques, des diverses conceptions de l’État et de la société, ainsi que des menaces et défis particuliers auxquels elle est confrontée concrètement dans les différents pays. Il est donc fascinant d’étudier comment ce concept se manifeste dans des réalités très éloignées de la nôtre, en particulier lorsque le paysage culturel est complexe et en évolution. Dans des pays comme l’Ouganda, l’idée même d’État peut être problématique, en tant que modèle et produit d’un passé colonial qui n’a pas encore été digéré ; ce qui rend « ougandais » un méli-mélo de populations nilotiques, bantoues et centre-soudanaises enfermées dans des frontières tracées par des puissances étrangères, formant une république présidentielle qui incorpore une monarchie traditionnelle, celle de la tribu dominante des Bugandas, dont le nom déformé par les colonialistes est devenu le nom officiel du pays, n’est pas nécessairement clair.

En même temps que des modèles d’organisation politique, l’Ouganda a importé, dans les dernières décennies du XIXe siècle, les monothéismes, en commençant par l’Islam et en poursuivant avec les différentes variantes du christianisme. Aujourd’hui, la population se divise grosso modo entre catholiques (39 %), anglicans (32 %), musulmans (14 %) et pentecôtistes (11 %). Mais naturellement continuent d’exister et de coexister des centaines de croyances ancestrales et de cultes de dieux associés aux différentes tribus, générant des syncrétismes parfois hilarants, parfois extrêmement dangereux.

La guerre civile la plus brutale et la plus sanglante, pas encore formellement terminée, a été déclenchée dans le nord du pays par Joseph Kony, chef d’une Église chrétienne fondamentaliste dotée d’une branche armée appelée LRA[1], l’Armée de résistance du Seigneur. Une milice connue pour enlever des garçons et des filles afin de les envoyer au massacre et/ou au viol au nom d’une utopie chrétienne à la sauce animiste, un royaume magique où ces enfants soldats étaient contraints à des actes de violence choquante, comme tuer leurs parents, et étaient envoyés pour mener des attentats terroristes, armés d’eau bénite pour s’immuniser contre les balles ennemies. Une tactique abandonnée par la suite pour des raisons techniques.

Des rituels traditionnels comme la divination coexistaient tranquillement avec la foi islamique du dictateur Idi Amin, un psychopathe égocentrique qui, entre 1971 et 1979, a instauré un règne de terreur, trucidant et se vantant de consommer la chair de ses opposants. Dans ses délires paranoïaques, il se tourne vers les gourous locaux pour obtenir des conseils sur quels ennemis cibler et, en 72, il déclare avoir reçu en rêve des instructions directement de Dieu d’expulser tous les Asiatiques du pays.

À quel point les croyances surnaturelles font partie intégrante de la psyché nationale se reflète également dans la devise de l’Ouganda qui, au mépris de la laïcité formellement inscrite dans la constitution de 1995, dit : « Pour Dieu et mon pays ». Comme on pouvait s’y attendre, les attaques contre la laïcité sont omniprésentes ; dans de nombreuses écoles, la prière est obligatoire et, pour s’inscrire, il peut être nécessaire d’indiquer son appartenance religieuse, sous peine d’être disqualifié ; pour obtenir certains emplois, la recommandation du prêtre de la paroisse est explicitement requise ; le parlement adopte souvent des lois qui s’en remettent au sentiment religieux plutôt que de se fonder sur une argumentation rationnelle ; les partis politiques sont divisés en fonction de leur appartenance religieuse ; les associations confessionnelles reçoivent de plus en plus de fonds publics parce que, pour reprendre les termes crus du président Museveni[2] : « Les religions aident l’État à garder sous contrôle les esprits des citoyens, alors que nous ne pouvons que tenir leur corps sous contrôle ».

Pourtant, nous traitons de l’Ouganda parce que, du point de vue de l’action laïque, c’est un pays à tenir à l’œil, devenu ces dernières décennies l’épicentre d’un activisme effervescent, avec la présence sur le terrain d’associations féministes, LGBT+ et humanistes résilientes. En 2004, Kampala a même accueilli la première conférence IHEU[3] en Afrique, intitulée « Vision humaniste pour l’Afrique ». Lors de la dernière assemblée générale de Humanists international à Glasgow, nous avons rencontré Kato Mukasa, directeur de Uhasso[4] (association humaniste ougandaise) à laquelle appartiennent pas moins de 30 organisations et 15 écoles humanistes. Kato Mukasa est un avocat qui a consacré sa carrière aux droits des personnes marginalisées pendant 20 ans, et a été membre du conseil d’administration de Humanists international lui-même. En 2007, il a fondé l’association humaniste pour le leadership, l’équité et la responsabilité (Halea), une association engagée dans la promotion de la pensée critique et des droits de l’homme, avec des débats mensuels où croyants et non-croyants peuvent se confronter.

Malheureusement, commence Kato, ces dernières semaines, je me suis vu obligé de demander l’asile politique, car après la publication de mon dernier livre, Stolen legitimacy (Légitimité volée), je suis dans les ennuis avec le gouvernement ougandais. Par le passé, j’ai déjà été victime d’attaques anonymes pour mon activisme. Par exemple, en 2014, ils ont brûlé ma voiture. Mais cette fois-ci, ils me poursuivent pour avoir critiqué la dictature militaire de Museveni et les effets dévastateurs qu’elle a sur les institutions et l’économie du pays après 36 années ininterrompues de mauvaise gouvernance. Je risque d’être arrêté. Entre-temps, cette période d’exil m’a donné l’occasion de publier un autre livre, Song of an infidel (Chant d’un infidèle), que j’avais écrit il y a longtemps, en 2008. À l’époque, j’avais trop peur des conséquences que j’aurais à subir pour un livre sur l’expérience d’être athée et libre penseur en Ouganda. C’est mon septième livre. Je considère ce travail de publication comme essentiel, car il y a besoin de voix critiques et dissidentes qui n’ont pas peur d’informer, de s’attaquer aux tabous et d’exposer comment et pourquoi des millions de personnes en Afrique sont soumises à la religion, au point de consacrer plus de temps et d’énergie au culte qu’au travail. 

(Interview de Kato Mukasa)

Sur quels aspects se concentre l’engagement des associations humanistes en Ouganda ? 

Les problèmes du pays sont nombreux. Une victoire importante que nous avons remportée en 2006 a été la mise au ban des châtiments corporels dans les écoles, et à nouveau, en 2010, celle des mutilations génitales féminines. Mais il reste énormément de travail à faire pour protéger les droits des femmes. En premier lieu, les femmes n’ont pas droit à la propriété terrienne. En second lieu, le patriarcat est la cause de situations dégradantes, comme la polygamie ou le fait de devoir accepter le harcèlement sexuel pour obtenir un emploi ; et puis il y a une forte stigmatisation de la prostitution. Il est également illégal pour une femme de tomber enceinte en dehors du mariage, ce qui a des conséquences tragiques sur la marginalisation de ces membres de la société. Nous sommes aussi au côté des femmes accusées de sorcellerie et des individus atteints d’albinisme, victimes d’un dangereux héritage de superstition. Ce sont toutes des lois que nous défions au travers de nos campagnes et au Parlement.

Il y a des années, l’Ouganda a eu les honneurs des nouvelles pour un scandale qui a touché la communauté LGBT+. Un tabloïd ougandais, Rolling Stone, avait publié les noms et les photos de 100 personnes accusées d’être homosexuelles, appelant explicitement à leur exécution sommaire. Parmi eux se trouvaient des activistes notoires tels que David Kato et Kasha Navagasera. Bien que les associations aient gagné un procès contre le magazine, David Kato a été traqué et tué. Comment lutter contre l’homophobie dans des circonstances aussi violentes ? 

L’homosexualité est un thème auquel je suis particulièrement sensible, car j’ai un frère jumeau gay qui a dû quitter le pays en 2018. Dans ces années-là, 2012-2013, sous la pression des groupes religieux, les pentecôtistes en particulier, une terrible loi homophobe, la loi anti-homosexualité, a été discutée et adoptée. En pratique, si un enseignant prenait connaissance qu’un étudiant était homosexuel, il devait le signaler et le faire arrêter. La même chose aurait dû être faite par les médecins ou les avocats ayant des patients et des clients homosexuels. Même les parents auraient dû dénoncer leurs enfants homosexuels. Et la loi prévoyait la peine de mort pour ces individus. Nous avons fait campagne et sommes allés au tribunal pour contester la loi. À la fin, heureusement, la loi a été déclarée inconstitutionnelle par la Cour suprême, mais sur un détail technique, et non sur le fond. La haine envers la communauté LGBT+ était féroce à cette époque. Pour avoir simplement poursuivi cette affaire, j’ai moi-même été accusé d’immoralité et j’ai perdu plusieurs clients et contrats. Le fait est que circulent en Afrique tant et plus de théories absurdes de la conspiration sur l’homosexualité.

Des théories selon lesquelles on apprendrait aux garçons à être gays, ou on les paierait pour leur comportement sexuel… La vulgate panafricaine prévalente soutient donc que l’homosexualité est une coutume importée par les Blancs. L’ironie et la contradiction évidente de cet argument est que la loi anti-sodomie de notre code pénal est d’origine coloniale, étant basée sur la section 377 du code pénal britannique de l’époque, qui stipule : « Quiconque a délibérément des rapports charnels contre l’ordre naturel avec un homme, une femme ou un animal sera puni d’une peine d’emprisonnement à vie ou une période pouvant aller jusqu’à 10 ans ».

Alors comment est-il possible que ceux (les colonisateurs) qui nous ont imposé une loi homophobe nous aient en même temps imposé l’homosexualité ? La réalité ne pourrait pas être plus différente. Comme je le documente dans une série de vidéos et un livre consacrés à démonter ces mythes, l’homosexualité est historiquement attestée en Ouganda et dans de nombreux autres pays africains avant l’arrivée du colonisateur. Par exemple, le roi Mwanga était notoirement homosexuel et avait des rapports avec les domestiques de sa cour. Harcelé par des missionnaires chrétiens auxquels il opposait une ferme résistance, en 1885, il va jusqu’à brûler vifs une vingtaine de jeunes néo-convertis qui ont refusé de se soumettre à ses désirs, après avoir « appris » des missionnaires qu’avoir des relations sexuelles avec le roi était un acte immoral. Mais on peut aussi citer les soldats zoulous d’Afrique du Sud, qui affirmaient leur masculinité en remplaçant les femmes par de jeunes garçons : le commandant Nongoloza Mathebula ordonnait même à ses soldats de s’abstenir totalement de femmes et de n’emmener que leurs garçons-femmes en mission. Ou encore, au Ghana, il existait des formes de cohabitation entre femmes uniquement. Tout cela n’a pas été importé de l’Occident. Bien sûr, les homosexuels étaient souvent considérés comme des éléments « inutiles » dans la société, mais ils n’étaient pas punis pour cela, et encore moins mis à mort. 

Vous soulignez toujours beaucoup l’importance de l’éducation. Parlez-moi des écoles humanistes actives dans le pays.

Les premiers projets remontent au milieu des années 1990, avec les hautes écoles Isaac Newton, les écoles secondaires Mustard seed (Graine de Moutarde) et Fair view (Belle vue). Ces institutions sont principalement situées dans les zones rurales, car l’objectif est de permettre aux enfants, même les plus défavorisés, d’accéder à l’éducation. Cela signifie que ces écoles, par rapport aux instituts religieux privés, fonctionnent à perte, et ont constamment besoin de financements de la part des associations humanistes internationales. En plus des matières à orientation professionnelle, nous enseignons des valeurs telles que l’esprit critique, les droits de l’homme, la sensibilisation à l’environnement, l’éthique, l’humilité et une perspective globale. Nous enseignons les religions comparées et affichons des messages humanistes sur nos campus. Nous formons également des célébrants humanistes.

Je suis cofondateur du collège de formation professionnelle Pearl, où nous accueillons des personnes vulnérables et marginalisées, comme des orphelins séropositifs, des enfants indigents, des femmes veuves ou abandonnées, des filles mères criminalisées pour avoir été enceintes hors mariage, et d’autres catégories de personnes persécutées pour leur « immoralité », comme les membres de la communauté LGBT+. Nous donnons à toutes ces personnes la possibilité de recevoir une éducation laïque. Notre philosophie est de leur apprendre à poser des questions essentielles dans le respect de la méthode scientifique. Nous ne sommes pas en guerre contre Allah, Dieu ou les dieux, donc nous ne poussons pas les étudiants à répudier leurs croyances : nous les aidons simplement à comprendre le fonctionnement des religions, en encourageant la pensée libre et critique, sans imposer de dogmes. Nous pensons qu’en stimulant les élèves à réfléchir, les compétences pratiques qu’ils acquièrent en classe et en dehors de la classe leur permettront de mieux vivre et d’apporter une contribution positive à la communauté.

La philosophie humaniste peut-elle être considérée comme un autre produit d’importation occidentale ? 

Il existe une version africaine de l’humanisme. Elle s’appelle Ubuntu, un terme qui signifie simplement « humain ».Certains le traduisent littéralement par « Je suis parce que nous sommes », exprimant ainsi l’idée d’un lien universel, partagé par toute l’humanité. La différence avec le concept moderne d’humanisme est qu’Ubuntu reste l’expression d’une spiritualité de type religieux. Bien sûr, en tant que militant humaniste, je suis souvent accusé d’être anti-africain ou anti-noir. Mais à ces personnes, je réponds que je suis seulement anti-stupidité. Et je n’ai aucun scrupule à utiliser le mot « arriéré ». Je pense que lorsque nous nous haïssons et nous tuons les uns les autres au nom de dieux inexistants, nous sommes arriérés.

Et cela doit être dit. Quand on veut avoir dix femmes, on est arriéré. Quand on veut empêcher les femmes d’avoir des biens, on est arriéré. Lorsque vous exigez la peine de mort pour ceux qui aiment différemment de vous, vous êtes arriéré. L’Ouganda est un pays très riche en ressources. Pourquoi alors sommes-nous si pauvres ? Parce que nous n’utilisons pas la raison. Nous laissons des dieux imaginaires raisonner pour nous. Nous mettons ces dieux avant toutes choses. Mais si j’avais fait cela aussi, si j’avais emmené mon fils à l’église pour recevoir un peu d’eau bénite lorsqu’il a commencé à souffrir de diabète, à l’heure actuelle, il serait mort et enterré. Parce que telles sont les conséquences réelles de la religion en Afrique. La religion nous tue. Elle nous brise. Et elle nous divise.

Traduction de l’italien, par Yves Ramaekers, de l’article « Oltre l’Ubuntu. L’esperienza e le sfide dell’umanismo in Uganda », Bulletin de l’UAAR(Union des Athées et Agnostiques Rationalistes, Italie), blog A ragion veduta, 1er sept. 2022 

[1] L’Armée de résistance du Seigneur (LRA) a terrorisé pendant 30 ans de larges zones d’Afrique centrale avec des enlèvements d’enfants et mutilations de civils à grande échelle. Selon l’ONU, la LRA massacré plus de 100 000 personnes et enlevé plus de 60.000 enfants depuis sa création vers 1987. En Ouganda, l’activité de la LRA a décliné depuis l’opération « Lightning Thunder », qui avait permis d’expulser la LRA des territoires ougandais. Autrefois, près de 4 000, les rebelles de la LRA ne sont sans doute plus que quelques centaines, dispersés en République démocratique du Congo, en République centrafricaine, au Soudan du Sud et au Soudan.

[2] Yoweri Museveni, né le 15 août 1944 à Ntungamo, est un homme d’État ougandais, président de la République depuis 1986.

[3] International Humanist and Ethical Union, IHEU, siège à Londres, est une organisation non gouvernementale internationale regroupant des associations humanistes, athées, rationalistes, laïques, sceptiques, et relatives à la libre-pensée.

[4] Voir le site de Uganda Humanist Association. 

Tags : Afrique athée croyance éducation homosexualité humanisme immoralité laïcité Ouganda religion sexualité Ubuntu

La conférence de Didier Coeurnelle en direct… C’est ici !

Posté le 25 mars 2021 Par JF Publié dans Athéisme Laisser un commentaire

La question de la vie et de la mort intéresse les religions, et donc, par contrepied, l’athéisme. En ce sens, la question du transhumanisme nous semble mériter d’être abordée. Ceci étant, les points de vue exprimés par l’orateur ne représentent pas ceux de notre association, l’Association Belge des Athées (ABA).

Sommes-nous libres de nos choix (conférence en direct)

Posté le 26 novembre 2020 Par JF Publié dans Athéisme Laisser un commentaire

Toutes les vidéos de notre dernier colloque sur l’enseignement de la théorie de l’évolution

Posté le 2 novembre 2018 Par JF Publié dans Evenements ABA, Vidéos Laisser un commentaire

Théorie de l’évolution et croyances : le choc

Pour son colloque 2018 au théâtre Varia à Bruxelles, l’Association Belge des Athées (ABA) propose comme thème de réflexion l’immixtion des croyances sur l’acceptation de la théorie de l’évolution.

Voici, en vidéo, toutes les conférences (5) de notre colloque :

 

Le programme :

Tags : croyances miracle du Coran théorie de l'évolution

Vidéo « Histoire de l’athéisme et pourquoi une association athée… »

Posté le 1 juin 2018 Par JF Publié dans Evenements ABA, Vidéos Laisser un commentaire

Captation lors de la séance de fondation de la section régionale de l’ABA à Namur le 18 janvier 2018se tiendra dans la foulée de cette conférence

– Une brève histoire de l’athéisme Par Serge Deruette, professeur d’Histoire des Idées politiques à l’UMONS

– Pourquoi une association athée ? Par Patrice Dartevelle, secrétaire de l’ABA Humour, érudition, histoire et rationalité… une occasion de se poser quelques questions impertinentes sur l’intru- sion des dieux dans nos vies humaines ainsi que sur le sort funeste des athées, apostats et blasphémateurs dans de nombreux pays.

Tags : Association athée histoire de l'athéisme patrice dartevelle serge deruette

Conférence à Virton « Curé le jour… Athée la nuit ! » par Serge Deruette

Posté le 14 avril 2018 Par JF Publié dans Athéisme, Conférence, Philosophie Laisser un commentaire

Le 26 avril prochain à Virton, la section luxembourgeoise de l’Association Belge des Athées organise une conférence sur l’abbé Meslier.

Qui était ce curé de village des Ardennes françaises qui, à sa mort, à l’aube du siècle des Lumières, laissait un Mémoire de ses pensées et sentiments : une bombe philosophique et politique !

Quelle était sa pensée ? Pourquoi est-il devenu :

• ce premier critique systématique du christianisme et de toutes les religions

• ce premier théoricien de l’athéisme et du matérialisme philosophique

• ce seul penseur français avant 1789 à prôner la révolution contre l’Ancien Régime ?

Conférence-Débat avec Serge Deruette, professeur d’histoire des idées politiques à l’Université de Mons, auteur de l’ouvrage Lire Jean Meslier, curé et athée révolutionnaire (éd. Aden).

 

 

L’Athée n°4

Posté le 14 février 2018 Par JF Publié dans Edition, Littérature, Nos articles, Revue Laisser un commentaire

Dès sa création en 2012, l’Association belge des athées a voulu réaliser une diffusion résolument contemporaine de textes qu’elle peut produire ou susciter. Elle l’a fait par une Newsletter trimestrielle, adressée par voie électronique.

Elle complète maintenant cette forme d’édition en publiant en format « papier » ce qui l’était en format électronique.

Pour y parvenir, l’association a créé une revue, L’Athée. Voici le quatrième numéro. Il contient les textes des Newsletters de 2016 et 2017.

Table des matières

L’athéisme et ses arguments

– Anne Morelli, Ceux qui ne croient à aucun au-delà (page 11)

– Raoul Vaneigem, Être intact de Dieu (page 19)

– Benjamin Heyden, Mon coming out athée (page 25)

– Mustapha, Je suis orphelin de Dieu (histoire d’une abjuration) (page 33)

– Mustapha, Comment je suis devenu athée (page 47)

L’athéisme et les religions


– Patrice Dartevelle, Dio non esiste (page 59)

– Patrice Dartevelle, La déconstruction d’un mythe : Mère Teresa (page 69)

L’athéisme et son histoire

– Serge Deruette, La religion et l’athéisme dans l’Utopie de Thomas More (page 77)

-Serge Deruette, Dom Deschamps : un athéisme évanescent au siècle des Lumières (page 85)

– Serge Deruette, Les caractères de l’utopie athée de Dom Deschamps (page 95)

– Julien Dohet, À bas les calotins ! (page 105)

– Patrice Dartevelle, Baghat Singh et l’athéisme dans le sous-continent indien, hier et aujourd’hui (page 119)

– Marco Valdo M.I., L’athée et la Constitution ou la trahison des clercs en Italie (page 129)

Débats athées

– Patrice Dartevelle, Ne se laisse surprendre que celui qui veut bien (page 139)

– Jacques Teghem, Un silence religieux. La gauche face au djihadisme (page 151)

– Barbara Mourin, La laïcité face à la radicalisation (page 165)

Athéisme et chanson

– Marco Valdo M.I., La chanson athée de langue française-Les évidentes (page 177)

– Marco Valdo M.I., Les Sans Dieu de la chanson athée de langue française (page185)

 

Prix :

•17€ en librairie (l’ouvrage peut être commandé dans toutes les librairies de Belgique et de France)
en cas de commande chez l’éditeur (frais de port inclus)

La revue L’Athée peut être commandée via l’adresse mail : atheesdebelgique (@) gmail.com

Tags : athéisme Revue l'Athée

Nouvelle sortie bouquin : Athéisme et philosophie

Posté le 4 février 2018 Par JF Publié dans Athéisme, Edition, Livre, Philosophie Laisser un commentaire

NOUVEAUTÉ !

Athéisme et philosophie
Marx, Nietzsche, Durkheim, Russell, Sartre, Camus

ABA Editions – Collections Etudes Athées

Le livre

Longtemps laissé aux « pourceaux du troupeau d’Épicure » ou condamné à se dissimuler pendant plus d’un millénaire, l’athéisme change de statut aux XIXe et XXe siècles où il devient un enjeu philosophique majeur. Athéisme et philosophie examine l’athéisme chez Marx, Nietzsche, Durkheim, Russell, Sartre et Camus. Il fait apparaître la diversité et la richesse des interprétations de cet athéisme, que celui-ci soit validé ou qu’il soit questionné. Il peut s’agir d’opinions aussi diversifiées que celle de la permanence et de l’actualité de la vision de l’athéisme, comme chez Marx, indubitable mais subordonné à la fin de l’aliénation de l’homme ou celle, comme chez Camus, de la question de la croyance du philosophe face à l’absurde. L’ouvrage reprend des contributions de Jean Bricmont, Damien Darcis, Vincent de Coorebyter, Bruno Frère et Antonin Louis, et Jean-Maurice Rosier.

La préface est de Patrick Tort, directeur de l’Institut Charles Darwin International.

Sommaire

– Pierre Gillis et Jacques Teghem, Avant-propos

– Patrick Tort (Institut Charles Darwin international), Le doute, la preuve et la croyance. De Descartes à Darwin, ou de l’Être parfait à l’imperfection de la nature

– Jean-Maurice Rosier (Université de Bruxelles-ULB), L’athéisme de Karl Marx

– Damien Darcis (Université de Mons), L’athéisme de Nietzsche. Le christianisme : Dieu, la morale et les prêtres

– Bruno Frère et Antonin Louis (Université de Liège), L’athéisme de Durkheim. Naissance d’une science, mort de Dieu

– Jean Bricmont (Université catholique de Louvain), Bertrand Russell et l’athéisme

– Vincent de Coorebyter (Université de Bruxelles-ULB), L’athéisme de Sartre

– Damien Darcis (Université de Mons), L’athéisme de Camus ? Le philosophe et le croyant dans Le mythe de Sisyphe

Format : 159 X 210 mm Nombre de pages : 187 Poids : 280 gr.
ISBN : 978-2-96901736-7-3 Décembre 2017

Prix librairie : 16 €

Une édition de l’Association Belge des Athées asbl, rue de la Croix de Fer, 60-62, 1000 Bruxelles (Belgique)

POUR SE LE PROCURER

– L’ouvrage peut être commandé dans toutes les librairies de France et de Belgique au prix de
16 €

– Les particuliers (et les libraires d’autres pays) peuvent également le commander auprès de l’éditeur en adressant un mail à atheesdebelgique@gmail.com et en versant le prix sur le compte BE95 0688 9499 3058 (BIC : GKCCBEBB).
Prix (port compris): Belgique : 16 € Europe : 20 € Autres pays : 22 €

Tags : athéisme Philosophie

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