Les Athées de Belgique
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Archives par mot-clé: sens de la vie

Mais comment peut-on être athée ?

Posté le 1 mai 2017 Par ABA Publié dans Athéisme 1 Commentaire
Serge DERUETTE

Laïque, pourquoi pas ?… Mais athée, who cares? À la différence de la laïcité qui est, elle, subsidiée dans notre pays à l’instar des cultes, personne ne reconnaît ce droit à l’athéisme. C’est heureux sans doute, et les athées ne s’en plaignent pas, car leur statut est bien différent. Si la laïcité prône la séparation des Églises et de l’État, l’athéisme, en revanche, prône celle des religions et des consciences. Singulière différence, qui mène à les différencier singulièrement.

Encore que ce ne soit pas leur rapport à une uniformité de conceptions qui distingue athéisme et laïcité. Multiples dans leurs expressions, celle-ci s’applique pour certains aux seules institutions de l’État tandis que pour d’autres, au risque de la voir heurter de front la liberté fondamentale d’opinion et d’expression, elle s’étend à ses fonctionnaires, voire même à ses usagers. C’est là, il est vrai, une question que l’on ne se posait guère avant que l’islam vienne concurrencer le quasi-monopole religieux du catholicisme. Elle fait pourtant maintenant rage dans les milieux laïques, ouvrant toutes grandes les portes à des revendications plus sensibles encore, celle de l’interdiction du foulard dit islamique, derrière laquelle se tapissent bien des motivations, dont certaines parfois peu avouables.

L’athéisme est bien plus polymorphe encore. On le retrouve de la gauche à la droite. Des marxistes radicaux aux ultralibéraux. De ce bon curé Meslier qui prônait l’athéisme pour la libération politique et sociale des masses, à Nietzsche sur le bord opposé, qui le réservait à la seule aristocratie intellectuelle et sociale (sa « brute blonde » méprisante du peuple), pour l’épanouissement individuel de laquelle les masses (le « troupeau », disait-il) devaient être faites d’esclaves. Comme quoi, si l’athéisme prône le « rien », comme pensent certains, on y trouve de tout.

« Le XXIe siècle sera religieux », dit-on dire, attribuant faussement cette phrase à Malraux. Le retour des intégrismes et la violence aveugle avec laquelle ils s’expriment semblent bien, à l’échelle globale, confirmer cette assertion. D’autant plus qu’il ne s’agit pas seulement des seuls attentats de « fous de l’islam », mais aussi de la bestialité meurtrière de « fous d’autres religions » qui, cette fois, visent aussi des musulmans : ceux d’intégristes bouddhistes par exemple, tout aussi meurtriers, à Lhassa au Tibet en 2008, à Meiktila en Birmanie en 2013 ou encore à Aluthgama au Sri Lanka en 2014, pour n’en citer que quelques-uns pour cette religion que l’on dit si pacifique…

À l’aise, l’athéisme…

À l’inverse de ce retour, combien violent, du religieux, l’athéisme n’a pourtant, en Europe du moins (la Pologne ou encore la Turquie exceptées !), jamais été aussi à l’aise pour essaimer. Nul besoin aujourd’hui, dans notre société laïcisée, de dissimuler sa pensée impie. Être athée et s’affirmer tel ne présente évidemment plus le danger, le cas échéant, de devoir goûter aux charmes des bûchers sur lesquels, avant la Révolution, l’on brûlait allègrement mécréants, hérétiques et autres apostats.

Dans le monde francophone, du haut de sa gloire médiatique, un Onfray y a sans doute contribué pour une part, avant de s’envoler vers d’autres préoccupations plus consensuelles et postmodernes, revisitant par exemple la Révolution française dans le sens le plus réactionnaire qui soit – et encore y a-t-il pire, que l’on pense à ce qu’il dit de Guy Môquet !

Mais si l’on ne veut pas confondre causes et conséquences, c’est d’abord et avant tout la société toute entière qui s’est ouverte à l’athéisme, offrant à des penseurs athées d’y trouver pignon sur rue. Retardataire, comme toujours lorsqu’il s’agit de conceptions du monde et de conscience sociale, cette athéisation intrinsèque de la société européenne y est le prolongement décalé de l’État providence et du consumérisme social (la Sécu protégeant mieux que tous les saints, le monde profane offrant plus que ce que promet le monde céleste), de la pilule contraceptive aussi (la bride religieuse lâchant face à la libération sexuelle).

Et si la grande contraction économique et le sida sont venus remettre en cause tout cela, permettant aux religions de se refaire une santé – et dans ses convulsions intégristes, une psychose – l’athéisme s’y est installé confortablement et, quoique battu par les vents contraires, il y mûrit. Ainsi sommes-nous toujours plus nombreux à nous en revendiquer, comme le montrent avec évidence les sondages. Et encore ceux-ci minimisent-ils souvent les choses, puisque l’on sait que, en raison du retard de la conscience sur l’évolution sociale, nombreux sont ceux qui confondent ethos culturel et conviction intime, se disant toujours être catholique, ou musulman, ou juif… alors qu’ils affirment par ailleurs ne plus croire en Dieu.

Et puis, à l’heure où la démocratie parlementaire tant vantée a succédé à la tyrannie féodale bénie par l’Église, il faut bien que le centre de gravité de l’abrutissement des masses se soit lui aussi déplacé des illusions de la religion à celles de la démocratie parlementaire. Désabuser les peuples, aujourd’hui, ce serait donc plutôt dénoncer et déconstruire les mécanismes par lesquels on fait accroire que notre société, cette machine à créer de la misère et de l’exclusion, est le meilleur des mondes possibles : qu’il est indépassable et le seul dans lequel les malheureux ont à espérer être heureux, non plus dans les Cieux mais sur Terre cette fois.

Mais pourquoi promouvoir l’athéisme ?

Pourquoi se revendiquer athée ? Et non, prudemment, agnostique ? C’est que l’agnosticisme, cédant à la nécessité consensuelle d’un doute qu’il est de bon ton de se réclamer au sujet d’un Dieu que l’on sait pourtant ne pas être, apparaît le plus souvent comme une forme honteuse encore de l’athéisme, évitant le reproche de « dogmatisme ». Mais l’athéisme, contrairement à ce qu’en disent ses détracteurs (Frédéric Lenoir par exemple) ne peut être un dogme. Multiple et varié dans ses formulations, conception sociale et idéelle transversale de tant d’opinions politiques aussi, il se contente d’affirmer que Dieu n’est pas et que, comme le disait Jean Meslier, ce bon curé, « les religions ne sont que des inventions humaines ». Où est le dogme là-dedans ?

Tout simplement, l’athéisme s’inscrit dans cette démarche qui vise à renouer avec ce qu’est l’homme à sa naissance. Athée l’homme. Athée l’humanité originelle aussi ! C’est ensuite seulement que les hommes ont créé des dieux, puis leur Dieu. Mon chat n’y croit pas, lui. L’enfant n’y croit pas plus avant qu’on lui inculque la foi, c’est-à-dire la croyance en ce qui n’est pas croyable.

Il y a tant d’arguments à avancer pour contredire celle-ci, je me contenterai, la place manquant, d’avancer celui-ci : comment, s’il existait, un Dieu pourrait-il avoir eu l’idée d’énoncer des préceptes moraux, purement humains d’ailleurs, et dont beaucoup sont ridicules, alors même qu’il aurait, rien que pour les hommes, créé un univers qui compte, exclusivement dans ce que nous pouvons en observer, on le sait maintenant, pas moins de 10²³ étoiles ? Et pourquoi, si tardivement au regard de la si longue histoire de l’humanité ? Faudrait-il encore que l’on accorde à ce Dieu considéré comme infiniment sage d’avoir été aussi « infiniment mégalo », contredisant ainsi au passage le fait qu’il soit considéré comme infiniment sage ? En regard, l’athéisme est un modèle de sobriété, à mille lieues de là !

Les croyants s’étonnent toujours quelque part de ce que l’on puisse être athée, mais ce qui est surprenant est que l’on puisse croire en Dieu. Et à travers tant d’innombrables religions ! Un Dieu unique, s’il existait, permettrait-il que l’on en vénère d’autres ? L’athéisme ne s’embarrasse pas de ces contradictions. Il affirme que Dieu n’est pas, simplement. Posément, paisiblement, sans qu’il soit ici besoin de brûler ce que l’on a adoré – l’aurait-on adoré. Sans hargne non plus. Loin de l’acharnement aussi avec lequel certains laïques, confondant trop facilement le phénomène religieux lui-même avec ses effets, s’en prennent, au travers de ce qu’ils considèrent comme des « signes manifestes de religiosité », aux croyants eux-mêmes.

À l’inverse, parce qu’elle est sereine et ferme, la critique athée des religions est toujours empreinte du plus grand respect humain pour ceux dont la foi est un héritage social ancré dans leur conscience tout autant que le réconfort, comme disait l’autre, de « la créature accablée par le malheur », dans ce « monde sans cœur » et dans cette « époque sans esprit ».


Cet article est une version légèrement complétée de celui qui a été publié sous le même titre dans Espace de Libertés, févr. 2017, n° 456.

Tags : athéisme laïcité religion sens de la vie

Comment je suis devenu athée*

Posté le 29 décembre 2016 Par ABA Publié dans Athéisme Laisser un commentaire
Mustapha*

L’alarme a sonné au début de l’année 2015, alors que j’avais quinze ans. Je me posais des questions et j’essayais de trouver des réponses par moi-même en cherchant d’abord sur Internet, en demandant ensuite à mon père qui, humaniste non croyant, faisait son possible pour me convaincre, mais en vain. Je me dirigeais alors chez mes professeurs qui me disaient qu’il ne fallait pas poser ces questions, que c’était haram (interdit). Les imams avaient la même réponse.

Yahvé, Dieu ou Allah ? Est-ce la même divinité ? Pourquoi envoyer des prophètes ? Pourquoi Dieu ne s’est-il jamais manifesté ? Pourquoi avons-nous été créés ? Pourquoi nous a-t-il créés s’il connaît notre passé, présent et futur ? Pourquoi un paradis et un enfer ? Qui entre la science et la religion a raison ? Adam et Ève ou la théorie de l’évolution ? Le monde a-t-il été créé en six jours ou bien est-ce l’œuvre du Big Bang ? Le déluge s’est-il réellement passé ? Etc.

Par la suite, je me suis retrouvé en désaccord avec plusieurs préceptes religieux que l’on m’a inculqués :

  • que l’on oblige le port du voile qui opprime la femme ;
  • que la part d’héritage des garçons soit le double de celle des filles ;
  • que le témoignage d’une femme vaille la moitié de celui d’un homme ;
  • qu’un homme puisse épouser quatre femmes (je ne suis d’accord que si la ou les femmes en question donnent leur autorisation) ;
  • que l’on coupe la main du voleur ;
  • que l’homme puisse battre sa femme ;
  • qu’un homme puisse épouser une fille qui n’a pas encore atteint la puberté ;
  • que le mariage se fasse pour le seul « plaisir » de l’homme.

Mais aussi… Pourquoi l’entrée au paradis n’est-elle réservée qu’aux musulmans ? Un scientifique, un philosophe, un médecin qui a été bénéfique à la société n’entrera-t-il jamais au paradis pour l’unique et débile raison qu’il n’est pas musulman ?

Trois évènements successifs ont catégoriquement changé ma vision, ou plutôt l’ont clarifiée et éclaircie dans ces temps de terreur où la religion sévit comme rempart contre tout progrès ; où la religion s’est emparée de la politique en mettant fin à la laïcité dans plusieurs pays du tiers-monde ; où le fanatisme se répand comme une traînée de poudre et tue sur son passage des milliers de personnes innocentes qui suivent peut-être la même religion qu’eux, qui sait ?

Ces trois événements sont mon changement d’école mais, avant cela, le décès de ma grand-mère et celui de mon grand-père. Pourquoi ma grand-mère ? Pourquoi mon grand-père ? Pourquoi ne suis-je pas parti aussi avec eux ? Pourquoi suis-je encore en vie ? Où sont-ils maintenant ? Je me sentais coupable d’être encore en vie…

Les gens me disaient qu’ils étaient au paradis et que je les retrouverais là-bas si je faisais de bonnes actions ici-bas, mais cette réponse ne me suffisait pas. Je leur posais alors d’autres questions.

C’est quoi le paradis ? Comment savez-vous où ils sont maintenant ? Avez-vous parlé à Dieu pour le savoir ? Puis-je le faire aussi ? Pourrais-je les voir maintenant ? Quelles sont ces bonnes actions ? Pourquoi ce Dieu m’a-t-il privé des personnes qui me sont chères ? Est-il sadique ? Est-il cruel, lui qui se décrit dans « ses » livres comme le juste et le bon ?

Lorsqu’ils se trouvaient dans l’incapacité de me donner une explication et une réponse logique à mes interrogations, les réponses étaient renvoyées aux calendes grecques. Ils me disaient que j’étais encore petit pour savoir… Eux qui sont « grands », ont-ils la réponse ? Je n’en avais guère l’impression ! Je suis revenu chez eux l’année suivante et je leur ai dit de me donner, puisque j’avais grandi, une réponse. Alors, ils m’ont sorti l’excuse bidon : « C’est une volonté divine, c’est lui qui l’a voulu ainsi, nous sommes illettrés face à la connaissance de Dieu, lui sait tout ».

Où est ce Dieu ? Comment sait-il tout ? Si Dieu est la cause première, alors qu’elle est la cause première de la cause première ?

Des questions à jamais sans réponses…

Je me demandais toujours, moi qui suis un musulman pratiquant, suis-je aussi un de ces fous de Dieu ? Suis-je une de ces personnes qui se trouvent en Afghanistan, en Syrie, en Irak et qui essaient d’appliquer la charia dans le pays de leurs ancêtres ? Suis-je un terroriste ? Fais-je partie de ces personnes qui rêvent de faire du monde un vaste Califat où règnent le système patriarcal le plus dur, la polygamie, le voile intégral, le Niqab… où l’école est interdite aux petites filles, où la musique, la peinture, la sculpture et les arts en général sont bannis, où les couleurs se confondent et se réduisent à une seule, le noir, et où la bibliothèque idéale ne contiendrait qu’un seul livre, le Coran ? Suis-je un tueur d’hommes, de femmes et d’enfants sans le savoir ?

Ces questions m’ont torturé l’esprit. Malgré un fort sentiment de culpabilité, j’ai arrêté de prier et j’ai rasé ma courte barbe, je ne voulais pas être assimilé à un djihadiste, à un terroriste. Et puis, je lisais de plus en plus le Coran afin de découvrir ses versets de haine que Daesh et Al Qaeda et les autres organisations islamistes appliquent à la lettre. J’étais stupéfait de mes recherches au point de vouloir changer, en plein ramadan, de religion. Un après-midi, alors que je regardais des vidéos sur le christianisme, je suis devenu chrétien… Pas pour longtemps… Trois mois !
Les versets de haine du Coran que je refusais sont :

Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce que Dieu et Son messager ont interdit et qui ne suivent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent l’impôt de la capitation et qu’ils se soumettent et s’humilient. (Coran, sourate 9, verset 29).

La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager et qui s’efforcent de semer le désordre sur la terre, c’est qu’ils soient exécutés, ou crucifiés, ou que leur soit coupée la main et la jambe opposée, ou qu’ils soient expulsés de la terre : voilà pour eux l’ignominie d’ici-bas ; et dans l’au-delà il y a pour eux un énorme châtiment. (Coran, sourate 5, verset 33).

Quant au voleur et à la voleuse, à tous deux coupez la main, en récompense de ce qu’ils se sont acquis, en punition de la part d’Allah. Et Allah est Puissant, Sage. (Coran, sourate 5 verset 38), etc.

Ma recherche de la raison reprit sa route, un voyage avec de nombreuses étapes, de l’athéisme de naissance, à l’islam, jusqu’au judaïsme, en passant par le christianisme. Une longue quête de doutes, de lectures des saintes écritures, de visite des lieux sacrés… Les mosquées que je fréquentais avant, mais aussi des églises, en assistant aux messes du dimanche. À force de débattre avec des personnes de toutes confessions sans trouver de réponses à mes interrogations, je finis par déprimer. Je voulais mettre fin à ma vie, ce que j’ai réellement essayé de faire, en plus de plusieurs problèmes dont je parlerai plus tard…

Quand j’ai changé d’école, un camarade me passa le livre de Marx publié en 1844 où il parle d’« opium du peuple ». Je l’ai lu avec mon père, qui l’avait lui-même lu vingt ans plus tôt. Il m’expliqua l’ouvrage de bout en bout. La phrase qui m’a interpellé était la suivante : « C’est l’homme qui fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. » J’eus alors un déclic pour l’athéisme et… un penchant pour Marx aussi. Mes recherches reprirent de plus belle en continuant mes lectures pleines d’attraits : Le traité d’athéologie de Michel Onfray, L’esprit de l’athéisme (une spiritualité sans Dieu) d’André Comte-Sponville, Dialogue entre un prêtre et un moribond de Sade et des dizaines d’articles et de documentaires… Les idées développées étaient celles qui me correspondaient le plus !

Dans un royaume où l’incroyance est associée à l’immoralité et où les sceptiques sont mis au ban de la société, comment surgit le doute et comment vit-on avec ? Nous sommes allés à la rencontre des athées du Maroc, jeunes gens qui avaient espéré dans la foulée des printemps arabes que la liberté de conscience aurait enfin droit de cité. Récit d’un combat pour l’émancipation.

Tel était l’en-tête du reportage spécial de la revue mensuelle Philosophie magazine du troisième mois de l’année 2016. Je me l’étais procurée le 3 mars en la trouvant tout près de l’hebdomadaire Telquel que j’étais venu chercher. La nuit, alors que mon père lisait son journal, je dévorais ma nouvelle acquisition. Je m’étais rendu compte que les questions qui ne me laissaient pas dormir, d’autres personnes les avaient posées avant moi… C’était rassurant, et des Marocains en plus ! À la fin de la lecture, j’avais pris ma décision.

Je serai athée ! Je le suis devenu !

Ce petit a privatif devant l’immense théos (dieu) : être athée, c’est être sans Dieu soit parce qu’on se contente de ne croire en aucun, soit parce qu’on affirme l’inexistence de tous, tel est la définition de l’athéisme d’André Comte-Sponville dans son livre : Présentations de la philosophie. Ce cher André aurait dû écrire, il me semble, « réfute l’existence de tous » plutôt que « affirme l’inexistence de tous » puisque sans l’affirmation d’un dieu, il ne peut y avoir une affirmation de sa non-existence… C’est parce que des croyants affirment que Dieu existe que l’on peut, nous les athées, le réfuter.

Je suis sans Dieu !

Un sentiment de vertige m’accompagnait après mon apostasie, une difficulté à déconstruire tout ce que j’avais construit de ma naissance à maintenant, une volonté de ne plus vouloir vivre, ni travailler, et encore moins d’écrire… Je me rendais au lycée, juste pour revivre avec mes amis qui me redonnaient cette envie d’aller de l’avant. En leur présence, une question se cachait, mais dès que je les quittais, elle revenait ! Je devais obligatoirement y répondre, pour mon bien-être :

Maintenant que je ne suis plus croyant et musulman pratiquant et que rien ne se trouve après la mort jusqu’à preuve du contraire, ni paradis ni enfer ; alors, pourquoi rester en vie si je vais, dans tous les cas, mourir ?

J’ai trouvé la réponse à cette question sur un site consacré à l’athéisme. La voici :

Prendre conscience de sa non-croyance est comme une nouvelle naissance. C’est comme une immense bouffée de liberté. Cependant rien n’est réglé, tout reste à construire.

Si la question « pourquoi rester en vie ? » n’est pas la plus importante, les questions fondamentales sont : Pourquoi vivre ? Et dans quel but ? Comment vivre ? Comment affronter les épreuves de l’existence, les malheurs et la mort ?

« L’athéisme n’est pas une conclusion, c’est un point de départ ! » disait Mathieu Delarue.

J’en ai parlé à mes parents. Mon père m’a soutenu, affirmant son humanisme et qu’il ne croyait en aucune divinité transcendante, uniquement en l’humain et ce depuis très longtemps ; qu’il ne m’en avait jamais parlé avant pour ne pas m’influencer, afin d’y arriver par moi-même. Lui, il jeûnait pour participer à cette ambiance de ramadan dans une société musulmane dans laquelle il vivait. Pour lui, la religion est un refuge dans les mauvais moments alors que la non-croyance se nourrit du vide de son objet et qu’un sentiment de malaise persiste toujours en elle. Tout cela pour me dire qu’il faut bien réfléchir à son choix.

Ma mère l’a mal pris. Elle a arrêté de me parler pendant un mois. Ensuite, sans ressortir ce sujet, elle m’a interpellé un samedi de bon matin en me disant : « Tu as encore dit Bismilah (au nom de Dieu) à la vie et tu nies l’existence de Dieu ? »

Je lui ai répondu : « Oui ! »

Et elle a rétorqué : « Continue d’être athée, un jour, tu deviendras homosexuel ! »

Très sympa de la part d’une mère, mais cette réponse m’a tellement fait rire que je n’ai pas voulu surenchérir à cette provocation maternelle. Je vais, dorénavant, en subir bien d’autres dans la vie de tous les jours.

Nous écrirons jusqu’à détruire ces histoires à dormir debout… !


Notes

  • * Après « Je suis orphelin de Dieu (histoire d’une abjuration) », paru dans la Newsletter n° 14, nous sommes heureux de publier ce nouvel article que nous fait parvenir Mustapha, ce jeune maghrébin mineur.
Tags : athéisme coran islam sens de la vie

Être intact de Dieu

Posté le 9 novembre 2016 Par ABA Publié dans Humanisme Laisser un commentaire
Raoul Vaneigem

Il y a quelques mois, j’avais proposé un article à la revue L’Athée, qui l’a publié dans sa « newsletter » (en français : sa « lettre de nouvelles »), c’était un papier intitulé : « Enquête sur un athée : Carlo Levi (Peintre et écrivain antifasciste) ». Je me proposais d’opérer une nouvelle fois de pareille manière et de mettre à la question Raoul Vaneigem, que je soupçonnais fort d’avoir des choses à dire sur le sujet.

Raoul Vaneigem ? Certains connaissent assez bien son Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations (1967), dont on n’a pas encore pris la mesure et qu’on avait repoussé dans les brumes où l’on croit encore pouvoir noyer les semences qui s’étaient lancées dans les airs en 1968.

Cependant, le Traité est, à mon sens, une des clés de l’interprétation de notre monde et d’une compréhension des choses qui aide à vivre. Pourtant, on ne le lit pas plus qu’il y a dix ou quarante ans et comme hier ou avant-hier, si ce n’est pas une faute, c’est une erreur.

Donc, une enquête, c’est dans l’air du temps. Ainsi, une enquête sur Carlo Levi se justifiait : Carlo était mort (en 1975) et ne pouvait plus écrire lui-même. Elle renvoyait aussi à d’autres interrogatoires pratiqués sur le dénommé Levi (et d’autres) par l’OVRA (Organizzazione di Vigilanza e Repressione dell’Antifascismo) dans les années suspectes.

Mais Raoul Vaneigem ? Je savais qu’il avait écrit mille propos à propos des Dieux et des religions. Il avait (notamment) établi et préfacé une édition de L’Art de ne croire en rien (2002) et un essai intitulé : De l’inhumanité de la religion (2000). J’avais de quoi faire. Je m’étais donc préparé à écrire la scénette où le témoin Vaneigem Raoul, né à Lessines, aurait répondu de Raoul Vaneigem, face aux Dieux et à leurs absences.

Cependant, me dis-je, Raoul est bien vivant ; par Dieu, il goûte encore aux bonheurs de la vie. Il serait bon de connaître son avis ; c’est la moindre des choses.

Je lui ai donc demandé son avis. Préférait-il une sorte d’interrogatoire ou dirait-il lui-même ? J’étais sûr de sa réponse.

Il a donc eu la gentillesse de me décharger de la tâche pénible de l’interrogatoire, qui aurait donné quelque chose comme : « Vaneigem, êtes-vous athée ? etc. »

Il a heureusement convenu de développer lui-même cet « Intact de Dieu ». La gageure lui plaisait. Quelques semaines, entrecoupées de mille autres choses, et son texte arrivait sur mon écran.

En plus, cadeau somptueux, Raoul Vaneigem joignait à son texte, une chanson et une photo.

Mais une chanson nécessite un texte qu’il faut pouvoir lire ; il serait donc aussi bien d’aller voir « La vie s’écoule, la vie s’enfuit » dans les Chansons contre la Guerre, où on trouve la chanson et des versions en italien, grec, espagnol, portugais, allemand, anglais.

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I

Toute définition m’insupporte. Pour la simple raison qu’elle réduit la complexité du vivant à un cadre et lui assigne l’étiquette d’un objet à ranger. C’est de cette réticence que participe ma répugnance à me proclamer athée.

Être athée, c’est prendre position contre un Dieu qui n’existe pas. C’est par conséquent lui prêter une consistance dont il est dépourvu. Certes, cette inexistence est niée par des millions d’hommes et de femmes : ils s’agenouillent devant une entité fantasmatique que William Blake nomme « Grand papa personne. » Sur quoi repose l’imposture qui accrédite la présence, dans un coin invisible de l’univers, d’un Horloger transcendantal réglant le cours des vies et des planètes ? Sur le joug de la servitude qui pèse sur les nuques et les consciences, les contraignant de s’incliner. La Boétie l’avait déjà compris au XVIe siècle. Cessez, recommandait-il, de vous prosterner devant un pouvoir, de vous abaisser devant une autorité, de vénérer les vérités d’une époque, que l’époque suivante va s’empresser de rejeter ! Dès lors, c’en sera fini des maîtres et des Dieux qui les cautionnent. Tels des remugles chassés par le vent de la liberté, ils disparaîtront. Quel piètre alibi, quelle curieuse façon « d’être ailleurs » que de s’enorgueillir de nier Dieu tout en continuant de s’aplatir devant toutes les tyrannies individuelles, familiales, sociales, dont il est le symbole !

Agnostique ? Je ne suis pas davantage. Je ne patauge pas dans le scepticisme qui oscille entre le « peut-être oui » et le « peut-être non. » La mollesse de l’option aboutit à l’escroquerie du pari de Pascal, dont le tripot est géré par des croyants en mal de foi.

Suffit-il d’être laïc ? Hitler, Staline, Mao, Polpot, Ben Ali l’étaient aussi (*). La belle différence entre les contempteurs de Dieu – qu’ils se divinisent eux-mêmes ou non – et les culs bénits, les serpents de bénitiers, les prêcheurs d’évangiles avec leur zèle d’inquisiteurs ! Pouvoir laïc et pouvoir religieux rejouent la farce du sabre et du goupillon, le guignol où temporel et spirituel se malmènent pour s’arroger le droit de maltraiter le peuple.

La seule formule qui me convienne est celle de Prévert : « J’ai toujours été intact de Dieu. »

Dieu est un produit de la séparation que le système d’exploitation de l’homme par l’homme a introduite dans l’individu et dans la société. Non seulement, au nom de la frénésie laborieuse, l’obligation de travailler refoule la propension à jouir, mais elle établit dans le corps social et dans le corps de chacun une distinction hiérarchique entre la fonction intellectuelle, exercée par la tête – par le chef – et la fonction manuelle, tenue à l’obéissance en tant que matière vile.

Dans la même foulée, je m’autorise à compisser l’esprit. Le spirituel exerce une tyrannie intérieure qui s’emploie à dompter, à contrôler, à réprimer le corps pour le mettre au travail. Son pouvoir découle d’un système économique qui impose les lois et les réflexes de la prédation à des êtres déshumanisés, jetés dès leur naissance dans une jungle sociale où ils n’ont d’autre choix que de lutter pour survivre comme des bêtes.

L’esprit résulte d’une structure du corps calquée sur l’organisation hiérarchique qu’instaurent les Cités-États. Celles-ci, inconnues dans les civilisations pré-agraires, apparaissent avec le développement intensif de l’agriculture au néolithique tardif. Cette dictature de l’angélisme sur la bestialité empêche l’homme de suivre son évolution naturelle et de devenir un être humain. Les Dieux sont nés de mutilation subie par l’homme mis au travail et dépouillé de sa véritable spécificité : la création d’un mode de vie en osmose avec un milieu naturel qui lui devienne favorable. L’esprit et les Dieux, qui en sont l’émanation, ont fait des hommes des handicapés auxquels la religion n’a aucune peine à vendre ses béquilles.

Ces handicapés, fabriqués par le joug oppresseur de l’économie prédatrice, n’espérez pas les aider à marcher en leur ôtant brutalement ce qui sert de soutien à leur démarche claudicante. La plupart ont besoin de prothèses et de rênes. C’est pourquoi, il n’est pas de troupeau social qui n’acclame son boucher.

« Écrasons l’infâme ! » proposait Voltaire. Expliquez-moi comment écraser une religion dont les sectateurs lèchent le talon de fer qui leur brise le cou ? La religion se nourrit de la souffrance, le sacrifice constitue son fonds de commerce, le martyre la fortifie. Songez aussi que les bourreaux qui se repaissent de la charogne des curés sont suspicieux et lorgnent aussi vers vous. Le pouvoir qui musèle un pouvoir concurrent ne tarde guère à museler ceux qui s’adonnent aux libertés du vivant. Avis à qui prône la guérilla et la lutte armée contre les mafias financières et contre l’État répressif, qui est à leur botte !

Je n’ai nul besoin de guide pour me déterminer. Le sens que je donne à la vie, c’est la vie elle-même. Ce que je regarde ici comme une banalité fondamentale n’est pas encore familier, loin s’en faut, à qui demeure étranger aux richesses qu’il a en lui. Cela changera. Depuis des millénaires, nous courbons la tête et le reste sous le joug de maîtres qui s’autorisent d’une Entité fantasmatique et extra-terrestre pour amasser argent et pouvoir. Et pour aboutir à quoi ? À crever misérablement dans les latrines du profit en se vidant de leur substance vivante, en se privant du plaisir incomparable d’être humain. Il faudra bien que, dans les brasiers de l’absurde destruction qui ravage la terre, s’impriment en lettres de feu les mots de Loustalot : « Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. Levons-nous ! »


* NDLR : On ne saurait mieux illustrer l’extrême variété d’emploi des mots « laïc », « laïque », « laïcité ». N’est-il pas attesté par des milliers de cas dans la presse occidentale de parler de « laïque » à propos de Saddam Hussein, Hafez el-Assad… ou Ben Ali ?

Tags : agnosticisme athéisme laïcité sens de la vie

Je suis orphelin de Dieu (histoire d’une abjuration)

Posté le 9 novembre 2016 Par ABA Publié dans Athéisme Laisser un commentaire
Mustapha*

« Nous écrirons jusqu’à détruire ces histoires à dormir debout dans vos têtes, qui rendent nos vies invivables et détruisent nos pays. […] Nous écrirons jusqu’à ce que nous puissions tous vivre en paix, dans l’amour et en liberté. » écrivait Omar Batawil, jeune yéménite de 18 ans assassiné à Aden, deux balles dans la tête, pour avoir critiqué le fondamentalisme religieux sur Facebook, il était athée. Ce texte est dédié à sa mémoire… et à la mémoire de tous ceux qui ont perdu leur vie pour cet honorable combat.

Chaque Marocain est de facto considéré comme musulman, qu’il le soit ou pas : l’article 3 de la Constitution marocaine révisée en 2011 refuse aux personnes que l’État considère comme musulmanes le droit de se déclarer non-musulmanes. Par ailleurs, dans mon pays, le Maroc, mon incroyance (mon athéisme) est mise entre parenthèses, elle reste voilée aux regards indiscrets afin d’éviter à ma petite personne tous problèmes avec les autorités.

Je suis issu d’une famille « mi-croyante », ma mère est musulmane, mais non pratiquante, mon père est un humaniste laïque.

Et moi ?

Je suis athée de naissance tout comme chaque être humain, mais après l’accouchement et comme la tradition musulmane l’exige, la mère ou le père prononce quelques mots, à l’oreille droite du nouveau-né, au petit être sorti tout droit du ventre maternel après les cris déchirants de la mère qui aident à ouvrir le passage à la vie. Est-ce l’équivalent de la formule tant connue : « Sésame ouvres-toi ! » ? Et quand, à son avènement au monde, l’enfant crie suivant le rythme de sa génitrice, est-ce afin que la porte de la vie se referme ? De toutes les façons, c’est par cet acte qu’on m’a plongé dans le chaudron de la religion musulmane. Cela a un nom : l’endoctrinement.

Ma mère m’avait chuchoté et avait prononcé, sans mon consentement, l’appel à la prière. Un appel à la prière (« Al Adhan ») que lance le muezzin du haut de son minaret et qui se répand dans les alentours. Les muezzins des mosquées lancent ce même appel en même temps, avec des voix différentes, des intonations différentes, et décalées. Cela génère un effet de cacophonie, car si vous ne le savez pas, au Maroc, dans le même quartier on peut trouver plus de trois mosquées.

L’Al Adhan est très bref : « Allah est le plus grand. J’atteste qu’il n’y a de Dieu hormis Allah. J’atteste que Mohamed est son messager. Venez à la prière. Venez à la félicité. Allah est le plus grand. Il n’y a de vraie divinité hormis Allah. » Par ce fait, je suis devenu musulman. Pas pour longtemps…

Dans les quelques heures qui suivent son décès, lorsqu’un musulman quitte le royaume terrestre et rejoint le royaume des morts, son corps est emporté à la mosquée, après avoir été lavé et purifié de toutes ses impuretés, et peut-être bien de ses péchés, qui sait ? Il se voit ensuite enroulé dans un linceul, un tissu blanc, une couleur qui représente la pureté dans les trois religions monothéistes. Avec les louanges à Dieu et au prophète, le défunt est ensuite porté par la famille, les amis, jusqu’à la mosquée la plus proche, la plus grande. On y procède à une prière funèbre. On essaie de faire coïncider cette prière avec le moment où le nombre de fidèles bat son plein afin que le maximum de personnes possible prient pour le défunt. Par la suite, on enterre le corps et il disparaît à jamais sous terre pour réapparaître dans sa demeure éternelle qu’est le Paradis. Cette prière aura-t-elle servi à quelque chose ? Si ce n’est qu’à rassembler des personnes…

La vie d’un croyant commence par l’appel à la prière et se termine par la prière. Notre vie se résume-t-elle à une prière ? Que représente-elle ? Et à qui est-elle destinée ? À Dieu sûrement.

Sept jours après ma venue au monde a lieu « l’arbitraire du nom ». Un mouton fut sacrifié pour sanctifier mon nom et Mustapha fut le prénom qu’on m’a « offert ». Pourquoi sacrifier un mouton pour m’octroyer un prénom ? Nous venons à la vie et lui la quitte pour sanctifier un prénom, mon prénom, pourquoi ? Prendre « l’âme » d’un animal pour s’acquitter d’un devoir religieux n’est-il pas injuste ?

Lors de l’abatage religieux, les animaux sont égorgés, pleinement conscients, sans étourdissement, or l’étourdissement est nécessaire pour limiter la souffrance des animaux. Cette dérogation a été accordée aux abattages rituels musulman et israélite. C’est inacceptable parce que cruel. Certes, la liberté religieuse doit être respectée, mais le bien-être animal aussi.

La Sunna (les dits et faits du prophète) dit que pour un garçon il faut égorger deux moutons et pour une fille un seul suffit. L’inégalité entre les deux sexes commence à la naissance et elle devient de plus en plus présente dans la vie de la femme au fur et à mesure qu’elle grandit :

  • Le prophète avait dit dans un hadith (dits du prophète) très connu que « Les femmes ont moins de raison et de foi que les hommes».
  • Une femme qui a ses règles est considérée comme impure et ne peut ni pratiquer le jeûne, ni faire ses prières, ni tourner autour de la kaâba, ni lire le Coran ou le toucher.
  • Un mari peut battre sa femme en se référant à la parole de Dieu dans le Coran, Sourate Les Femmes, Verset 34 : « Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d’elles dans leur lit et frappez-les. [..] ».
  • Le témoignage d’un homme vaut deux témoignages de femmes.
  • L’inégalité en matière d’héritage, la fille ne reçoit que la moitié de la part du fils.
  • La femme est considérée comme un objet sexuel et non comme un être à part entière. Les soixante-douze vierges qu’attendent les musulmans au Paradis en est la preuve symbolique.
  • Les autorités publiques ne doivent pas être confiées à une femme, l’imamat en fait partie comme l’a dit le prophète : « Un peuple qui met à la direction de ses affaires une femme ne connaîtra point la réussite ».

Finalement ce verset coranique résume toute les inégalités : « Les hommes ont autorité sur les femmes du fait que Dieu a préféré certains d’entre vous à certains autres ».

Ensuite, j’ai subi une autre épreuve, une intervention chirurgicale à l’âge de trois ans, qui consiste en l’ablation du prépuce, opération plus connue sous le nom de circoncision, sans évidemment avoir donné un consentement libre et éclairé. Ne s’agit-il pas d’une mutilation ? Pourtant, l’article 41 du Code de déontologie médicale n’indique-t-il pas : « Aucune intervention mutilante ne peut être pratiquée sans motif médical très sérieux et, sauf urgence ou impossibilité, sans information de l’intéressé et sans son consentement ».

Ali Shariati avait dit : « Mon père a choisi mon prénom et mon nom a été choisi par mes ancêtres. Ça suffit, je choisirai mon chemin ». J’ajouterai que dans la société où j’ai grandi, il était naturel d’opter d’office la religion musulmane.

Je choisirai mon destin ! Je choisirai mon destin ! On me parlait de ces prophètes dont l’un aurait d’un coup de bâton fendu la mer en deux ; qu’un autre aurait été avalé par un animal marin géant et qu’il fut relâché après de longues incantations à la grâce du Seigneur ; qu’un autre encore aurait sauvé l’humanité, sa faune et sa flore, d’un déluge en prenant un mâle et une femelle de chaque espèce en les mettant à l’abri dans une arche construite selon les recommandations de Dieu ; qu’un autre prophète savait parler aux animaux, et qu’un autre enfin aurait marché sur l’eau, transformé l’eau en vin et ressuscité les morts… Miracles ! Miracles ! Miracles ! Jour après jour, mois après mois, année après année, les mythologies anciennes issues du désert d’Arabie m’étaient contées par les instituteurs, par ma mère, par la famille de ma mère dont mon oncle, sa femme et son fils sont fondamentalistes, et bien sûr par les imams des mosquées dans les prêches du vendredi, et quotidiennement durant le mois de ramadan : le mois où les musulmans doivent jeûner afin de se rapprocher de Dieu, et s’abstenir de boire, de manger, et d’entretenir des relations sexuelles, du lever au coucher du soleil. Les portes du Paradis s’ouvrent, celles de l’Enfer se ferment et les démons avec à leur tête Satan sont mis au cachot : un mois pendant lequel les anges entourent les demeures où le Coran est récité ; un mois où la récompense des bonnes actions est multipliée et les péchés sont pardonnés.

Mais si les démons et Satan se retrouvent enchaînés, alors comment les pires atrocités peuvent-elles se produire lors de ce mois sacré ? N’y a-t-il pas eu d’attentats à Ankara ? Les tueries de l’organisation de l’État Islamique ont-ils cessé ? Encouragés par Satan ou pas, les êtres humains continueront à commettre les pires atrocités. Cela démontre qu’il n’y a pas plus grands démons que les humains… Ce que je trouve cocasse pendant ce mois est que les mosquées deviennent archicombles et qu’à la fin du mois « les maisons de Dieu » se retrouvent de nouveau avec une assistance clairsemée. Ce n’est qu’à ce moment de l’année que les mosquées se remplissent. Les musulmans non-pratiquants deviennent pratiquants le temps d’un mois. Mais le plus insolite dans tout cela est qu’après le ftour, le repas qui rompt le jeune, les musulmans retrouvent leur activité favorite, le harcèlement des femmes dans la rue. Les fumeurs et les amateurs d’alcool font une pause pendant ce mois pour reprendre de plus belle à la fin du mois de ramadan. Quelle hypocrisie ! Dire que le ramadan est le mois qui freine la libido pendant la journée mais la stimule bien plus après le ftour, serait une lapalissade.

Dans les pays musulmans comme le mien, ne pas jeûner peut coûter six mois de prison et pourrait conduire au lynchage des non-jeûneurs. Lynchés comme ce jeune couple marocain qui avait eu « l’audace » de déjeuner sur la terrasse d’un fast-food connu de tous : McDonald’s. Et ce, en plein ramadan. La vidéo a rapidement circulé sur les réseaux sociaux. Une avalanche d’insultes s’ensuivit. Vingt minutes plus tard, l’enregistrement vidéo s’est retrouvé sur tous les électroniques d’information.

Qui a provoqué une cette avalanche de réactions ? Une personne qui serait, comme on dit au pays qui est le mien, mramden, et qui les a surpris dans le feu de l’action ! Pour information, mramden» est l’état nerveux d’une personne qui jeûne, supportant avec grand peine les privations ramadanesques et cherchant querelle à tous les malheureux qui croisent son chemin.

L’Islam parle d’un Dieu invisible qu’on nomme Allah et ayant quatre-vingt-dix-neuf noms, il vit au-dessus de nous, sa demeure est au ciel, la kaâba et les mosquées que les fidèles ont construites pour l’adorer. Il a créé deux demeures, la première est le Paradis que tout le monde désire et la seconde est l’Enfer que tout le monde craint. Il a choisi parmi les humains, des élus, ses porte-paroles, des prophètes afin de nous guider vers le « droit chemin ». Ceux-ci pointent les erreurs et les fautes, ils constituent un lien entre les créatures terrestres et le royaume céleste, celui d’un Dieu qui aurait révélé ou inspiré trois livres : la Torah, l’Ancien et le Nouveau Testament et le Coran.

Le Coran est le livre des livres. »… Pour ce que j’en compris, son écriture a duré vingt ans, de l’année 612 à l’année 632, et la langue d’écriture choisie est l’arabe. Dieu a envoyé son archange Gabriel, Jibril pour les musulmans, dans le royaume terrestre avec en sa possession quelques lignes, plus communément appelés versets, et les a fait connaître au prophète Mahomet afin que ce dernier les communique à ses fidèles. C’est un recueil de cent-quatorze sourates arrêté dans sa version définitive par le calife Othman. Plusieurs versions existaient avant cette initiative, mais elles furent détruites sur ordre de ce calife.

Certaines sourates furent révélées au prophète dans la ville bénie par la lumière de Dieu, la ville illuminée, Médine, et furent nommées sourates médinoises alors que d’autres furent révélées dans la ville sainte où se trouve la kaâba, la Mecque, et furent appelés sourates mecquoises.

Je doute… Qui a écrit ce livre ? Est-ce Dieu ? On n’en a pas la certitude, son existence tout comme son inexistence restent un mystère ! Et y a-t-il une preuve de l’existence de l’archange Gabriel ? Est-ce le prophète ou les califes qui ont parlé ? Ou bien des auteurs inconnus ?

Et les propos recueillis par le prophète Mahomet sont-ils les mêmes depuis la révélation, sachant que l’assemblage des sourates s’est fait quatre ans après la mort de prophète ? Des versets n’ont-ils pas été omis ? D’autres n’ont-ils pas été rajoutés ? Des erreurs n’ont-elles pas été commises lors de la retranscription des versets venant tout droit de la bouche des personnes ayant appris ces versets du prophète lui-même ? Les mêmes questions devraient se poser pour les hadiths dont la véracité est encore plus douteuse…

Je n’arrivais pas ensuite à comprendre certaines choses dans les « saintes » écritures. Je vais essayer de les énumérer ici.

Dans certains versets du Coran, Dieu ordonne aux musulmans de prier, de jeûner, de faire l’aumône, le pèlerinage si possible, et puis dans d’autres versets, Dieu nous dit qu’il est riche de nos actions. Quel est le but de ces pratiques alors ? Être admis au Paradis ? Le Paradis est le but ultime des musulmans, dont les places limitées leur sont réservées.

Ma vie n’est pas un test dont le résultat décidera de ma demeure après la mort, le Paradis ou l’Enfer. Je ne suis pas prêt à sacrifier ma vie pour une vie dans l’au-delà dont on a aucune preuve. Des pratiques comme le jeûne, la prière, etc. ne sont pas pour moi une manière de juger la vie. Je suis convaincu que la bonté du cœur et de l’esprit et la participation au développement positif de l’humanité sont les seuls critères pour juger une vie. Mais nul n’a le droit de juger ma vie et ce que j’en ai fait.

  • Pourquoi un scientifique, un philosophe, un médecin… qui a été bénéfique à la société n’entrera jamais au Paradis pour l’unique raison qu’il est pas musulman ?
  • La confrontation entre les versets de paix et ceux qui appellent à la guerre… L’Islam est-il pour la paix ou bien plutôt pour la guerre ? Les versets médinois abrogent-ils les versets mecquois ? Les versets mecquois abrogent-ils les versets médinois ? Les versets mecquois parlent de spiritualité et d’imposition de dogme et ceux révélés à Médine datent du moment où le prophète devint chef de guerre. Et puis, les versets mecquois précèdent les versets médinois.
  • La position divine systématique de vouloir favoriser et de rechercher le confort de l’homme aux dépends la femme.
  • La promesse de se délecter de rivières de vin et d’avoir les faveurs de dizaines de vierges dans l’au-delà si le musulman s’abstient de boire de l’alcool ou d’avoir des relations extraconjugales ici-bas. C’est ce qui est dénoncé dans ce quatrain du grand poète persan Omar Khayyam : « Vous dites que des rivières de vin coulent au Paradis, Le Paradis est-il une taverne pour vous ? Vous dites que deux vierges y attendent chaque croyant, Le Paradis est-il un bordel pour vous ? »
  • Pourquoi les fidèles des deux prophètes Moïse et Jésus se retrouveront-ils en Enfer, alors qu’ils prient le même Dieu ?
  • Si nous descendons tous d’Adam et Ève et de leur progéniture, cela signifie-t-il que les enfants du premier couple ont commis l’inceste ? Les récits coraniques disent que le premier couple aurait mis au monde lors de chaque accouchement un garçon et une fille… Les mariages entre garçons et filles, issus d’accouchements différents, n’étaient pas considérés comme de l’inceste. Ce serait quoi alors l’inceste ?
  • Le Coran et les saintes écritures nous disent que nous avons été faits à l’image de Dieu. Sommes-nous donc tout-puissants et parfaits ? Alors pourquoi devrait-on nous blâmer pour nos erreurs ?
  • Tantôt on nous incite à la tolérance vis-à-vis des non-musulmans, tantôt ces derniers sont nommés mécréants et sont rabaissés au rang d’animaux (porcs, vaches, singes…), on leur dénie donc leur humanité : « Les pires bêtes, auprès de Dieu, sont ceux qui ont été infidèles et qui ne croient donc point. » (Sourate 8, Verset 55). « Et ceux qui mécroient jouissent et mangent comme mangent les bestiaux ; et le Feu sera leur lieu de séjour. » (Sourate Mohammed, Verset 12) « Quant à ceux qui n’ont pas cru, ils auront un breuvage d’eau bouillante et un châtiment douloureux à cause de leur mécréance. » (Sourate Yunus, Verset 4) « À ceux qui ne croient pas, on taillera des vêtements de feu, tandis que sur leurs têtes on versera de l’eau bouillante […]. Toutes les fois qu’ils voudront en sortir à la détresse, on les y remettra et on leur dira : Goûtez au châtiment de la Fournaise. » (Sourate Al Hajj, Verset 19 et 22) « Les mécréants ressemblent à du bétail auquel on crie et qui entend seulement appel et voix confus. Sourds, muets, aveugles, ils ne raisonnent point. » (Sourate La Vache, Verset 171)
  • Quant à l’attitude du Coran et des « hadiths » vis-à-vis des juifs : « Vous avez certainement connu ceux des vôtres qui transgressèrent le Sabbat. Et bien Nous leur dîmes : « Soyez des singes abjects ! » (Sourate 2, Verset 65) « Les Juifs disent : “Uzayr est fils d’Allah” et les Chrétiens disent : “Le Christ est fils d’Allah”. Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Qu’Allah les anéantisse ! » (Sourate Tawba, Verset 30) Le prophète a dit : « Aucun musulman ne mourra sans qu’Allah n’admette à sa place un juif ou un chrétien dans le feu de l’Enfer. » Rapporté par Muslim Le prophète a dit aussi : « L’heure du jugement n’arrivera pas tant que vous n’aurez pas combattu les juifs et à tel point que la pierre, derrière laquelle s’abritera un juif, dira : musulman ! voilà un juif derrière moi, tue-le ! » Rapporté par Muslim
  • La charia qui est la loi islamique, condamne l’homosexualité et prescrit pour eux la peine de mort. Dans le Coran, il est indiqué que les membres du peuple de Loth, prophète et neveu d’Abraham, étaient les premiers à avoir commis l’homosexualité, leur sort était le suivant : « Et pour toute réponse, son peuple ne fit que dire : « Expulsez-les de votre cité. Ce sont des gens qui veulent se garder purs ! ». Or, Nous l’avons sauvé, lui et sa famille, sauf sa femme qui fut parmi les exterminés. Et Nous avons fait pleuvoir sur eux une pluie. Regarde donc ce que fut la fin des criminels ! » (Sourate al-A’raf, Versets 83 et 84)

Si Dieu est bien Celui qui a révélé le Coran, alors ces versets de haine en général et de haine des juifs, des chrétiens et des non-croyants, de misogynie, de phallocratie, de guerre, d’homophobie sont bien les siens, alors pour moi, il a perdu sa vertu de bonté. C’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles j’ai perdu la foi, qui m’a accompagné durant quinze années de ma vie, et je ne crois plus en Dieu.

Comment peuvent-ils enseigner à l’école tout ce fatras comme des vérités absolues alors que l’enfant n’a pas encore les capacités nécessaires pour décortiquer ce qu’il reçoit avec un esprit critique ? Comment peuvent-ils inculquer ces versets de haine et de racisme à des enfants ? Ils exploitent leur innocence en les terrorisant avec des idées trompeuses, sans preuves du Paradis… ni de l’Enfer ! À quand le réveil ? À quand la prise de conscience ?


* Ce texte est le témoignage d’un jeune maghrébin mineur. Il nous raconte son parcours qui l’a conduit au-delà des frontières de la croyance, un chemin qui mène de l’islam à l’athéisme. Mustapha, le prénom donné, pour des raisons évidentes, est un pseudonyme.

Tags : athéisme coran islam sens de la vie

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