Idées reçues


Questions générales


Les raisons d’être de notre assication

Dénoncer l’obscurantisme religieux.
Dire aux athées que leur incroyance est valable et justifiée et mérite d’être exprimée.
Dire aux croyants religieux que, oui, ils ont le droit de croire, et que nous, les athées, avons également le droit de dire tout haut que nous trouvons leurs croyances inutiles et souvent néfastes.

Pourquoi critiquez-vous les religions ?
Parce que, à notre avis, les religions sont à la fois inutiles et dangereuses.

Cherchez-vous à convertir des croyants en athées ?
Pas vraiment. Notre association vise plutôt l’ensemble des athées et autres incroyants, surtout les athées inavoués (qui sont probablement très nombreux). Si des croyants sont amenés à réfléchir au sujet de leur religion après avoir lu cette partie, alors c’est tant mieux, mais secondaire. L’important, c’est que les incroyants sortent de l’ombre !

L’association s’annonce pour l’athéisme et contre la religion. Comment définissez-vous ces termes ?
Très brièvement : athéisme = sans croyance en dieux ; religion = religion surnaturelle.

Êtes-vous anti-religieux ?
Oui et non.
Oui, dans le sens de dénoncer l’inutilité des croyances religieuses et leurs conséquences négatives.
Non, dans le sens de respecter le droit de croyance.


Athéisme et agnosticisme

Vu qu’il n’est possible de prouver ni l’existence ni l’inexistence de Dieu, n’est-il pas plus raisonnable d’être agnostique, c’est-à-dire de ne pas se prononcer, laissant la question ouverte ?
Vous prônez évidemment un agnosticisme symétrique, selon lequel l’existence et l’inexistence de dieu (lequel  ?) seraient également probables. C’est la doctrine de ceux qui versent dans le relativisme et refusent de tirer les conclusions qui s’imposent. Si on adopte cette position, il faudrait également s’abstenir de nier l’existence du Père Noël, des fées de jardin, des Élohim de Raël… Au fait, il faudrait renoncer à toute décision pour laquelle on n’a pas encore toute l’information pertinente. (Et dans la vraie vie, on n’a normalement que des informations partielles.)
Par contre, étant donné que les preuves du théisme demeurent nulles et que le développement des croyances théistes s’expliquent par l’évolution des sociétés humaines, la conclusion inévitable est un athéisme négatif, c’est-à-dire, une absence de croyance en dieu(x).

N’est-il pas possible de vivre sans religion sans rejeter la croyance en Dieu ?
Croyez en « Dieu » si vous voulez, mais le théisme demeure une croyance religieuse, c’est-à-dire une croyance en un être surnaturel, sans fondement rationnel.

Je ne crois pas en Dieu, mais je ne me considère pas comme athée. Que suis-je ?
Un esprit confus. Ne pas croire en dieu(x), c’est la définition même de l’athéisme. Alors, félicitations : vous êtes athée !
Si vous ne vous considérez pas comme athée, c’est peut-être parce que le mot vous fait un peu peur. Mais si l’athéisme a pour vous des connotations indésirables, c’est probablement à cause d’une certaine propagande religieuse, largement diffusée, qui veut en faire accroire au public qu’il n’y a de morale que la morale religieuse, et que athée égale immoral ou amoral. C’est par intérêt que les institutions religieuses véhiculent ce mensonge. Ne vous laissez pas duper.

Les athées haïssent-ils Dieu ?
Nous ne haïssons pas dieu, quoique nous le trouvions plutôt mal élevé.
Trêve de plaisanterie : un individu qui hait « dieu » (ou qui l’aime, ou qui éprouve d’autres sentiments à son égard) n’est pas athée, car il est impossible de haïr un être dont on ne reconnaît même pas l’existence. Détestez-vous la licorne à sept pattes ?
Au contraire, nous nous opposons aux institutions qui font la promulgation de croyances en des phénomènes surnaturels et qui essayent d’imposer leur système de croyances, directement ou indirectement, sur la société en général (par les lois, par le système scolaire, etc.).
Les athées emploient parfois le mot « Dieu » de façon métaphorique. Par exemple, lorsque José Artur écrit que « Dieu ne recevra jamais le prix Nobel de la paix », il est évident qu’il parle de la croyance, non de l’entité hypothétique.


Les croyants et les croyances


Respect et tolérance

Respectez-vous les croyances religieuses ?
Non. Il ne faut pas respecter les croyances. Au contraire il faut les examiner, les évaluer, les remettre en question comme on ferait avec toute autre théorie ou hypothèse. Le vieux principe selon lequel il faudrait « respecter toutes les croyances » n’est qu’une incitation au silence et à l’étouffement d’un débat nécessaire. Ce soi-disant « respect » peut mener à la censure, à une atteinte à la liberté d’expression et, dans le cas extrême, à la criminalisation du « blasphème ».

Respectez-vous les croyants ?
Oui. Mon respect pour les croyants se définit très concrètement : par l’importance que j’accorde à la reconnaissance légale des libertés fondamentales, y compris la liberté de religion et d’irreligion, c’est-à-dire, la laïcité. Ce respect s’exprime aussi de la façon suivante : par une franche critique de leurs croyances. Le silence de ceux qui n’osent jamais critiquer ouvertement les croyances religieuses des autres n’est pas nécessairement une attitude de respect ; c’est plutôt de la résignation, et souvent de l’hypocrisie.

De nombreuses personnes intelligentes et instruites sont croyantes ; alors, comment osez-vous critiquer la religion ?
La vérité, la fausseté, la validité d’une hypothèse ne se décident pas par référendum. Bon nombre de gens intelligents adhèrent aux sectes, ou ont adopté l’astrologie ou le marxisme ou le postmodernisme, etc., mais cela ne nous dit rien de la validité de ces croyances.


Patrimoine culturel

De grandes oeuvres d’art ont été réalisées à partir d’un postulat religieux. Qu’en dites-vous ?
D’abord, la plupart des oeuvres d’art à caractère religieux ont été élaborées dans un contexte historique où une religion avait un certain monopole dans le domaine culturel ; il était donc très mal vu, ou pas rentable, voire dangereux, de produire des oeuvres en dehors du cadre religieux. Deuxièmement, le fait de dénoncer l’obscurantisme religieux n’implique pas que nous devions tourner le dos à toute la richesse de l’histoire culturelle, y compris la culture religieuse. On peut très bien étudier l’histoire de l’astrologie, de l’alchimie, du christianisme ou des pratiques de sacrifice humain, sans y adhérer ! De la même manière, on peut essayer de comprendre les intenses émotions évoquées lors d’une expérience personnelle dite « religieuse » sans adopter la religion de la personne vivant cette expérience. En effet, se situer à l’extérieur du cadre religieux serait nécessaire à une compréhension objective de ces phénomènes.

Voulez-vous supprimer toutes les mythologies ?
Mais non. Les mythologies font partie de la richesse culturelle de l’humanité. Je ne veux même pas supprimer directement les mythologies religieuses. Je veux plutôtsupprimer les privilèges dont jouissent les institutions religieuses qui font la promotion de leur mythologie particulière, comme si celle-ci était la vérité, et qui cherchent à l’imposer aux autres, même aux non-croyants.
Une mythologie n’est dangereuse que lorsqu’un nombre important de gens la prennent pour la réalité. Considérons, par exemple la célèbre trilogie « Le Seigneur des Anneaux » de J. R. R. Tolkien. Personne, à ma connaissance, ne prétend que ces livres soient la parole de « Dieu ». Personne ne déclare que ce sympatique magicien Gandalf serait le fils ou le prophète de « Dieu ». Il n’existe aucun Vatican du « gandalfisme » qui cherche à imposer la morale « gandalfienne » à tout le monde, y compris à ceux et celles qui ne croient pas en Gandalf. Mais il existe bel et bien un Vatican du christianisme qui veut imposer sa mythologie chrétienne (qui est pour lui sa « réalité » chrétienne) et sa morale à tout le monde. De plus, ce Vatican (comme les autres institutions chrétiennes) a la prétention de déclarer que son livre préféré, appelé la Bible, serait véritablement la parole de Dieu et que son héro chéri, nommé Jésus de Nazareth, serait le fils de Dieu. (De la même manière, les institutions musulmanes, juives orthodoxes, hindoues, etc. ont des prétentions semblables.)
Donc, le « gandalfisme » n’est pas une menace, mais le christianisme, lui, est dangereux. Mais je ne propose pas de supprimer le christianisme (ou l’islam, ou l’hindouisme, etc.). Lisez votre Bible ou votre Coran et allez à la messe, à la synagogue ou au temple si vous voulez. Je ne veux que supprimer les privilèges des institutions religieuses. Je ne critique que les mythes érigés en dogmes; par contre, les mythes dont tout le monde reconnaît la nature mythologique ne posent aucun problème.


Apostasie

Qu’est-ce que l’apostasie ?
L’apostasie, c’est l’abandon de croyances religieuses, possiblement accompagné d’une démarche faite publiquement ou auprès des instances religieuses. Plusieurs raisons politiques ou personnelles peuvent motiver un tel geste.

Quel est l’intérêt politique d’apostasier ?
Il arrive souvent qu’un individu est membre d’une religion, sans necessairement être croyant, car il aurait été recruté ou endoctriné dans cette religion dès son enfance, avant d’atteindre la maturité nécessaire pour faire un choix éclairé et autonome. La séparation entre les églises, mosquées, synagogues et temples d’une part, et l’état de l’autre, est un élément essentiel d’une saine démocratie. L’influence politique des églises et autres institutions religieuses dépend en partie de leur poids démographique. Il est important d’éviter que ces institutions puissent surestimer malhonnêtement leur importance en prétextant un grand nombre de fidèles dont beaucoup, en réalité, ne sont pas croyants–ou ne l’ont jamais été.

Pour quelles raisons personnelles pourrait-on apostasier ?
Un individu peut souhaiter que les membres de la communauté religieuse, qu’il ou elle veut quitter, soient clairement informés de son désir de rompre avec cette religion. La liberté de religion inclut la liberté de changer d’appartenance religieuse ou de n’adopter aucune religion si tel est son choix. L’apostasie est un geste de liberté personnelle.
Il ne faut pas oublier que l’apostasie est spécifiquement interdite par l’islam. Le coran indique qu’elle peut être punie par la mise à mort. Cette interdiction est une atteinte très sérieuse à la liberté de conscience et à la liberté de religion. Un musulman qui apostasie–et à plus forte raison une musulmane–fait un geste courageux et mérite notre appui.

Pourquoi est-il important pour les catholiques, et les autres chrétiens, de se faire débaptiser ?
De très nombreux individus ont été baptisés, à un très jeune âge, dans l’Église catholique mais ne sont plus (ou n’ont jamais été) croyants. Leur qualité de fidèles catholiques est fausse parce que cette appartenance leur a été imposée sans leur accord. L’Église catholique profite du nombre ainsi exagéré de ses fidèles afin d’accroître son influence politique et sociale. Si vous êtes de ce nombre, il est fortement conseillé que vous preniez les mesures nécessaires pour que votre nom soit rayé des registres de l’Église. La débaptisation d’un seul individu peut paraître insignifiante, comme un vote unique, mais l’effet cumulatif d’un grand nombre de débaptisations est important. Un raisonnement semblable s’applique également si vous êtes inscrits comme membres de toute autre institution religieuse à laquelle vous n’adhérez plus. Soyez fidèles à vous-même ! Ne vous laissez pas compter dans les rangs d’une religion à laquelle vous n’adhérez pas.


Quelques arguments pro-théistes


L’argument des bienfaits de la croyance

Si la religion aide les gens à mieux vivre, à se rapprocher les uns des autres, à aimer son prochain, n’est-elle pas une bonne chose ?
Un beau mensonge demeure un mensonge.
Il faut être tristement ignorant de l’histoire pour dire que « la religion aide les gens à mieux vivre ». La religion divise bien plus qu’elle ne rapproche. De toute façon, dans les quelques cas où une religion peut ou prétend avoir des effets bénéfiques, ces effets ne constituent pas une preuve du bien-fondé de sa doctrine et ne justifient aucunement l’imposition de cette religion sur les autres, surtout pas sur les enfants.
Le racisme aussi rapproche les gens — de la même communauté ! — tout en fomentant la division entre les communautés. Comme la religion fomente la discorde entre les communautés de croyances différentes.


L’argument démographique

Si Dieu n’existe pas, pourquoi plusieurs milliards de personnes croient en lui ?
La vérité n’est pas une affaire de vote. Il est bien possible que des milliards de gens aient tous tort.
On croyait autrefois que le tonnerre était causé par les dieux. Un très grand nombre de gens ont cru que la terre était plate. Ou que le soleil tournait autour. Ou que Hitler était un héros.
Des millions de gens croient dûr comme fer certaines choses qui sont incompatibles avec ce que croient des millions d’autres gens. Il ne peuvent pas tous avoir raison. Mais ils peuvent tous avoir tort.


L’argument des miracles

Comment peut-on dire que Dieu n’existe pas, quand on entend parler des miracles ?
Tout bon scientifique sait que les anecdotes ne valent pas grand-chose. Il n’y a jamais eu de preuve solide (bien documentée et reproductible par autrui dans des conditions contrôlées) d’un quelconque phénomène surnaturel.


Les GRANDES questions…et quelques petites réponses


Sens et existence

Dieu existe-t-il ?
Je ne sais pas. Est-ce que goustrumphe existe ?
La question « Dieu existe-t-il ? » n’a pas de sens sans avoir préalablement défini le mot « dieu ». Or, la plupart des gens qui posent cette question supposent tout simplement que tout le monde sait ce que « dieu » veut dire, et bon nombre de gens croient comprendre le sens de ce mot. Mais cette prétendue compréhension cache toute une gamme d’idées reçues (omniscience, omnipotence, omniprésence, création, personnification, anthropomorphisme, etc., etc.), qui rendent la question tellement chargée de sens qu’elle en devient presque une déclaration. D’où vient donc l’idée d’une créature si particulière ? Pourquoi une question si bizarre ? Accepter la question « Dieu existe-t-il ? » telle quelle, c’est accepter toute cette pléthore d’idées reçues. Finalement, la réponse sarcastique donnée plus haut n’est pas si bête, parce qu’elle souligne la nature douteuse de la question.

Quel est le sens de la vie ?
Le sens de la vie est inscrit sur une tablette en pierre que je garde jalousement dans un endroit secret. Vous pouvez la consulter, mais cela vous coûtera très cher.
Sérieusement, je fais la suggestion suivante : la vie n’a pas de sens, sauf celui qu’on lui donne. Si cet énoncé vous laisse déboussolés et angoissés, alors bienvenue au monde réel ! Posez-vous plutôt une question plus raisonnée dans le genre, « Quel est le sens de MA vie ? », ou, encore mieux, « Quel est le sens que je veux donner à ma vie ? ». Autrement dit, vous êtes responsables de la vie que vous menez. Désolé, mais il n’y a pas de goustrumphe pour vous venir en aide. Mais quelques bons amis bien choisis pourraient peut-être vous donner un coup de main en route.


Morale

Si vous ne croyez pas en dieu, qu’est-ce qui vous empêche de commettre des meurtres, des atrocités ?
Les êtres humains ont un sens moral intuitif qui est indépendant de toute valeur religieuse.
Nous vivons tous en société, en interaction constante avec les autres êtres humains avec lesquels nous partageons cette planète. J’ai peut-être envie de tabasser mon voisin parce qu’il a la méchante habitude de faire jouer ses disques de Whitney Houston à tue-tête à trois heures du matin. Mais si je me permets une telle bêtise, mon compagnon de classe s’avisera peut-être de se venger de ma manie exaspérante de siffler constamment. Alors, afin de réduire le niveau de violence, de souffrance, de chaos et d’angoisse, nous établissons des ententes avec nos semblables et faisons notre possible pour vivre en harmonie avec eux, parce que c’est dans notre propre intérêt. Il s’agit de bien comprendre, intelligemment, cet intérêt commun.