Les Athées de Belgique
atheesdebelgique@gmail.com
  • Qui sommes nous ?
    • Nos objectifs
    • Nos statuts
    • Idées reçues
    • L’athéisme, une nécessité ?
  • Agenda des activités
  • Newsletters
  • Nos vidéos, nos éditions…
    • Edition
      • Livre
      • Revue
    • Vidéos
      • Événements ABA
      • Autres
  • Nous soutenir
    • Devenir membre
    • Faire un don ou un legs
  • Contactez-nous

Archives par mot-clé: athées

L’athéisme, enfin objet d’étude sociologique 

Posté le 25 septembre 2022 Par ABA Publié dans Athéisme Laisser un commentaire

Patrice Dartevelle

Comme, selon le dicton, « petit à petit, l’oiseau fait son nid », l’athéisme devient un objet d’étude pour les sociologues spécialisés en religions et en croyances. C’est une nouveauté.

Dans un ouvrage que j’ai utilisé précédemment, Philippe Portier et Jean-Paul Willaime reconnaissaient que « la sociologie a longtemps montré peu d’appétence pour l’areligion »[1]Philippe Portier & Jean-Paul Willaime, La religion dans la France contemporaine. Entre sécularisation et recomposition, Paris, Armand Colin, 2021, p. 65. Voir mon article … Continue reading. On ne peut donc que se réjouir de voir l’ouvrage dirigé par Pierre Bréchon et Anne-Laure Zwilling, Indifférence religieuse ou athéisme militant ? paru en 2020 [2]Pierre Bréchon et Anne-Laure Zwilling (dir.), Indifférence religieuse ou athéisme militant ? Penser l’irreligion aujourd’hui, Grenoble Fontaine, Presses universitaires de … Continue reading.

Une de leurs contributrices, spécialisée dans les États-Unis, Nathalie Caron, abordant l’indifférence religieuse dans ce pays, expose en incise que « l’indifférence religieuse est un positionnement – dont on dira d’emblée qu’il se trouve dans une sorte d’angle mort de la recherche actuelle – que l’on rencontre aux États-Unis. »[3]Nathalie Caron, L’indifférence religieuse existe-t-elle aux États-Unis ?, op. cit., sub (2), pp. 71-82, cf. p. 71.

Dans leur importante contribution au livre, Abel François et Raul Magni-Berton constatent d’abord que « l’athéisme est encore relativement peu étudié », ensuite que la catégorie des sans religion, incluant l’athéisme, peut traiter de celui-ci mais qu’il est « rarement appréhendé dans son contenu propre » et concluent que « […] l’athéisme comme catégorie à part est l’objet de peu de travaux, malgré son développement dans les sociétés occidentales, et notamment en France. »[4]Abel François et Raul Magni-Berton, « L’athéisme des scientifiques français : conséquences de leur amour de la science et de leur socialisation politique », op. cit., … Continue reading

Plus complet et plus nuancé, Philippe Portier, dans sa conclusion, reprend dans sa première phase le constat déjà cité (cf. note 1), en justifiant le choix du terme « areligion » plutôt qu’« irreligion », ce dernier connotant l’hostilité à la religion, et le premier englobant l’hostilité comme l’indifférence. Il cite son prédécesseur, François-André Isambert, autrefois professeur aux universités de Lille et de Nanterre, qui avait dès la fin des années 1970 (et qu’il a rejeté en 1992 dans De la religion à l’éthique) pointé ce « déficit », ce qui l’avait conduit à dire la nécessité de prendre au sérieux, en ce monde sorti de la transcendance, les déterminants non religieux des conduites morales de nos contemporains. « La sécularisation, affirmait-il, ne peut se réduire à n’être qu’un vaste processus d’évidement de la croyance religieuse. »[5]Philippe Portier, « Conclusion. Une sociologie de l’areligion contemporaine », op. cit. sub (2), pp. 157-169, cf. p. 157.

Dans leur introduction générale, P. Brechon et A.-L. Zwilling nuancent et explicitent le propos.

Ils assurent également que « Réfléchir sur la non-religion, l’athéisme, l’indifférence religieuse devient un enjeu majeur pour les sciences sociales des religions » et plus catégoriquement encore que « Les sciences sociales n’ont plus beaucoup d’avenir si elles restent enkystées dans l’étude du religieux » (p. 14).

Bien évidemment, ils donnent pour raison un élément important, à savoir qu’au-delà de la réalité de la sécularisation (on trouve encore des historiens et des sociologues des religions d’obédience religieuse qui ne peuvent s’empêcher d’entretenir un certain espoir[6]Je pense à l’historien Guillaume Cuchet dans mon article cité en note (1), qui ne traite cependant pas de cet aspect.), il faut « comprendre comment des populations de plus en plus non religieuses « feront société ». Les sociologues des religions ont en effet considéré que la religion était le moteur et l’aliment du système de valeurs et par suite de la détermination des choix politiques, ce dernier aspect devenant cependant moins clair qu’il y a ne serait-ce que quarante ans[7]En 1981 en France, la superposition du vote pour François Mitterrand avec celle de la sécularisation à la fin du XVIIIe siècle, pendant la Révolution française, était frappante, Bretagne … Continue reading.

Tel est bien mon sentiment sur la problématique du « faire religion ». Je dirais un peu plus précisément qu’il faut d’abord que les athées sachent eux-mêmes comment « faire société » dans ce nouveau cadre et ce, au-delà des appels incantatoires à la laïcité (laquelle ?) et à l’État de droit. 

Ces derniers forment un cadre indispensable à la liberté de chacun mais ne donnent pas par eux-mêmes un système de valeurs autonome. 

Athéisme ou indifférence ?

Pierre Bréchon, ancien professeur de sociologie à Sciences-Po Grenoble, traite, dans sa contribution personnelle, de l’irreligion avec le souci permanent de distinguer l’athéisme qu’il qualifie dans ce cas de « convaincu », terme que l’on comprend et que je trouve assassin pour les agnostiques et autres adeptes (une fois de plus je manifeste ma très faible empathie pour les agnostiques et ceux qui ne pensent pas) de l’indifférence[8]Pierre Brechon, « Sociologie de l’athéisme et de l’indifférence religieuse », op. cit. sub (2), pp. 53-69..

D’emblée, il s’oppose aux médias (j’ajouterais à pas mal de religieux et à quelques « experts ») qui propagent la thèse de l’accroissement de l’importance des religions dans nos sociétés et du retour du fondamentalisme religieux. C’est la thèse médiatique du retour du religieux et du « XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas ».

Pour P. Bréchon, « À l’inverse de ces affirmations, en partie liées à des zooms médiatiques sur les évènements d’actualité et sur de petits groupes fanatiques du religieux [en clair les attentats djihadistes], on peut considérer que la thèse classique de la sécularisation, c’est-à-dire d’une perte de prégnance et de sens des religions en Europe, est toujours valide (p. 53), quitte à l’approfondir ou à analyser les transformations des religions traditionnelles.

La première analyse est qu’actuellement, même dans les cas des religions, règne une forme d’indifférence au sens où la religion n’intéresse plus : elle n’est plus le « système intégrateur de toute la culture » (p. 54). Elle n’est même plus « un stand de kermesse », selon la formule d’un autre sociologue, Y. Isambert, qui aboutit à ce que la religion ne mérite plus qu’on s’y oppose.

Le premier objectif de P. Bréchon est d’examiner, spécialement à travers le cas de l’indifférence, si les sociétés européennes « s’orientent vers une indifférence religieuse molle, compatible avec des bribes de sentiments religieux épars » ou si « l’indifférence va mener à l’effacement de la question religieuse ».

Sociologie et valeurs des athées

Si l’on consulte les derniers chiffres européens disponibles en 2020, ceux de l’European Values Studies (EVS) de 2008, on voit que sur le total des 27 pays européens, 30 % des sondés se disent non religieux et 8 % athées (contre 4 % en 1990). Les disparités selon les pays sont considérables (1 % à Chypre, à Malte ou en Lituanie) mais 20 % en France et 24 % en Allemagne de l’Est[9]Pour l’Allemagne de l’Est, deux thèses au moins s’opposent pour exprimer un des plus hauts chiffres d’« athées convaincus » : pour les uns, la cause est la friabilité du … Continue reading.

La question sur l’appartenance actuelle ou passée à une religion est intéressante.

Un point dans les réponses est significatif parce qu’en forte évolution. En 1990, 9 % des répondants à la question déclaraient n’avoir jamais été membres d’une religion mais en 2008, le chiffre monte à 19 %. Autrement dit, l’accroissement du nombre d’athées ou des sans religion provient de personnes – jeunes – qui n’ont jamais reçu d’éducation religieuse.

Dès lors, on peut s’attendre à l’accroissement du groupe des non- religieux.

Par contre, les chiffres sur l’importance de Dieu sont stables à 35 % pour la non-importance et 45 pour l’importance. Mais Dieu et religion ne sont pas la même chose.

Sociologiquement, les hommes sont plus nombreux que les femmes à être athées de même que les jeunes par rapport aux plus vieux.

En ce qui concerne l’âge, P. Bréchon rapporte que les enquêtes EVS s’étendant maintenant sur plusieurs décennies, on peut voir que l’âge ne rend en réalité pas plus religieux mais que c’est affaire de génération. Les générations nées il y a longtemps s’effacent et sont remplacées par de plus jeunes, moins religieuses. Ceci aussi joue sur l’accroissement des athées et des non-religieux.

Les revenus importent aussi. Si 9 % des Européens sont athées, ce n’est le cas que de 4 % des très bas revenus mais 11 % des très hauts revenus.

Le niveau d’éducation donne des chiffres correspondants : 4 % d’athées pour ceux qui n’ont pas dépassé le niveau primaire, 12 % pour ceux qui ont accompli des études supérieures.

Reste un point essentiel : l’attachement à différentes valeurs selon la religiosité, l’athéisme ou l’indifférence. 

La spécificité des athées convaincus est très forte. Ils adhèrent fortement à une plus grande permissivité des mœurs, à l’autonomie des individus et à une plus grande indulgence face aux « incivilités » (comme ne pas payer le ticket de bus). Ils soutiennent peu les valeurs autoritaires, valorisent l’égalité entre les gens ; ils sont peu nationalistes, plus politisés (le plus souvent à gauche).

Ils sont plus individualistes et moins ouverts à la solidarité envers les autres. Ce dernier point est en fait très marqué chez les athées les plus jeunes tandis qu’entre les personnes de plus de 60 ans, il n’y a pas de différence significative sur ce plan entre les croyants et les athées.

La xénophobie n’entraîne pas de distinction réelle selon les convictions.

La conclusion de P. Bréchon est que l’indifférence – à ne pas confondre avec l’athéisme « convaincu » – n’est pas affaire d’opposition frontale à la religion et qu’elle conserve quelques traces de religion avec parfois des tendances à la socialisation de la vie et de la nature, ce qui corrobore la position que j’ai exprimée en 2013[10]Je renvoie en fait plus à mon article « Le retour de la spiritualité : nouveau masque des religions? », in La Pensée et les Hommes, Francs-Parlers, 2015 ou Newsletter de … Continue reading.

Athées, catholiques, musulmans et sentiment national

Un article traite d’un autre aspect des valeurs.

Sébastien Roché, Sandrine Astor et Ömer Bilen ont traité du choc de l’identification entre religion et nation chez les adolescents[11]Sébastien Roché, Sandrine Astor et Ömer Bilen, « Sentiment national : un clivage entre adolescents irreligieux et musulmans », op. cit. sub (2), pp. 99-115..

L’étude a porté en 2015 sur plus de 11 000 collégiens des classes de 5e, 4e et 3e du système français, tous vivant dans le département des Bouches-du-Rhône (Marseille).

Ils étaient classés en quatre catégories : sans religion (38,4 % des élèves interrogés), catholiques (30,1 %), musulmans (25,3 %) et autres religions (environ 6 %).

Ce type de sondage n’est pas rare.

Celui-ci est plus précis. Sur l’importance de la religion, on peut par exemple voir sans surprise que pour 80,3 % des sans religion, la religion n’a pas d’importance mais que 19,7 % lui en confèrent un peu et que ce dernier chiffre provient des indifférents, les athées « convaincus » étant parfaitement négatifs.

L’opposition entre musulmans et catholiques sur la question est impressionnante : 62,4 % des musulmans trouvent la religion très importante contre 6,2 % chez les catholiques.

Certes, la formulation de la question-clé sur le rapport à la question (Vous sentez-vous français ?) n’est pas transposable à la Belgique et en outre, les réponses mêlent le problème de la religion et celui de l’immigration.

Les chiffres, qui me semblent corroborer les précédentes études, sont catégoriques : 30,7 % des musulmans déclarent une préférence pour l’identité française (contre 60,3 % pour ceux de la catégories « autres religions »).

Les non-religieux sont le plus nettement attachés à leur conviction (79,6 %), à peine plus que les catholiques (76,8 %).

Je relèverai les chiffres de réponse à une autre question, qui me semblent pointer le principal péril, celle qui porte sur l’interdiction des livres et films qui attaquent la religion.

Les trois principaux groupes sont différenciés entre très convaincus et moins convaincus.

Il faut certes tenir compte ici de l’âge des sondés mais les résultats ne sont pas ceux attendus. Certes, 53,3 % des musulmans convaincus sont pour l’interdiction mais 15,2 % des athées aussi. La différence entre indifférents (athées peu convaincus) et catholiques peu convaincus est marginale : 22,1 % des indifférents et 20,3 % des catholiques peu convaincus sont pour l’interdiction, 28,2 % des sans religion et 40,3 % des catholiques peu convaincus – c’est le groupe le plus libéral – respectivement pour l’autorisation.

Ceci montre que placer la frontière entre le groupe des croyants et celui des sans religion regroupant les athées et les indifférents est ici plus que discutable.

Si l’on ajoute que, résultat particulièrement rare, le groupe le plus nombreux est pratiquement chaque fois celui qui répond « je ne sais pas » (45,2 % des athées, 49,2 % des indifférents, 39,9 % des catholiques convaincus, 39,4 % des catholiques peu convaincus et 38,2 % des « autres religions »), on peut voir que la situation d’une valeur essentielle, la primordiale à mes yeux, la liberté d’expression, est en pleine instabilité chez les adolescents.

La notion perverse du respect de la religion d’autrui semble bien faire une grande percée chez les plus jeunes.

Universitaires et athéisme

Un des apports les plus originaux du livre porte sur l’athéisme des titulaires de professions académiques, les professeurs et les autres scientifiques. C’est la contribution d’Abel François et Raul Magni-Berton.

La réputation, d’indifférence ou l’hostilité des universitaires occidentaux, américains compris, à l’égard des religions n’est pas une idée parfaitement neuve mais la voir décrite et analysée en la croisant avec les opinions politiques est rare sinon neuf. 

Abel François et Raul Magné-Berton se sont penchés sur le cas de la France. Cela implique certaines spécificités qu’on ne peut transposer. Le cas belge avec la majorité de ses universités polarisées serait sans doute différent même si les croyances des académiques dans les universités catholiques sont très loin de ce qu’elles étaient il y a quelques décennies[12]L’Association Belge des Athées compte dans ses rangs deux professeurs (dont un émérite) de l’Université catholique de Louvain..

L’étude menée en 2011 par les deux chercheurs montre que, tandis que l’on compte 18 % d’athées dans la population française, 50 % des scientifiques français se déclarent athées, 31 % agnostiques contre 37 % dans la population générale, 19 % religieux contre 44 % dans la population générale.

L’étude donne même la variance de l’athéisme selon les disciplines. Anthropologie et ethnologie arrivent en tête avec 69 % dont la biologie et les sciences du langage. Les disciplines des sciences « dures » oscillent entre 56 et 44 %. Le droit donne le moins de scientifiques religieux (mais la discipline me semble un peu particulière en termes de méthode) avec 33 % d’athées. Il est précédé par les sciences politiques avec 39 %, et par les sciences humaines, historiques et la littérature avec 43 %. Le cas de la médecine n’est pas cité.

Comparé avec d’autres groupes français, l’athéisme des scientifiques français présente un écart énorme, de l’ordre de 30 % pour les catégories professionnelles les plus athées après les scientifiques.

Une étude de comparaison avec quelques pays montre que, laissons de côté l’Asie, tant au Royaume-Uni (40 %), qu’aux États-Unis (35 %) et qu’en Italie (20 %), les scientifiques présentent un taux d’athéisme très nettement supérieur à celui de la moyenne de la population (environ 30 % d’écart, sauf en Italie où il est de 17 %).

Reste à expliquer cet athéisme.

Les auteurs attestent évidemment de l’importance de la valorisation de la science de la part des scientifiques. Cette valorisation, sans obliger à l’athéisme, minore la religion (l’athéisme « méthodologique » de la science). Il faut tenir compte dans certains cas (par exemple la biologie, l’astronomie, l’astrophysique) de conflits entre la science et la religion.

Quand on teste en dix degrés les réponses des scientifiques entre deux pôles, « la science est un ensemble de croyances et d’opinions comme un autre », d’une part et « la science est la seule manière sérieuse de comprendre la vie » d’autre part, 66 % des scientifiques qui adhèrent le plus à la seconde formulation se déclarent athées. On atteint seulement 28 % d’athées pour la formulation la plus proche du premier pôle.

Les auteurs proposent une autre piste : les positions politiques des scientifiques.

L’héritage marxiste pèse lourd dans les universités, surtout en France.

Les scientifiques ont des opinions politiques très marquées. En 2011, sur près de 1 600 réponses, 23,2 % se déclarent radicalement révolutionnaires et 63,2 % des membres de ce groupe se déclarent athées. Les « réformistes » constituent le groupe le plus important (75,9 %) et 45,9 % des membres de ce groupe se déclarent athées, soit pratiquement la moyenne. 1,1 % des sondés déclarent qu’il ne faut rien changer à la situation actuelle, soit 18 personnes, ce qui ne permet pas l’analyse.

Pour les auteurs, les deux éléments, pratiques de la science et engagement à gauche, ont un effet cumulatif en faveur de l’athéisme.

Abel François et Raul Magni-Breton ont également mené une analyse multivariée de l’athéisme des universitaires français, incluant le sexe, l’âge, être né en France et la différence entre professeurs et directeur de recherches d’une part, chargés de recherche ou maîtres de conférences d’autre part.

Le fait de soutenir que la science est le seul moyen sérieux de comprendre le monde augmente de 40 % la probabilité d’être athée. Un scientifique se déclarant révolutionnaire a 1,4 fois plus de chance de se déclarer athée par rapport à un scientifique non révolutionnaire.

Les deux phénomènes ont une influence comparable et les auteurs concluent qu’il n’est pas possible de déterminer quel est le facteur le plus important.

Ce sont les aléas de toute recherche de cause.

Le premier péril comme dans d’autres recherches de déterminations « sociologiques » ou en tout cas externes est que le sujet de recherche est automatiquement rabaissé par la limitation ou la négation de son autonomie.

L’inanité des dogmes religieux n’est-elle pas particulièrement évidente à tout qui a fait de longues études ?

De plus, il existe bien d’autres éléments et analyses dans le passage à l’athéisme.

L’analyse récente de Thierry Ripoll ne contredit pas l’explication par la pratique du raisonnement scientifique[13]Thierry Ripoll, Pourquoi croit-on ? Psychologie des croyances, Auxerre, Sciences humaines Éditions, coll. Accent aigu, 2020, spécialement pp. 260-271.. Il voit, en termes de psychologie, l’athéisme comme le produit du travail analytique face à l’attitude intuitive spontanée.

Alors que la science a un caractère contre-intuitif, la religion et les concepts religieux s’établissent sur des représentations facilement mémorisables et, comme l’a dit P. Boyer « minimalement contre-intuitives », ce qui les rend « épidémiques ». 

Le programme des athées

L’athéisme prend, grâce à l’évidence, une place réelle dans la sociologie des religions et des croyances, ce qui est un grand progrès.

Ce qu’on peut en savoir désigne à mon sens le programme des athées : développer sans frein ses réflexions, ses positions, sa structure philosophique.

À l’évidence, du travail reste à faire[14]Cette question n’est pas réellement neuve. Elle était traitée à l’époque du passage des anticléricaux à l’athéisme vers 1880. Ainsi, le représentant de La Libre Pensée, Adolphe Van … Continue reading. Il ne peut l’être dans un sens dogmatique et à sens unique, qui ne serait ni possible ni souhaitable.

Mais bien des risques existent : la critique des religions se heurte à l’obstacle sensiblement plus présent qu’autrefois qu’est le respect enfantin des opinions d’autrui, voire un hyper relativisme très orienté.

Les athées sont devenus part entière respectée en Europe mais ils restent spécifiques.

Références[+]

Références
↑1 Philippe Portier & Jean-Paul Willaime, La religion dans la France contemporaine. Entre sécularisation et recomposition, Paris, Armand Colin, 2021, p. 65. Voir mon article « Des effets pervers de l’effondrement des religions traditionnelles », Newsletter de l’Association Belge des Athées, N°35, postée le 22/12/2021 sur athees.net, et L’Athée, N°9 (2022), pp. 81-90.
↑2 Pierre Bréchon et Anne-Laure Zwilling (dir.), Indifférence religieuse ou athéisme militant ? Penser l’irreligion aujourd’hui, Grenoble Fontaine, Presses universitaires de Grenoble, 2020, 190 pp.
↑3 Nathalie Caron, L’indifférence religieuse existe-t-elle aux États-Unis ?, op. cit., sub (2), pp. 71-82, cf. p. 71.
↑4 Abel François et Raul Magni-Berton, « L’athéisme des scientifiques français : conséquences de leur amour de la science et de leur socialisation politique », op. cit., sub 2, pp. 83-98, cf. p. 83.
↑5 Philippe Portier, « Conclusion. Une sociologie de l’areligion contemporaine », op. cit. sub (2), pp. 157-169, cf. p. 157.
↑6 Je pense à l’historien Guillaume Cuchet dans mon article cité en note (1), qui ne traite cependant pas de cet aspect.
↑7 En 1981 en France, la superposition du vote pour François Mitterrand avec celle de la sécularisation à la fin du XVIIIe siècle, pendant la Révolution française, était frappante, Bretagne exceptée.
↑8 Pierre Brechon, « Sociologie de l’athéisme et de l’indifférence religieuse », op. cit. sub (2), pp. 53-69.
↑9 Pour l’Allemagne de l’Est, deux thèses au moins s’opposent pour exprimer un des plus hauts chiffres d’« athées convaincus » : pour les uns, la cause est la friabilité du protestantisme et pour d’autres la persistance du cérémoniel de « confirmation athée », implantée à l’époque du Gouvernement communiste (cf. p. 61, article 12).
↑10 Je renvoie en fait plus à mon article « Le retour de la spiritualité : nouveau masque des religions? », in La Pensée et les Hommes, Francs-Parlers, 2015 ou Newsletter de l’ABA, n° 34 ( décembre 2021). 
↑11 Sébastien Roché, Sandrine Astor et Ömer Bilen, « Sentiment national : un clivage entre adolescents irreligieux et musulmans », op. cit. sub (2), pp. 99-115.
↑12 L’Association Belge des Athées compte dans ses rangs deux professeurs (dont un émérite) de l’Université catholique de Louvain.
↑13 Thierry Ripoll, Pourquoi croit-on ? Psychologie des croyances, Auxerre, Sciences humaines Éditions, coll. Accent aigu, 2020, spécialement pp. 260-271.
↑14 Cette question n’est pas réellement neuve. Elle était traitée à l’époque du passage des anticléricaux à l’athéisme vers 1880. Ainsi, le représentant de La Libre Pensée, Adolphe Van Caubergh, donne deux conférences sur l’athéisme en 1881. La seconde porte sur les conséquences morales et sociales de l’athéisme. Le texte est publié en 1882 sous le titre L’athéisme dans ses conséquences morales et sociales, Conférence faite à La Libre Pensée par A. Van Caubergh. La mention se trouve chez Christoph De Spiegeleer « Le mouvement libre penseur et l’athéisme à Bruxelles dans la seconde moitié du XIXe siècle », in Histoire de l’athéisme en Belgique, Bruxelles 2011, pp. 182-183.
Tags : areligion athée athées catholiques croyances faire religion indifférence religieuse irréligion musulmans Pierre Bréchon religion sécularisation sociologie valeurs athées

La Confession libertine de la Marquise Émilie du Châtelet

Posté le 1 août 2020 Par ABA Publié dans Athéisme Laisser un commentaire

Marco Valdo M.I.

Dans cette Confession libertine, comme dans les précédentes entrevues fictives [1], un Inquisiteur tente de cerner l’athéisme de l’impétrante ; c’est le métier d’Inquisiteur de faire parler les suspectes et les suspects d’hérésie – « Parlez, parlez, nous avons les moyens de vous faire parler »[2]. On trouve face à l’enquêteur Juste Pape, la suspecte Marquise Émilie du Châtelet, née Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, à Paris en 1706 – femme de lettres, femme de haute éducation et de grande culture, mathématicienne et physicienne ; renommée pour avoir fait connaître en France les travaux de Newton et Leibniz. À côté de sa personnalité de femme savante, la Marquise avait aussi une vie de femme mariée, elle a eu quatre enfants ; coquette, portée sur les robes, les pompons, les rubans, les fanfreluches et les nœuds ; une femme forte, libre et libertine ; elle eut des amants, dont Voltaire (elle fut avec lui comme cul et chemise pendant quinze ans), le Duc de Richelieu et Maupertuis. Elle avait le goût des idées, de la conversation instructive, un solide penchant à l’indépendance et à la liberté de pensée.

Bonjour, Madame la Marquise. Je suis Juste Pape, enquêteur de l’Ovraar [3] en mission spéciale. Je voudrais tout d’abord m’assurer que vous êtes bien, Madame, la Marquise Émilie du Châtelet, née Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, à Paris en 1706.

Bonjour, Monsieur l’Inquisiteur, je le suis en effet et assez ravie de l’être.

À vrai dire, Madame la Marquise, je ne sais pas trop comment vous le dire, mais avec la circonspection la plus respectueuse, et pour tout dire, à ma grande consternation, on m’a demandé de vous recevoir et de vous poser principalement une question. Je vais aller tout droit au fait : mon dossier vous définit comme athée et c’est ce point-là qu’il me faut éclaircir. Je doute d’ailleurs très fort que vous le soyez du fait que vous êtes d’une famille catholique et que vous avez été inhumée en l’église paroissiale de Lunéville, petite ville dans l’est de la France.

C’est tout à votre honneur et à celui de votre congrégation, Monsieur l’Inquisiteur, de me dédouaner si habilement, car Lunéville à l’époque n’était pas en France, mais bien en Lorraine et croyez-moi, ça faisait toute la différence. À la cour de Lorraine, sous le règne de Stanislas qui, quoique officiellement catholique, était ouvert aux idées nouvelles et pratiquait la tolérance à l’égard des protestants et des athées. Il avait accueilli les francs-maçons persécutés à Paris. C’est d’ailleurs à proximité de la Lorraine, en mon château de Cirey, que je me suis réfugiée avec mon ami Voltaire, quand ses idées philosophiques menaçaient de le conduire une fois de plus en prison ; il vivait dans la hantise de la Bastille ; je ne pouvais supporter ce tracas, il gâchait nos soirées. Par ailleurs, pour répondre à votre interrogation, au moins sur un point et selon mon habitude, de manière un peu énigmatique, je vous rappellerai la fin de mon amie, la Baronne de Fontaine-Martel, qui n’avait jamais eu la foi. (L.28)[4]

Nous savons fort bien, dit l’Inquisiteur, que cette Baronne était tourmentée par une ombre et sa fille, Madame d’Estaing, disait : « C’est son irréligion qui la tourmentait, c’était le fantôme de sa perdition, le remords de son athéisme, les prémices de l’enfer ! » (L.53)

Monsieur l’Inquisiteur, il ne faut pas vous laisser aller à vous fier aux commérages et je vous conseille vivement de vous informer à meilleure source.

Justement, dit l’Inquisiteur, c’est ce que je fais. Alors, qu’en était-il vraiment de la Baronne ?

Ce qui la tourmentait au plus profond d’elle-même, Monsieur l’Inquisiteur, c’était d’avoir commis un enfant illégitime et secret avec un cocher ; c’était aussi de l’avoir abandonné dès son jeune âge. Elle l’avoua en une ultime et unique confession à un philosophe qu’elle logeait en sa demeure, je veux dire Voltaire. Au décès de la baronne, qui avait été assassinée, le lieutenant général René Hérault, pour des raisons de sûreté nationale et de secret policier, avait fait venir le curé de Saint-Eustache afin que ce dernier confirme qu’il l’avait lui-même confessée et qu’elle avait reçu de lui l’absolution, ce qui permettait à la baronne athée d’être inhumée dans les formes – entendez en terre chrétienne (L.44-45). Pour le premier policier de France, il s’agissait aussi d’étouffer dans l’œuf tout scandale, ce qui était nécessaire à la tranquillité publique ; l’État et la Religion y tenaient. On pouvait être athée tant qu’on voulait, mais ce devait être confidentiel. En somme, on était athée caché ; mais la façade devait être religieuse ou à l’extrême limite, déiste.

Hum, je vois, dit l’Inquisiteur. Il paraît que pour l’inhumation, on a fait de même avec le corps de Voltaire. Par ailleurs, le baron d’Holbach tout comme Diderot, tous deux athées affichés, furent enterrés à l’église Saint-Roch à Paris[5].

Ça, je ne le sais pas, dit la Marquise, j’étais déjà sous la paroisse. Assurément, personne n’avait envie de finir jeté à la voirie. En ce qui me concerne, on certifia tout ce qu’il fallut, surtout mon frère l’abbé Élisabeth-Théodose Le Tonnelier de Breteuil, qui comme vous le savez certainement, fut prieur commendataire de Saint-Martin-des-Champs et agent général du clergé de France jusqu’à sa mort en 1781. Cependant, je vous ferai remarquer que si je suis en un lieu consacré, c’est sous un épais marbre noir et sans aucune mention de mon nom. Mais dites-moi, Monsieur l’Inquisiteur, selon vous, selon vos dossiers, j’entends, du point de vue de l’Église, quelle fut la fin de Voltaire ?

Je comprends, Madame la Marquise, votre souci. Eh bien, voici. Voltaire, sentant sa fin prochaine, a voulu se prémunir contre un refus de sépulture, car lui non plus n’aimait pas l’idée d’être jeté à la voirie et comme l’avaient fait avant lui d’autres philosophes impies ou athées comme Fontenelle ou Montesquieu, il a fait venir un prêtre à qui il a remis une confession de foi minimale en échange de son absolution. Bref, on trouva là aussi un arrangement et son neveu l’Abbé Mignot l’emporta discrètement en son abbaye de Sellières, près de Romilly et le fit tout aussi secrètement inhumer dans un caveau sous l’église. Après une Révolution et maintes tribulations, Voltaire finira au Panthéon. La chose est amusante : en le mettant au Panthéon, on a rangé Voltaire parmi les dieux. Pour ce qui est de l’Église, une vraie conversion finale, écrite et signée de la main impie, aurait été un triomphe et même, non écrite, l’Église aurait bien voulu faire croire à cette conversion du philosophe.

Oh, dit la Marquise, la conversion de Voltaire, c’est comme l’existence de Dieu. Si l’Église veut y faire croire, on a tout lieu de penser que c’est un mensonge (L.41)[6]. En fait, malgré toutes ses nombreuses dénégations et ses affirmations nébuleuses, filles d’une grande prudence, Voltaire était, en la matière, comme qui dirait, un athée clandestin. C’est par diplomatie que le philosophe s’était résolu au déisme.

Madame la Marquise, dit l’Inquisiteur, il me semble que vous étiez mariée et que ce n’était pas avec Monsieur Voltaire avec qui vous avez pourtant vécu jusqu’à la fin de votre vie.

Oui, Monsieur l’Inquisiteur, j’étais mariée avec le Marquis Florent-Claude du Châtelet-Lomont ; j’ai eu quatre enfants. Mariée, évidemment ! Et Monsieur de Voltaire était célibataire ! Que voulez-vous, c’était une nécessité et ce fut une grande chance que mon époux fut militaire, lieutenant général des armées du Roi.

Et pourquoi donc une chance ?, demande l’Inquisiteur. Et pour qui ?

Oh, Monsieur l’Inquisiteur. D’abord pour le Marquis : il aimait surtout jouer avec ses soldats ; moi, j’étais plus intéressée par les mathématiques et la philosophie. Le Marquis venait me faire des enfants, puis il retournait à ses affaires guerrières ; il s’agissait de perpétuer la lignée des Chastelet. Moi, je retournais aux miennes qui furent principalement scientifiques, mathématiques et philosophiques ; je m’y suis adonnée des années en compagnie de Voltaire : on s’intéressait particulièrement aux travaux de Newton ; je me chargeais de l’aspect physique et mathématique ; Voltaire s’intéressait plus à la philosophie. On se disputait à propos de Leibniz. Finalement, j’ai rallié le point de vue de Voltaire. Mais il y en avait d’autres ; ainsi, pour les mathématiques, Pierre Louis Moreau de Maupertuis et Alexis Claude Clairaut ; pour ma dernière flamme amoureuse, le Marquis de Saint-Lambert. Je vous révèle tout ceci sous le sceau de la confidence, évidemment.

Ainsi, Madame la Marquise, je vois qu’en dehors de l’apparence et des convenances, dans vos relations avec certains de ces messieurs, vous ne respectiez en rien la morale chrétienne et je soupçonne de plus en plus la vérité de votre athéisme.

Oh, Monsieur l’Inquisiteur, si le fait d’avoir des amants ou des maîtresses, ne fût-ce seulement qu’une ou un, est une preuve d’athéisme, alors, vous pouvez me croire, le monde est peuplé d’athées. Cependant, je ne vais pas éluder la véritable question de l’athéisme et de mon supposé athéisme. Voilà donc : l’être ou si vous préférez, l’étant – en fait, tout ce qui est présent au monde – le réel, est par sa nature même athée. C’est une certitude ; tout le reste est sujet au doute. L’humain, par son imagination, ajoute – hors du réel – des objets et des entités ; pour les faire exister, il doit leur offrir ou leur insuffler l’assurance de leur existence, il doit les gonfler d’une certitude forcément artificielle : ce sont des croyances. La croyance se fonde sur un principe de certitude, elle est affirmation sans preuve, sans preuve possible et sans même, la nécessité de l’établissement de cette preuve. Elle se fonde sur elle-même, elle est pure création, mais une création de l’homme évidemment ; en somme, c’est une élucubration. Quant à moi, je ne suis que doute, ce qui est une sage résolution, mais aussi une précaution dont on ne devrait jamais se départir. J’ai bien essayé la certitude, je la voyais fille de la passion. Comme principe, la certitude est une fausse assurance auto-confirmée sans retour sur elle-même. J’ai expérimenté cette voie toute ma vie ; chez moi, la passion est la source de l’amour (et comme vous le savez, selon les religions, Dieu est amour, son message est amour), elle est le fondement de la croyance en l’amour ; mise à l’épreuve du réel, elle se dissout plus ou moins lentement, pour renaître ailleurs ; autrement, parfois. Ainsi, j’ai mis, j’ai accepté de la croyance dans ma vie, c’était la passion, la passion amoureuse ; elle voulait donner un sens à l’existence ; l’amour était censé donner certaine consistance à ma vie. À la fin, la passion ne me donnait même plus de satisfaction. En fait, ma seule vraie croyance fut cette passion, la passion amoureuse, mais elle n’était là que parce que je voulais y croire. À l’opposé, le moteur de mon intelligence du monde est le doute, porté par la liberté et l’effort de comprendre. Soumise à cet examen libre de préjugés, la passion se révélait pour ce qu’elle était : une ivresse du sentiment. On dirait maintenant, une tempête neuro-physiologique. J’en reviens à votre question sur mon supposé athéisme. D’abord, une définition, si vous permettez : l’athéisme résulte d’une absence de réalité de Dieu ; l’athéisme est la constatation et l’affirmation de cette absence. Pour établir la réalité de quelque chose, il faut une certaine consistance. Un Dieu, si personne ne le loue, si personne ne l’enseigne, si personne ne le proclame, il n’est tout simplement pas. C’est une croyance ; a priori, il n’existe pas. Pour qu’un Dieu existe, il faut qu’au moins, un humain y croie ; il faut y croire, c’est d’ailleurs le commandement des religions et leur fondement essentiel ; elles n’hésitent pas à user de la force pour en convaincre les incrédules. À la réflexion, si la croyance peut se satisfaire des histoires bibliques, face au principe du doute, compris comme point de départ nécessaire, face à l’incertitude de telles fantaisies, moi, je ne peux suivre la croyance en de tels errements. Les dieux, Dieu, les croyances et toutes ces sortes de choses, ce sont des histoires, racontées par un idiot et ne signifiant rien[7].

Ça commence mal, dit l’Inquisiteur. Soit, mais au-delà ?

Mais au-delà ? Précisément, au-delà ? Quel au-delà, Monsieur l’Inquisiteur ? Laissons-le là, cet au-delà, il est hors champ ; le doute le submerge totalement. Cet au-delà-là n’est pas sérieux. J’ai suivi les travaux de Wilhelm Leibniz et j’ai traduit et commenté les Principes mathématiques d’Isaac Newton. Je l’avais d’ailleurs fait à l’instigation et grâce à Voltaire. Enfin, dans le meilleur des mondes possibles, celui de la croyance, la passion est infinie ; dans le monde réel, comme j’ai dû m’y résigner, même avec Voltaire, elle se meurt, elle s’évanouit, elle s’anéantit complètement. Ensuite, il reste le goût et c’est ainsi que nous avons écrit à quatre mains à propos de philosophie et de science.

Exactement, Madame la Marquise, on vous a vue vivre durant des années en compagnie de ce philosophe, réputé pour cacher son athéisme sous le voile d’un déisme improbable ; il traitait Dieu d’architecte.

Ce n’est pas le cas, répond la Marquise, Voltaire penchait plutôt vers la Suisse. En vérité, il était surtout question d’horlogerie, d’un monde plus en accord avec un univers mécanique, une sorte de grande machine auto-régulée, une grande histoire mathématiquement décodable.

Tout va donc très bien, Madame la Marquise, dit l’Inquisiteur, mais la croyance en Dieu est objet de foi. De ce point de vue, que dites-vous de Dieu, de la croyance en Dieu ?

La question, Monsieur l’Inquisiteur, est que la foi est croyance et que la croyance relève de l’émotion. Il convient de savoir ce qu’est l’émotion, comment elle se forme et d’où elle vient ? Pour ce que j’en ai perçu et ce que j’en sais, c’est un processus intime à chaque personne, elle ressemble à une sorte de processus chimique. Dieu est une réponse à la peur, à l’angoisse face au monde réel et à ses incertitudes et à sa certitude de la mort ; cette réponse crée une illusion pour donner le visage du bonheur au monde, pour lui fournir un analgésique face à l’angoisse existentielle, née de l’ignorance. Vouloir proposer Dieu et la croyance comme explication du monde ne m’a jamais paru une démarche acceptable et je pense qu’elle est malsaine. Face aux choses que nous ne comprenons pas, la seule voie qui tienne, c’est la Science, entendue comme l’étude de la Nature ; elle est la clef de toutes les découvertes ; et s’il y a encore plusieurs choses inexplicables en Physique, c’est qu’on n’a pas été assez loin dans cette Science.[8]

Et que faites-vous de la cause nécessaire ?, demande l’Inquisiteur.

Vous faites bien de poser la question, Monsieur l’Inquisiteur, et je vous en remercie, car il est temps de dégonfler cette baudruche. Certes, cette cause nécessaire figure dans mes Institutions de Physique, livre destiné à mon fils, dans le chapitre où je lui expose les idées de Leibniz[9], dont cette histoire de cause nécessaire est la clé de voûte ; une clé nécessaire pour mettre fin au vertige de la mise en abyme de la création du monde. Ce sont les ruminations de Leibniz, ce qui n’en fait pas les miennes pour autant ; il est donc inexact de m’attribuer cette croyance et on est plus dans l’erreur encore, si on y voit une preuve de l’existence de Dieu. Ainsi, c’est dit.

À propos de bonheur, Madame la Marquise, dit l’Inquisiteur, vous avez bien écrit un Discours sur le Bonheur [10] ; il est, je vous l’assure, fort apprécié des dames de nos temps[11] ?

En effet, j’ai écrit un tel ouvrage, Monsieur l’Inquisiteur, mais à titre strictement personnel et je suis un peu fâchée qu’il ait été publié.

Pour ce que j’en sais de ce Discours, dit l’Inquisiteur, vous y développez votre conception des choses et des manières de vivre et je voudrais savoir quelle place vous faites à Dieu, à ses conseils, à ses injonctions ; bref, aux commandements qu’il nous a faits. Quelle est au fond votre morale ?

Alors là, Monsieur l’Inquisiteur, pour la place de Dieu dans ma vie, ma réponse est simple : aucune. Dieu n’a rien à faire dans ma vie ; il n’a pas à régenter ma vertu et je me charge de trouver moi-même ma paix intérieure et mon contentement, notamment, ne vous en déplaise, en compagnie de Voltaire. Ma liberté de vie et de sentiment, mon bonheur sont pour moi, une tranquille évidence. Mes passions et mes goûts sont la boussole de mon existence. Il n’y a rien là que de naturel. Dès lors, vous comprendrez que je ne peux être une prosélyte, une apôtre ou une sectatrice. Pour que vous compreniez mieux encore ma disposition très féminine, je vous propose un petit saut dans le temps, chose que nous pouvons nous permettre à présent et de lire quelques lignes de ce poème de votre contemporain (ou presque) Jacques Prévert – poème adapté à une interprète féminine tout à fait remarquable : Juliette Gréco[12]. Ce poème s’intitule : « Je suis comme je suis » et je m’y reconnais pleinement. Tenez, je vous en sers un morceau :

Je suis comme je suis,

Je suis faite comme ça.

Quand j’ai envie de rire,

Oui, je ris aux éclats.

J’aime celui qui m’aime,

Est-ce ma faute à moi,

Si ce n’est pas le même

Que j’aime chaque fois ?


Notes

  1. Carlo Levi, Raoul Vaneigem, Clovis Trouille, Isaac Asimov, Jean-Sébastien Bach, Bernardino Telesio, Mark Twain, Satan, Savinien Cyrano de Bergerac, Michel Bakounine, Dario Fo, Hypatie, Cami, Dieu le Père. ↑
  2. Francis Blanche, in Babette s’en va-t-en guerre (1959). ↑
  3. OVRAAR : voir note dans Carlo Levi. ↑
  4. Frédéric Lenormand, La Baronne meurt à cinq heures, J.C. Lattès, Paris, 2011, 285 p., p. 28.Dans le texte, les chiffres entre parenthèses, comme ici (L.28), renvoient au numéro de page correspondant ↑
  5. Voir le site Cimetières de France et d’ailleurs, animé par Philippe Landru, professeur agrégé d’histoire, spécialiste des cimetières, empêcheur d’oublier en rond, organisateur de visites pour tous les publics. ↑
  6. Il s’agit en réalité d’une paraphrase d’une réplique de Voltaire au lieutenant de police Hérault, qui disait : « Les vampires ne me dérangent pas… Les Valaques ont leurs suceurs de sang, nous avons nos jansénistes et nos jésuites… Si l’Église n’y croit pas, nous avons lieu de penser qu’ils existent. » ↑
  7. William Shakespeare, « It is a tale told by an idiot, full of sound and fury, signifying nothing. » – Macbeth : Act V, scène V, 26-28, in Complete Works, Oxford University Press, London, 1966, p. 868. ↑
  8. Émilie du Châtelet, Institutions de Physique, Prault fils, Quai de Conty, vis-à-vis la descente du Pont-neuf, à la Charité, Paris, 1740, 511 p., p. 2. ↑
  9. Ibidem, Chapitre II, De l’Existence de Dieu, p.p. 38 sqq. ↑
  10. Émilie du Châtelet, Discours sur le Bonheur, Édition critique et commentée par Robert Mauzi, Les belles Lettres, Paris, 1961, 203 p. ↑
  11. Voir notamment, Élisabeth Badinter, Émilie Émilie, l’ambition féminine au XVIIIe siècle, Flammarion, Paris, 490 p., 1983 et Florence Mauro, Émilie du Châtelet, Plon, Paris, 2006, 188p. ↑
  12. Jacques Prévert « Je suis comme je suis », Paroles, Gallimard, Paris, 1947, 256 p., chanson interprétée par Juliette Gréco. ↑
Tags : athées athéisme confession création dieu Émilie femme homme libertine libre Madame du Châtelet Marquise mathématicienne Philosophie physique Voltaire

Je m’accuse

Posté le 16 décembre 2018 Par ABA Publié dans Athéisme Laisser un commentaire

Jean-François Jacobs

C’est tout ce que je peux faire. Écrire ces quelques mots, c’est tout ce que je peux faire pour vous. Parfois, on discute ensemble. Quand j’ai le temps, enfin quand cela me prend. Vous, vous avez toujours envie d’en parler, vous êtes toujours prêt. C’est normal, c’est vous qui souffrez, pas moi. Moi qui suis confortablement assis devant mon Mac, la clope au bec, les neurones sans doute alcoolisés et vous, obligé de vous cacher pour vous révéler, pour vous confesser, pour garder l’espoir que cela puisse s’arranger.

Vous n’avez rien fait de mal, aucun acte répréhensible, pas de quoi fouetter un chat. Pourtant, ce rien, cette abstraction pourrait vous coûter tout. Votre famille, vos proches, votre liberté, votre vie, votre besoin légitime de dignité. Vous ne pouvez être vous. Ce jeu odieux vous oblige à paraître autre, à ressembler à ceux qui font la norme. Alors vous m’écrivez comme on lance une bouteille à la mer. Dans une langue qui n’est bien souvent pas la vôtre, vous crachez le morceau : « S’il vous plaît aider », « Au secours », « Je suis opprimé dans mon propre pays et en danger », « J’ai 16 ans et j’ai besoin vos aide », « Je vais finir par me suicider c bien que d etre en prison », « Ouii je souffre ici », « ki peu m’aidez a retrouvé la paix et la tranquillité », « je me demande si vous pouvez m’aidez pour se trouvé en paix », « my question is are you can help me or you can give some idea », « elle veut me tuer car je suis atee » et je vous réponds :

Bonjour,

Merci pour votre message.

Nous recevons beaucoup de courriels d’athées tunisiens, marocains, algériens, congolais, et même brésiliens… Et malheureusement, nous ne pouvons pas fournir un certificat d’athéisme qui vous donnerait le droit de résider en Belgique ou en Europe… C’est bien dommage, mais c’est comme ça.

Pour obtenir un titre de séjour, il faut être persécuté et c’est là tout le paradoxe, car vous ne pouvez justement pas déclarer votre athéisme sous peine d’être persécuté par les autorités de votre pays, votre famille, vos connaissances… Les seuls à ma connaissance qui ont obtenu un titre de séjour, ce sont des athées militants qui ont fait de la prison à cause de leur athéisme… Bref, rien de réjouissant.

Il existe sur les réseaux sociaux de nombreux groupes athées tenus par des ex-musulmans, des ex-chrétiens, bref des ex-croyants. Peut-être pourriez-vous y trouver un soutien, du réconfort ? Je vous le souhaite sincèrement.

Bien à vous,

JF

Il est temps de vous expliquer pourquoi c’est vers ma personne qu’arrive ces flots de doléances athées… Je fais partie du Conseil d’Administration de l’Association Belge des Athées (ABA). On existe (pour du vrai, hein) depuis quelques années et par la grâce d’une bonne organisation, l’ASBL, petit à petit, est devenue une institution qui doit sa crédibilité par son action sur le terrain (organisation de conférences, de colloques, édition de bouquins). Je m’occupe, entre autres, de notre page Facebook, de notre boîte mail, des messages via Messenger… C’est là que ça se passe, c’est comme ça que c’est arrivé. Je suis l’écho muet d’une souffrance, d’une injustice, du paradoxe qu’il faut protéger la liberté de croyances qui ignore celle de ceux qui ne croient pas. Je suis celui, par défaut, qui coupe le son, qui éteint le transistor, qui répond… Non, on ne peut rien pour vous, mais on vous envoie des bisous.

Parfois, je deviens quelqu’un dans leur vie. Souvent, on s’entend comme si l’on se connaissait depuis longtemps. Parler, ça fait du bien. Nous vivons, un instant ensemble, nous partageons un présent. Et puis, après quelques discussions, le charme se rompt. La chandelle s’éteint et l’on disparait l’un pour l’autre. Il y a eu tellement de conversations, de rencontres, de disparitions. Dont toi, Loubna… Pardonne-moi. Tu as appelé à l’aide. Tu n’avais pas plus de croyance que de papiers. Tu ne voulais pas retourner en Libye. Tu ne voulais pas retourner en Italie où tu avais échoué, sous l’autorité de ton frère, sous l’autel de sa religion, toi qui es athée… Maintenant, tu es cachée dans un cul-de-sac qui n’est répertorié que sur la carte des oubliés, des laissés-pour-compte… Où es-tu, Loubna ? Que deviens-tu ? Sur qui peux-tu compter ? Comment oublier tout ce que tu m’as raconté…

Des histoires, j’en ai entendues. Souvent le même refrain. Sauf que je ne suis pas le bon Samaritain. Parce que…

Je m’accuse… C’est le titre de ce pamphlet. Je m’accuse d’avoir pensé, comme certains d’entre vous, hypocrites lecteurs, qu’ils ne le sont pas, athées. Que c’est un truc, un plan, une arnaque, le prétexte pour venir ici, la bonne excuse pour la bonne planque. Je doute, avec honte, mais je doute. Alors, j’affonne ma chope, j’écrase ma sèche et je me transforme, au nom du grand rien, en inspecteur de l’athéisme, en inquisiteur de la libre pensée. Je leur pose des questions et j’attends leurs réponses. Quand je les ai, à mon bon gré, tombe la sentence. Avocat, procureur et juge, je décide, derrière mon petit écran, dans le flou de mes idées préconçues et avec mes réponses toutes faites, si mon interlocuteur est un affabulateur. Un jugement usurpé et sans valeur. Pardon Loubna.

Il n’y a pas qu’elle, il y a en a eu d’autres. Coupable je suis, et récidiviste.

Tarik m’écrit que c’est intenable, insupportable. Qu’il ne peut plus faire semblant, qu’il doit tomber le masque et tant pis pour les conséquences. Je lui réponds en gros que la tentative de suicide ne donne pas un passe-droit pour être accueilli en terre belge, qu’il va falloir trouver autre chose, parce que l’option martyr de l’athéisme, personne ne va y croire… Je m’autorise ensuite quelques vérités sociétales : « Tu sais, ici, en Belgique, avec ton nom, avec ta tronche, tu as beau être athée, avoir un permis de séjour, tu resteras toujours aux yeux de l’autochtone, un musulman » …

Tarik me répond alors comme un sage annonçant l’adage :

― Qui t’as dit que je voulais quitter mon pays ?

― Personne, mais… C’est parce que… Enfin, le coming out athée est passible de mort dans ton bled.

― Et alors ? Je vais mourir ? Je ne serais pas le premier. Certainement pas le dernier.

Je ne sais pas s’il est toujours vivant, en liberté, il ne répond plus. Il y a eu aussi Fathi, un Syrien. On avait sympathisé au fil du temps, de nos échanges. Sous les bombardements, il m’avait aidé à traduire en arabe un projet qui parlait de l’athéisme dans le monde. Pour lui, malgré la guerre, il prenait son militantisme athée comme un devoir… Je n’ai pas eu l’occasion de lui dire au revoir. J’espère qu’il lira ces quelques lignes. Il y en a eu bien d’autres et comme pour les précédents, je ne peux pas les nommer, leur donner un nom de famille, décrire leur quotidien, dire où ils sont nés. Ultime humiliation. Ils pourraient être démasqués, emprisonnés… Alors, ils et elles se taisent tout comme vous et moi, mais pas avec les mêmes conséquences. Je n’ai vraiment pas de bol, il n’y a plus de bière dans le frigo.

Je m’accuse de ne rien faire, d’être un faux-fuyant, un faux numéro, une erreur sur leur parcours, un bug humanitaire. Ils ont réellement besoin d’aide, de quelqu’un de conséquent à leur côté, d’une structure qui leur est dédiée et qui transforme leur problème en solution. Solidarité, coopération, entraide, cohésion, fraternité… En gros, on est athée et on n’en a rien à branler. Pardon, mais on fait des conférences, on écrit des livres, c’est d’un niveau universitaire, voyez-vous…

SOS chrétiens d’Orient[1], vous connaissez, non (en dehors de l’idéologie identitaire) ? C’est une association française d’intérêt général créée en 2013, apolitique (faut le dire vite), qui a pour but de venir en aide aux chrétiens qui seraient persécutés pour leur foi. L’organisation est présente dans cinq pays du Proche-Orient et y a envoyé plus de mille volontaires[2] et disposerait d’un budget qui se chiffre en millions d’euros. Il existe aussi tout un tas d’organismes qui se préoccupent des musulmans, des juifs… Mais pour vous, les athées persécutés, pas de service juridique gratuit 24 h/24, personne pour vous aider sur le terrain de vos lamentations, pas de budget pour vous, pas de mécènes, pas d’œuvre philanthropique pour votre insignifiante personne. Pire que ça, j’entends déjà les commentaires… Quoi ! Aider les athées parce qu’ils sont athées ! Et les autres, tu n’en as rien à foutre ? Et pourquoi pas une immigration sélective ? C’est ça que tu veux ? c’est quoi ton problème avec les religions ? Tu serais pas un peu raciste ?, parce que, franchement…

Je n’en veux pas plus pour les athées, j’en veux autant… Juste ce qui est écrit noir sur blanc… Vous savez, la Déclaration universelle des Droits de l’Homme :

Article 3. Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.

Article 5. Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Article 9. Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.

Article 12. Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes

Article 14. 1. Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays.

Article 19. Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.

C’est beau, hein, ça fait rêver. Des mots. Une illusion, une religion humanitaire… Un nouveau prétexte à utiliser selon que vous serez puissant ou misérable.

Athée, c’est pas assez vendeur… Vous pouvez crever !


Notes

  1. https ://fr.wikipedia.org/wiki/SOS_Chr %C3 %A9tiens_d %27Orient↑
  2. https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9claration_universelle_des_droits_de_l%27homme↑
Tags : athées chrétiens d’Orient Déclaration universelle des Droits de l’Homme demande d’asile ex-musulmans immigration persécution

Dernière Newsletter
31/10/2022 - Newsletter N°39
23/10/2022 - Newsletter N°38
26/09/2022 - Newsletter N°37
30/06/2022 - Newsletter N°36

Articles récents

  • Sainte Marie, mère de Dieu, protégez-nous de l’athéisme
  • Dieu et la science : les preuves à l’épreuve
  • Au-delà de l’Ubuntu
  • Une Église en soins palliatifs
  • L’HISTOIRE VRAIE DE mohamED

Notre chaine YouTube

https://www.youtube.com/c/Atheesdebelgique/playlist

« Surréalisme et athéisme en Belgique », une conférence de Christine Béchet

https://www.youtube.com/watch?v=0DmbhFp-3nY&t=732s

« Laïcité et ré-islamisation en Turquie » par Bahar Kimyongür (avec illustrations et questions/réponses)

https://www.youtube.com/watch?v=eg4oVSm322Y&t

L’athéisme est il une religion ? Par Jean-Michel Abrassart

https://www.youtube.com/watch?v=1exjhF1LaFw&t

« Laïcité et athéisme » une conférence de Véronique De Keyser

https://www.youtube.com/watch?v=I1wByrcVbaA&t

« Athéisme et (in)tolérance » une conférence de Patrice Dartevelle

https://www.youtube.com/watch?v=hzgWQoOtsqI

« Athéisme et enjeux politiques » une conférence de Serge Deruette

https://www.youtube.com/watch?v=bYTzQOLBO9M&t=3s

Catégories

  • Agnosticisme
  • Anticléricalisme
  • Arts
  • Arts, Culture
  • Athéisme
  • Autres
  • Conférence
  • Coronavirus
  • Croyances
  • Direct
  • Edition
  • Enseignement
  • Evenements ABA
  • Histoire
  • Humanisme
  • Irrationalisme
  • Laïcité
  • Libre arbitre
  • Libre pensée
  • Littérature
  • Livre
  • Lois divines
  • Matérialisme
  • Modernité/Postmodernité
  • Nécrologie
  • Non classé
  • Nos articles
  • Pandémie
  • Philosophie
  • Pseudo-sciences
  • Religion
  • Revue
  • Sciences
  • Section ABA en Belgique
  • Sociologie
  • Vidéos

Mots-clés

ABA anticléricalisme Association athée athée athée caché athéisme Big Bang Caroline SÄGESSER catholicisme chansons athées chants athées conférence coran croyance croyances création Darwin dieu foi histoire des idées humanisme islam ISLAMOPHOBIE Italie Juste Pape laïcité libre-pensée Lumières Meslier mort Paradis patrice dartevelle Philosophie physique Pierre Gillis rationalisme religion religions révolution science Science-fiction sens de la vie serge deruette États-Unis écrivain

Libre pensée

  • Fédération nationale de la libre pensée
  • Libres penseurs athées

Lien Scepticisme

  • Lazarus Mirages
  • Observatoire zététique de Grenoble
  • Scepticisme Scientifique
  • skeptico.blogs.com

Liens Atheisme

  • Amicale athée
  • Atheisme Canada
  • Athéisme internationale
  • Atheisme.free.fr
  • Atheisme.org
  • Dieu n'existe pas
  • Fédération nationale de la libre pensée
  • Front des non-croyants
  • Libres penseurs athées
  • Union des athées

Liens Science

  • Lazarus Mirages
  • Observatoire zététique de Grenoble
  • Scepticisme Scientifique
  • skeptico.blogs.com

Philosophie

  • Atheisme.org
  • Libres penseurs athées

Méta

  • Inscription
  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • Site de WordPress-FR
© Les Athées de Belgique