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Archives par mot-clé: Bertrand Russell

Jacques Bouveresse, philosophe rationaliste (1940-2021)*

Posté le 27 juin 2022 Par ABA Publié dans Nos articles, Philosophie Laisser un commentaire
Laurent Dauré

Cherchant obstinément la vérité, la connaissance, la clarté, Jacques Bouveresse s’inscrivait dans la filiation des Lumières. Il en défendit avec une humble ferveur – et une bonne dose d’ironie – l’idéal rationaliste et humaniste. 

Il était professeur honoraire au Collège de France où il avait créé la chaire de Philosophie du langage et de la connaissance qu’il tiendra de 1995 à 2010, après avoir occupé des postes d’enseignement et de recherche à la Sorbonne, au CNRS et à l’Université de Genève.

Né le 20 août 1940 à Épenoy, un petit village du Doubs, Jacques Bouveresse venait d’une famille paysanne de neuf enfants, dans un milieu marqué par le conservatisme politique et religieux. Comme il le raconte dans Le Philosophe et le réel – un livre d’entretiens qui constitue une excellente introduction à sa pensée –, ses parents n’avaient que le certificat d’études mais « valorisaient énormément l’école et les choses intellectuelles »[1]Jacques Bouveresse, Le Philosophe et le réel. Entretiens avec Jean-Jacques Rosat, Hachette Littératures, 1998, p. 64 (édition de poche en 2000). .

Du séminaire de Besançon jusqu’à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, en passant par le lycée Lakanal, le jeune Franc-Comtois excellera partout. En 1965, il est reçu premier à l’agrégation de philosophie. Grâce à ses professeurs – et bientôt amis – Jules Vuillemin et Gilles-Gaston Granger, il s’initie à un courant philosophique alors totalement méconnu en France.

Le représentant de la philosophie analytique en France 

Jacques Bouveresse deviendra ainsi spécialiste de Ludwig Wittgenstein (1889-1951), dont il a introduit l’œuvre en France, adoptant la méthode de clarification linguistique et conceptuelle du philosophe autrichien – puis britannique – installé à Cambridge. Il contribuera également à faire connaître les auteurs du Cercle de Vienne (1924-1936) – Rudolf Carnap, Moritz Schlick, Otto Neurath, etc. –, dont le « positivisme logique » ambitionnait de doter la philosophie d’une véritable méthode scientifique et de rejeter les énoncés métaphysiques dans le domaine du non-sens.

Fortement influencé par le Tractatus logico-philosophicus de Wittgenstein[2]Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus, Gallimard, 1993 (1921)., le Cercle de Vienne s’appuyait sur la logique moderne (le calcul des prédicats) créée par Gottlob Frege à la fin du xixe siècle[3]Gottlob Frege, L’Idéograhie. Un langage formulaire de la pensée pure construit d’après celui de l’arithmétique, Vrin, 1999 (1879). ; il puisait en outre dans les travaux très novateurs de Bertrand Russell, auteur avec Alfred North Whitehead des trois volumes des Principia Mathematica (1910-1913).

Comme Jacques Bouveresse le disait, « une des caractéristiques de la tradition philosophique autrichienne c’est justement cette volonté de rapprocher beaucoup plus que ne l’avait fait la tradition allemande la méthode de la philosophie de celle des sciences en général ; la science empirique d’abord, et puis, bien sûr, la logique »[4]« À voix nue : Bouveresse, philosophe à la recherche de la clarté », série d’entretiens en cinq parties diffusée sur France Culture du 7 au 11 février 2000 (la citation se … Continue reading.

Bien qu’il en fût un représentant atypique, Jacques Bouveresse était la principale figure hexagonale de la « philosophie analytique », qui est l’héritière de cette approche scientifique de la philosophie, cultivant un souci de clarté, de précision et de rigueur[5]Pascal Engel, La Dispute. Une introduction à la philosophie analytique, Les Éditions de Minuit, 1997. . Cette école, aujourd’hui avant tout implantée dans le monde anglophone, s’oppose à la philosophie dite « continentale » – particulièrement dominante en France –, qui englobe différents courants caractérisés par un attrait pour l’exégèse, l’idéalisme allemand, le style littéraire et métaphorique, le subjectivisme, le structuralisme, la psychanalyse… 

Se méfiant des prétentions grandioses de la philosophie, Jacques Bouveresse se refusait à accorder à sa discipline une dignité automatique. Comme Wittgenstein, il estimait que la philosophie est avant tout une activité critique et « nosographique » : elle doit identifier ses propres maladies, c’est-à-dire les conceptions fausses, illusoires ou absurdes. Et, si possible, nous en débarrasser. Si la philosophie parvient ainsi à déjouer les « pièges du langage », c’est déjà beaucoup. « Je suis convaincu que nous sommes utiles toutes les fois que nous apprenons aux gens la précision, la clarté et la valeur de l’argumentation », déclarait Jacques Bouveresse[6]« Jacques Bouveresse : le philosophe des petits pas », propos recueillis par Catherine Portevin, Télérama, 3 février 1999. Sur telerama.fr..

Contre le verbiage et l’enflure rhétorique 

La métaphysique et son vague consubstantiel constituent une cible de choix pour ce travail apparemment destructeur mais en réalité très positif et libérateur. Aux grandes envolées grisantes de la pensée spéculative, cette approche préfère les « petits pas » – modestes mais sûrs –, l’analyse logique, la clarification. Il s’agit en somme de mettre de l’ordre dans la philosophie, de la rendre plus sobre, en y traquant la confusion, le non-sens et la grandiloquence.

Jacques Bouveresse n’a cessé de combattre ces « pathologies » philosophiques. Les années 1960-1970, qui ont vu l’ascension de véritables vedettes intellectuelles – Michel Foucault, Gilles Deleuze, Louis Althusser, Jacques Lacan, Jacques Derrida – en apportèrent de nouvelles manifestations, considérablement amplifiées par un journalisme culturel sensationnaliste et une tendance à l’embrigadement politique de la philosophie.

Le verbiage et l’enflure rhétorique triomphent à Paris. Jacques Bouveresse, qui lui ne se payait jamais de mots, se démènera pour dénoncer et contrer cette dérive du champ intellectuel français. En rupture nette avec l’air du temps, il ne bénéficiera guère de renforts dans cette tâche colossale. Les médias, souvent fascinés par le verbe obscur des éminences en vogue, l’ignoreront généralement, parfois même le dénigreront. Par ses écrits et son enseignement, il opposera néanmoins une résistance isolée mais inflexible. 

Le postmodernisme, le relativisme et l’historicisme continueront à prospérer dans les décennies suivantes, en s’efforçant de saper, voire de liquider, les notions d’objectivité, de vérité, de réalité. À partir du milieu des années 1970, la prééminence médiatique et éditoriale des « nouveaux philosophes » – Bernard-Henri Lévy, André Glucksmann, Pascal Bruckner… – dégradera encore la situation, saturant la scène philosophique d’idéologie bet de « postures héroïques ». 

Au sujet des relativistes, dont il a inlassablement réfuté les vues, Jacques Bouveresse écrit dans Le Philosophe chez les autophages que 

leur discours se distingue le plus souvent par un laxisme conceptuel à peu près illimité, un certain nombre d’incohérences flagrantes (pour quelqu’un qui a conservé les réflexes intellectuels qui correspondent à un rationalisme minimal) et l’usage de non sequitur caractéristiques comme, par exemple, celui qui consiste à conclure du fait que nous avons besoin d’une théorie pour connaître un fait que les faits sont, d’une certaine manière, à chaque fois « créés » par nos théories ou à affirmer que, puisque notre connaissance du monde présuppose des intérêts et des valeurs (ce qui est incontestable), ce qui compte comme étant le monde réel est le produit de nos intérêts et de nos valeurs [7]Jacques Bouveresse, Le Philosophe chez les autophages, Les Éditions de Minuit, 1984, p. 108..

Jacques Bouveresse citait souvent cette phrase « anti-relativiste » d’Henri Poincaré : « tout ce que crée le savant dans un fait, c’est le langage dans lequel il l’énonce»[8]Henri. Poincaré, La Valeur de la science, Flammarion, 1970 (1905), p. 162.. Il défendait le réalisme scientifique, souscrivant à l’idée selon laquelle la science vise une connaissance objective de la réalité et y parvient jusqu’à un certain point.

Adversaire de la foutaise (bullshit) et des pseudo-sciences, Jacques Bouveresse soutiendra sans hésiter Alan Sokal et Jean Bricmont face aux réactions hostiles suscitées par la publication en 1997 de leur livre Impostures intellectuelles[9]Alan Sokal, Jean Bricmont, Impostures intellectuelles, Odile Jacob, 1997 (nouvelle édition de poche en 2018).. Dans son pamphlet Prodiges et vertiges de l’analogie[10]Jacques Bouveresse, Prodiges et vertiges de l’analogie. De l’abus des belles-lettres dans la pensée, Éditions Raisons d’agir, 1999., il enfonce le clou rationaliste face aux stars de la pensée postmoderne qui font un emploi illégitime de concepts et théories mathématiques et physiques pour étayer leurs idées en sciences humaines.

Il critiquera notamment le recours que fait Régis Debray au théorème d’incomplétude de Kurt Gödel – qui concerne les mathématiques et la logique – pour tenter de soutenir la validité d’une thèse de nature sociologique et anthropologique. La société n’étant pas un système formel, le théorème de Gödel n’a aucune pertinence ici et ne sert qu’à impressionner, si ce n’est intimider, le public non spécialiste. Jacques Bouveresse consacrera plus tard trois années de cours à Gödel au Collège de France[11]Jacques Bouveresse, « Kurt Gödel : mathématiques, logique et philosophie », cours au Collège de France (2003-2006). Sur college-de-france.fr..

La défense de la méthode scientifique 

Révolté par les impostures intellectuelles et scientifiques, Jacques Bouveresse a participé, à l’initiative de l’Association française pour l’information scientifique (Afis), à l’analyse critique de la thèse de « sociologie » de l’astrologue Élizabeth Teissier, dirigée par Michel Maffesoli (2001). Il rédigera les « Remarques philosophiques conclusives » du document coproduit par un panel d’experts issus de différentes disciplines (sociologie, anthropologie, histoire des sciences, physique, astrophysique)[12]Collectif, « Analyse de la thèse de Madame Élizabeth Teissier », 15 avril 2001. Sur afis.org. Il a par ailleurs critiqué la prétention à la scientificité de la psychanalyse à plusieurs reprises, notamment dans son livre Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud[13]Jacques Bouveresse, Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud, Éditions de l’Éclat, 1991 (édition de poche en 2015)..

Soucieux de soutenir les organisations de défense de la méthode scientifique et de la raison, Jacques Bouveresse était membre depuis 2011 du comité de parrainage scientifique de l’Afis et faisait partie du comité d’honneur de l’Union rationaliste.

Auteur d’une quarantaine de livres – dont un quart porte sur l’œuvre de Wittgenstein – et de très nombreux articles, il a produit des travaux de première importance en philosophie du langage, de la connaissance, de la perception, des sciences, de la logique, des mathématiques[14]Pour une bibliographie assez complète, voir la rubrique « Œuvres » de la notice Wikipédia de Jacques Bouveresse.… Il s’est aussi consacré à l’étude de deux écrivains autrichiens dont il partageait la haute éthique intellectuelle : Robert Musil[15]Jacques Bouveresse, L’Homme probable. Robert Musil, le hasard, la moyenne et l’escargot de l’Histoire, Éditions de l’Éclat, 1993 (nouvelle édition en 2005). et Karl Kraus[16]Jacques Bouveresse, Schmock ou le triomphe du journalisme. La grande bataille de Karl Kraus, Seuil, 2001.. La religion, la littérature et la musique comptent également parmi les domaines qu’il a explorés, associant toujours rationalité méticuleuse dans le propos et sobriété dans l’écriture. 

Polyglotte – c’était surtout un excellent germaniste –, d’une immense érudition, Jacques Bouveresse maîtrisait aussi bien la philosophie analytique la plus contemporaine, y compris dans ses aspects techniques, que la philosophie antique, médiévale et moderne. Il avait la réputation d’avoir tout lu en philosophie et en littérature (y compris policière !). Il se tenait au courant de l’état des connaissances scientifiques, considérant que c’était indispensable à la démarche philosophique. Comme l’écrit Musil dans son roman L’Homme sans qualités, « nous ne devons pas croire avant d’avoir épuisé toutes les chances de savoir »[17]Robert Musil, L’Homme sans qualités, tome 2, Points Seuil, 1982 (1932), p. 732 (nouvelle édition de poche en 2011)..

Un esprit critique à l’écart des modes

Jacques Bouveresse est connu en outre pour sa critique du journalisme. En marchant dans les pas du satiriste intransigeant Karl Kraus, qui voyait au début du xxe siècle dans la presse dominante un gîte et un tremplin pour la corruption intellectuelle et morale, il a alerté sur les fourvoiements et turpitudes des médias. Il rejoindra sur ce sujet son ami et collègue au Collège de France Pierre Bourdieu – qui venait comme lui d’un milieu rural –, dont il admirait l’œuvre, avec des désaccords qu’ils discutaient régulièrement. Partageant l’engagement du sociologue en faveur de la diffusion de la connaissance, des idées de justice sociale et de démocratie égalitaire, il lui consacrera un livre après la mort de celui-ci en 2002[18]Jacques Bouveresse, Bourdieu, savant et politique, Agone, 2004..

C’est à trois reprises que Jacques Bouveresse refusera la Légion d’honneur, la dernière fois en 2010[19]Jacques Bouveresse, « Il ne peut être question en aucun cas pour moi d’accepter l’honneur supposé qui m’est fait », reproduction de la lettre envoyée à Valérie Pécresse, ministre de … Continue reading. On comprend qu’aucun ministre ne se soit essayé à la lui proposer depuis…

Toute sa vie, il se tiendra à l’écart des modes intellectuelles et des coteries parisiennes, suivant résolument son chemin sans se laisser intimider. Héritier du rationalisme des Lumières, il le défendit au moment où celui-ci était le plus attaqué (ou délaissé). Il a incarné une « autre philosophie française » – lui qui se disait « si peu français » philosophiquement[20]Jacques Bouveresse, « Pourquoi je suis si peu français », in Essais II. L’époque, la mode, la morale, la satire, Agone, 2001. –, prolongeant et enrichissant la valeureuse mais marginale tradition rationaliste hexagonale : Jean Cavaillès, Georges Canguilhem, Jules Vuillemin, Gilles-Gaston Granger et quelques autres. Ses propres élèves affermiront l’ancrage de la philosophie analytique en France.

Que dire de Jacques Bouveresse, l’homme ? Il était profondément humble et probe. La combativité critique de sa pensée contrastait avec la modestie de sa personne. Ceux qui l’ont côtoyé ont eu la joie de connaître un homme simple, abordable et prévenant. Son côté austère et ronchon, parfois intensément pessimiste, s’effaçait volontiers derrière une gentillesse malicieuse. Chaleureux dans la conversation, il était généreux de son temps, en particulier avec ses étudiants. Le café Le Sorbon de la rue des Écoles – situé à proximité de la Sorbonne et du Collège de France – en sait quelque chose…

Pour terminer sur une note personnelle, je dois en grande partie à Jacques Bouveresse – ainsi qu’à Alan Sokal et Jean Bricmont – ma « conversion rationaliste ». C’est la lecture au début des années 2000 de Prodiges et vertiges de l’analogie, avec celle d’Impostures intellectuelles, qui m’a orienté pour de bon sur la voie du rationalisme. Les quatre années (2006-2010) durant lesquelles j’ai suivi ses cours et séminaires le mercredi après-midi au Collège de France resteront un souvenir précieux.

Jacques Bouveresse est mort le 9 mai 2021 à Paris à l’âge de 80 ans. La raison a perdu l’un de ses plus fidèles serviteurs. Jacques Bouveresse était un grand maître de savoir et de méthode. Charge à nous de continuer à l’étudier, à le faire connaître, afin que la flamme de son « rationalisme satirique » poursuive son œuvre de sagesse. 

* Ce texte a été publié dans le numéro 337 (juillet-septembre 2021) de Science & pseudo-sciences, la revue de l’Afis(sur afis.org), que nous remercions de nous avoir permis de le reproduire. 

Références[+]

Références
↑1 Jacques Bouveresse, Le Philosophe et le réel. Entretiens avec Jean-Jacques Rosat, Hachette Littératures, 1998, p. 64 (édition de poche en 2000). 
↑2 Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus, Gallimard, 1993 (1921).
↑3 Gottlob Frege, L’Idéograhie. Un langage formulaire de la pensée pure construit d’après celui de l’arithmétique, Vrin, 1999 (1879).
↑4 « À voix nue : Bouveresse, philosophe à la recherche de la clarté », série d’entretiens en cinq parties diffusée sur France Culture du 7 au 11 février 2000 (la citation se trouve dans le 3e épisode). Sur franceculture.fr. 
↑5 Pascal Engel, La Dispute. Une introduction à la philosophie analytique, Les Éditions de Minuit, 1997. 
↑6 « Jacques Bouveresse : le philosophe des petits pas », propos recueillis par Catherine Portevin, Télérama, 3 février 1999. Sur telerama.fr.
↑7 Jacques Bouveresse, Le Philosophe chez les autophages, Les Éditions de Minuit, 1984, p. 108.
↑8 Henri. Poincaré, La Valeur de la science, Flammarion, 1970 (1905), p. 162.
↑9 Alan Sokal, Jean Bricmont, Impostures intellectuelles, Odile Jacob, 1997 (nouvelle édition de poche en 2018).
↑10 Jacques Bouveresse, Prodiges et vertiges de l’analogie. De l’abus des belles-lettres dans la pensée, Éditions Raisons d’agir, 1999.
↑11 Jacques Bouveresse, « Kurt Gödel : mathématiques, logique et philosophie », cours au Collège de France (2003-2006). Sur college-de-france.fr.
↑12 Collectif, « Analyse de la thèse de Madame Élizabeth Teissier », 15 avril 2001. Sur afis.org
↑13 Jacques Bouveresse, Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud, Éditions de l’Éclat, 1991 (édition de poche en 2015).
↑14 Pour une bibliographie assez complète, voir la rubrique « Œuvres » de la notice Wikipédia de Jacques Bouveresse.
↑15 Jacques Bouveresse, L’Homme probable. Robert Musil, le hasard, la moyenne et l’escargot de l’Histoire, Éditions de l’Éclat, 1993 (nouvelle édition en 2005).
↑16 Jacques Bouveresse, Schmock ou le triomphe du journalisme. La grande bataille de Karl Kraus, Seuil, 2001.
↑17 Robert Musil, L’Homme sans qualités, tome 2, Points Seuil, 1982 (1932), p. 732 (nouvelle édition de poche en 2011).
↑18 Jacques Bouveresse, Bourdieu, savant et politique, Agone, 2004.
↑19 Jacques Bouveresse, « Il ne peut être question en aucun cas pour moi d’accepter l’honneur supposé qui m’est fait », reproduction de la lettre envoyée à Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, site Internet d’Agone, 26 juillet 2010. Sur agone.org. 
↑20 Jacques Bouveresse, « Pourquoi je suis si peu français », in Essais II. L’époque, la mode, la morale, la satire, Agone, 2001.
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Pourquoi l’athéisme et pas l’agnosticisme ?*

Posté le 9 octobre 2021 Par ABA Publié dans Athéisme Laisser un commentaire

Patrice Dartevelle

Au plan historique, athéisme et agnosticisme ont une origine commune : l’Athènes du Ve siècle avant Jésus-Christ. Cependant, si le mot « athée » est bien créé à cette époque, pour l’agnosticisme, seul le concept existe indubitablement, mais pas le mot.

Protagoras

C’est Protagoras (environ 490-420 avant Jésus-Christ) qui propose très tôt une théorie de la connaissance qui fonde son agnosticisme.

Le premier des sophistes, célèbre en son temps (Platon décrit l’effervescence lors d’un retour de l’Abdéritain à Athènes), a écrit une phrase, qui est le paradigme de départ de l’agnosticisme.

Elle provient de son ouvrage Sur les dieux, qui est perdu, mais qui est cité par plusieurs sources avec parfois de légères différences (Platon, Théétète 162 d ; Cicéron, De Natura deorum, I, XXIII, p. 63 ; Eusèbe, Préparation évangélique, XIV, p. 3, p. 7 ; Sextus Empiricus, Contre les physiciens, I, pp. 55-56).

Suivons Sextus Empiricus et Eusèbe qui ajoute la seconde phrase :

Des dieux je ne puis dire ni qu’ils existent ni qu’ils n’existent pas, ni quels ils sont quant à leur forme. Car nombreux sont les obstacles à ce savoir, leur invisibilité et la brièveté de la vie humaine.[1]

Au lieu de « invisibilité », on traduit parfois par « l’obscurité de la question ».

La formule s’inscrit dans la philosophie des sophistes.

Le livre Sur les dieux est le premier des Antilogies. Les Antilogies sont l’expression de la théorie sophistique sur l’existence de deux discours sur toutes choses, deux discours qui se contredisent ou s’annulent.

Cette position se concrétise par l’autre formule protagoréenne célèbre, utilisée par Sextus Empirucus et reprise par Platon qui, en outre dans Les Lois, 716 C, la reprend sous la forme d’une contradiction trait pour trait : « Or, pour nous la divinité doit être la mesure de “toutes choses” ».

Protagoras veut que l’homme soit mesure de toutes choses, de l’existence de celles qui existent et de la non-existence de celles qui n’existent pas[2].

Un commentateur chrétien, Didyme l’Aveugle, explique plus longuement le point de vue de Protagoras. Pour celui-ci, pour des choses qui sont, l’être consiste dans l’apparaître :

Pour toi qui es présent, j’apparais assis ; à celui qui est absent, je n’apparais pas assis : que je sois assis ou que je ne le sois pas est obscur » ou encore « En moi qui suis sain, il y a une perception du miel comme étant doux, alors qu’il est perçu comme amer par un autre qui est malade : qu’il soit doux ou amer est donc obscur[3].

Le doute absolu sur toute réalité fera estimer à d’aucuns – tant dans l’Antiquité postérieure à Diogène d’Œnonanda, épicurien du IIe siècle après Jésus-Christ, que chez les exégètes contemporains – qu’il devait s’ensuivre que Protagoras niait l’existence des dieux. On ne possède rien de tel et je ne crois pas à cette interprétation. Si Protagoras avait affirmé la non-existence de dieu, il aurait été en contradiction avec sa propre philosophie : seule l’apparence a une réalité et de celle-ci, on ne peut rien dire.

C’est au fond une position qui comporte certes une forme d’irrationalisme contestable, mais on peut la voir comme une position découlant d’une théorie de la connaissance. À mon sens, elle a peu à voir avec la timidité, l’irrésolution, ou la lâcheté que l’on prête habituellement aux agnostiques, que l’on soit athée ou déiste (et a fortiori théiste).

Le scepticisme

Le scepticisme semblerait mener le plus près de l’agnosticisme.

Ce n’est par exemple pas le cas du sceptique antique le plus représentatif, celui dont les textes ont été les mieux conservés, Sextus Empiricus (nous ne savons pratiquement rien de sa vie, il était actif vers 190). Comme Protagoras, il s’en tient aux phénomènes et sa critique porte sur ce qu’on dit des phénomènes. Curieusement – ses arguments sont d’une étonnante faiblesse –, il refuse de nier l’existence des dieux.

Comme le font le plus souvent les sceptiques, Sextus Empiricus s’en prend aux affirmations sur ce qu’est Dieu. Pour concevoir l’essence du cheval, il faut connaître la forme du cheval. Ceux qu’il appelle les dogmatiques disent tous des choses différentes sur Dieu : qu’il est incorporel ou corporel, qu’il est à l’image de l’homme ou non, qu’il est dans le monde ou à l’extérieur. « Qu’ils nous proposent une esquisse » écrit-il, car « on nous parle d’un être impérissable et bienheureux, mais nous ne connaissons pas l’essence de Dieu et donc de ses attentes non plus. »

Pour lui, la preuve de l’existence de Dieu ne relève pas de l’évidence et Dieu échappe à la compréhension.

Certains disent que Dieu est la providence de toutes les choses. Si c’était le cas, dit-il, il n’y aurait ni mal ni méchanceté. S’il n’est la providence que de certaines choses, pourquoi sélectionne-t-il ? Ou bien la providence vaut pour tout, elle a le pouvoir et la volonté, ou bien elle a la volonté sans le pouvoir, ou bien le pouvoir sans la volonté ou bien aucun des deux. Mais la première hypothèse a déjà été réfutée. Si la providence a la volonté sans le pouvoir, elle est moins puissante que la cause qui lui permet de l’empêcher d’être une providence. Si elle a le pouvoir, mais pas la volonté, elle est méchante. Si elle n’a ni l’un ni l’autre, elle est méchante et impuissante. Dieu n’est donc pas la providence des choses de ce monde.

Soutenir que Dieu existe et qu’il est la providence de toutes choses est donc une ineptie[4]. S’il y a bien critique des discours théologiques, on ne voit pas d’agnosticisme affirmé chez Sextus Empiricus.

Si la manière est différente, Montaigne (1533-1592) est bien un sceptique, mais pas un agnostique. Selon lui, tout ce que l’on peut dire, c’est que Dieu est une puissance incompréhensible. Les religions sont pleines de contradictions : les chrétiens justifient leur foi par la raison, mais ce qu’ils croient est contraire à la raison. On croit par coutume, pas par vraie conviction. Placé dans un autre contexte, on adopterait une autre religion. Puisqu’on ne peut pas décider en raison, le plus sage est de se conformer à la coutume.

Il n’a donc pas choisi la voie de l’agnosticisme, malgré l’époque qu’il connaît et ses meurtres innombrables pour raisons religieuses.

Le dernier sceptique que j’examinerai sera David Hume (1711-1776).

Dans ses Dialogues sur la religion naturelle, rédigés vers 1750, qu’il ne rendra pas publics de son vivant (mais dont il préparera la publication posthume en 1779), il met en scène trois personnages : un déiste, un théiste et un sceptique. C’est à ce dernier qu’il donne l’avantage, notamment dans sa conclusion. Pour Philon, le sceptique, une totale suspension du jugement est la seule ressource raisonnable[5].

Pour Hume, les religions ont une origine purement humaine. Elles proviennent de l’ignorance. Le dogme catholique de la présence réelle est ridicule : il sera probablement difficile, dans le futur, de persuader des peuples que des hommes aient pu croire ça !

Mais en définitive, tout est un inexplicable mystère et la seule solution : la suspension du jugement.

Il semble cependant être mort en athée.

On voit le problème général de toute la période chrétienne : l’obligation de croire (et de pratiquer) va interdire tout abandon manifeste de la croyance officielle. Les dissidents doivent ruser à leurs risques et périls. De ce fait, l’historique de l’athéisme, spécialement pendant cette période, est souvent difficile, ce qui ne justifie pas que Michel Onfray, dans son Traité d’athéologie[6], fasse commencer l’athéisme au curé Meslier et donc au tournant des XVIIe – XVIIIe siècles.

En cherchant un peu, on peut aussi citer le cas de l’empereur Frédéric II Hohenstaufen (1194-1250) dont on ne sait trop s’il était athée ou agnostique. Il était sans doute matérialiste. Georges Minois conclut à son sujet : « cette extrême curiosité, ce souci constant de vérification indiquent plutôt un esprit rationaliste et agnostique »[7].

Certains tentent donc une attitude de « négociation » avec le pouvoir.

Le cas le plus clair de ce type est sans doute celui de Pietro Pomponazzi (1462-1525), qui publie en 1516 un traité De l’immortalité de l’âme. Il conclut que l’idée de l’immortalité de l’âme est un subterfuge, mais tout le début du traité dit le contraire « puisque toutes les religions affirment l’immortalité de l’âme, le monde entier serait trompé si l’âme mourait ». Pourtant, l’époque est un peu particulière. Le pape de l’époque, Léon X, et plusieurs cardinaux ne croient guère à l’immortalité de l’âme.

Autour de Darwin

C’est autour de Darwin, qui va cristalliser la question de l’agnosticisme, qu’on peut définir comme « le refus d’assumer en tant que foncièrement non argumentable, toute proposition positive ou négative concernant l’existence et la nature, jugées non connaissables, des commencements absolus »[8].

Un concept peut exister sans qu’on sache qui a forgé le mot correspondant. Mais dans le cas d’agnosticisme et d’agnostique, on connaît l’inventeur, la date et les circonstances d’invention. Le mot a été proposé par Thomas Henry Huxley, le grand-père du biologiste et philosophe Julian Huxley (1887-1975) en 1869, dans le cadre des débats de la Metaphysical Society, dont il venait de se faire membre. T. H. Huxley était, selon Darwin, son « agent général » et il se définissait, lui-même, comme le « bouledogue » de Darwin. T. H. Huxley était sûrement très anticlérical et peut-être athée.

Huxley raconte l’histoire sur un mode ironique, provoqué par son agacement face à la juxtaposition des divers dogmatismes et des dogmatiques représentés au sein de l’association philosophique. Il leur trouve un point commun : ce sont des gnostiques, c’est-à-dire des gens qui affirment avoir une connaissance de l’inconnaissance. Ce terme va s’imposer, malgré une présentation de l’affaire qui est fortement ironique, relevant peut-être de l’humour anglais, à moins d’être une simple boutade. Huxley raconte que lors de sa présentation, il avait ressenti le malaise du renard, qui, après s’être échappé du piège, où il avait laissé sa queue, s’est présenté devant ses compagnons normalement pourvus de leur appendice. C’est une référence à une fable d’Ésope, reprise par La Fontaine sous le titre Le renard ayant la queue coupée, dont voici le texte :

Un vieux Renard, mais des plus fins,
Grand croqueur de Poulets, grand preneur de lapins,
Sentant son Renard d’une lieue,
Fut enfin au piège attrapé.
Par grand hasard en étant échappé,
Non pas franc[9], car pour gage il y laissa sa queue ;
S’étant, dis-je, sauvé, sans queue et tout honteux,
Pour avoir des pareils (comme il était habile),
Un jour que les Renards tenaient conseil entre eux :
« Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile,
Et qui va balayant tous les sentiers fangeux ?
Que nous sert cette queue ? Il faut qu’on se la coupe :
Si l’on me croit, chacun s’y résoudra.
– Votre avis est fort bon, dit quelqu’un de la troupe :
Mais tournez-vous, de grâce, et l’on vous répondra. »
À ces mots il se fit une telle huée,
Que le pauvre écourté ne put être entendu.
Prétendre ôter la queue eût été temps perdu :
La mode en fut continuée. [10]

Le fond de la question est évidemment la position de Darwin lui-même.

Jeune, Darwin essaye d’entrer dans les ordres. Son grand voyage d’exploration s’écoule de 1831 à 1836, mais tout indique que c’est entre son retour et son mariage en 1839 qu’il abandonne le dogme et la religion, et « se convertit » au transformisme.

On a souvent soutenu que Darwin était agnostique. De fait, on trouve quelques déclarations de sa part allant dans ce sens. Dans son Autobiographie, écrite en 1876 pour ses enfants, il dit effectivement :

Je ne prétends pas éclairer des problèmes aussi complexes. Le mystère des origines de toutes choses est insoluble pour nous ; et quant à moi, je dois me contenter de rester agnostique.

Mais dans l’édition « restaurée » (sa femme était intervenue pour purger le texte original), il écrit : « Cette incrédulité gagna sur moi à un rythme très lent, mais fort à la fin, complète… et il ne m’est point arrivé, depuis, de douter, ne serait-ce qu’une seule seconde, que ma conclusion fût correcte »[11].

En outre, ses Carnets de 1837-1839 suggèrent, eux, que cet agnosticisme était pure façade pour cacher l’athéisme :

Éviter de montrer à quel point je crois au matérialisme ». Dans une lettre de 1853, il regrette d’avoir utilisé des expressions à consonance religieuse dans L’origine des espèces : « J’ai longuement regretté de m’être aplati devant l’opinion publique et de m’être servi du terme ‘création ’ ; en fait, je voulais parler d’une ‘ apparition ’ due à un processus totalement inconnu.[12]

Par expérience, Darwin n’a donc jamais été un militant de l’athéisme. À son propos, je rejoins Patrick Tort, qui préfère parler d’athéité, c’est-à-dire d’un état de conviction de fait de l’homme sans Dieu. Pour Patrick Tort, l’agnosticisme apparaît comme une position de confort parce que le fait d’argumenter une non-existence pose des problèmes logiques réputés insurmontables.

La théière de Russell

Effectivement, croyants et agnostiques somment souvent les athées de démontrer la non-existence de Dieu, ce qui est impossible en stricte logique, sauf cas particulier (montrer que l’athéisme et une autre proposition s’excluent l’une l’autre et que l’autre est fausse).

Une précaution s’impose toutefois. En 1952, Bertrand Russell (1872-1970) rédige un article « Y a-t-il un dieu ? » pour la revue Illustred Magazine, qui refuse de le publier.

Son argument est le suivant :

Si je suggérais qu’il y a, en orbite elliptique, autour du soleil, une théière de porcelaine et que j’ajoute qu’elle est trop petite pour être détectée, et que j’en arrive à conclure que cette proposition ne peut être réfutée, on me considérerait comme un illuminé. Mais comment se fait-il que si l’existence de cette théière figurait dans des livres anciens, qu’elle était enseignée aux enfants, etc., toute hésitation à le croire deviendrait un signe d’excentricité… ?

Certes, on lui répondra que sa suggestion est gratuite et que des millions de gens – dont certains très éminents –, croient en Dieu. N’empêche que renvoyer la charge de la preuve aux seuls athées n’est pas si « logique ».

En outre, comme le dit Dawkins, il n’y a pas de preuve de la non-existence de la licorne, mais personne ne doute de son inexistence.

Les « preuves » de l’existence de Dieu

Examinons donc les preuves ou arguments en faveur de l’existence de Dieu et, ensuite, les arguments en sa défaveur. Beaucoup sont anciens, la préoccupation étant surtout médiévale. Je n’examinerai pas les arguments valant contre une religion particulière, ses Écritures, l’historicité de son ou ses fondateurs. Ils ont leur importance, notamment historique : ils ont souvent été le premier stade d’une évolution menant à l’athéisme. Cependant, ils ne sont pas fondamentaux.

Comme l’a relevé Dawkins, l’Église et les théologiens ont fini par cesser de trop cultiver ces arguments. Trop de preuves peut vouloir dire pas de preuve.

En 1987, André Léonard, alors futur évêque de Namur et archevêque de Malines-Bruxelles, écrit un paragraphe sur la précarité des preuves de Dieu :

Les preuves convainquent généralement surtout ceux qui n’en ont pas besoin. Cette relative inefficacité n’affecte pas seulement les preuves formelles, développées de manière technique. Plus généralement, c’est tout chemin métaphysique vers Dieu, qu’il ait la forme d’une « preuve » ou non, qui semble marqué d’une incurable précarité. [13]

Face aux difficultés de la raison, la foi et ce qu’elle a d’ineffable prend, de plus en plus, le dessus. Pendant longtemps, on a cherché un Dieu tout-puissant comme consubstantiel à son existence même. De plus en plus, aujourd’hui, en Occident, on parle d’un Dieu modeste et faible, comme le font, par exemple, Gabriel Ringlet ou Frédéric Lenoir.

— La preuve ontologique de Saint Anselme de Cantorbéry (1034-1109)

Elle consiste en un syllogisme :

1. Dieu est un être parfait.

2. Une perfection qui ne comprendrait pas l’existence ne serait pas parfaite.

3. Donc Dieu est doté également de l’existence.

Dans la Critique de la Raison pure (1781 et1787), Kant a répondu à l’argument (qui peut se présenter sous une forme légèrement différente : il n’y a rien de plus grand que Dieu…). L’existence n’est pas une propriété intrinsèque et l’argument confond un contenu conceptuel et un prédicat existentiel. En outre, si Dieu est parfait, d’où viennent les imperfections ? Plus généralement, pour le philosophe, les choses en soi ne peuvent être connues mais seulement pensées et l’existence de Dieu ne peut être prouvée.

— L’argument de la cause première ou cosmologique

C’est l’argument de Platon, d’Aristote, de Saint Thomas et de Leibniz. C’est aussi un syllogisme :

1. Tout ce qui a commencé à exister a une cause.

2. Or, l’univers a commencé d’exister.

3. Donc il est, il existe une cause première – Dieu.

Kant n’a pas apprécié non plus cet argument, qui ramène au précédent.

On pose l’existence d’un être nécessaire, comme pour l’ontologique. Cette existence nécessaire devrait être démontrée expressément.

Plus humoristiquement, Bertrand Russell, dans son célèbre Pourquoi je ne suis pas chrétien (1927), se rapporte à l’Indien qui affirme que le monde repose sur un éléphant et l’éléphant sur une tortue et qui, quand on lui demande : « Et la tortue ? », répond : « Et si nous changions de sujet… ».

Mais, si tout a une cause, qu’est-ce qui cause Dieu ? Si Dieu permet d’expliquer la création du monde, d’où vient la création de Dieu lui-même ? Saint Thomas réplique que l’argument consiste à poser Dieu comme un être qui a, en lui-même, sa raison d’être. Ce n’est en fait qu’une manière d’habiller son ignorance. Si A cause B est une expérience possible, A cause A n’est pas possible en logique.

— Le Big Bang

L’exploitation du Big Bang, théorie du chanoine Lemaître en 1927, comme preuve de l’existence de Dieu, peut être une variante d’un argument du type « cause première ».

Le pape François, le 2 octobre 2014, déclare que le Big Bang ne contredit pas « l’intervention de Dieu, au contraire, elle la requiert ». Des physiciens ne suivent pas cela (même des catholiques comme Dominique Lambert, spécialiste du chanoine Lemaître). Le Big Bang ne désigne pas un instant zéro, mais le premier que nous atteignons avec certitude aujourd’hui.

— Le dessein ou le principe intelligent ou le plan

C’est l’argument le plus fréquent des déistes du XVIIIe siècle et spécialement de Voltaire. C’est encore un syllogisme :

1. Il est évident que le monde est inexplicable s’il n’y a pas un ordre en lui, pour que la nature fonctionne, les organismes naissent et vivent, etc.

2. L’ordre n’est pas spontané.

3. Il faut que la cause de l’ordre de la nature soit intentionnelle.

L’argument a été critiqué par Hume, dans le Dialogue sur la religion naturelle. Il estime que l’argument est fondé sur notre ignorance des causes réelles et que de là, on passe sans preuve à la certitude d’un dessein divin. En outre, nous ne savons pas si la matière, elle-même, n’a pas un principe d’ordre.

Mais surtout, l’argument est très affaibli par la théorie de l’évolution. L’ordre n’a pas été créé pour nous. C’est nous qui, par sélection, nous sommes adaptés au monde.

En outre, s’il y a un principe intelligent, comment expliquer les ratés de l’évolution, les branches qui disparaissent pratiquement (Neandertal) ? La disparition inéluctable de la vie dans le système solaire fait-elle partie d’un plan aussi remarquable ?

— L’argument du miracle de la vie

La vie n’avait qu’une chance sur des milliards d’apparaître, elle ne peut qu’être le produit d’une volonté. Mais il y a des milliards de planètes, dans un univers qui existe au moins depuis plus de dix millions d’années.

— Le pari de Pascal

Pascal, à un moment, admet qu’il n’y a pas de preuve, mais qu’on ne risque rien à parier. C’est une sorte de roulette russe, voire une forme d’agnosticisme.

— L’argument moral

Le syllogisme est :

1. Si Dieu n’existe pas, les valeurs morales objectives n’existent pas (le « tout est permis » de Dostoïevski).

2. Or, la valeur morale objective existe.

3. Donc Dieu existe.

L’argument des valeurs morales objectives veut dire, par extension, que les nazis avaient beau trouver bonne moralement l’extermination des Juifs, leur point de vue aurait toujours été mauvais, même en cas de victoire de leur part.

Mais le lien entre l’existence de valeurs morales objectives et celle de Dieu n’est pas établi. En fait, certains trouvent souhaitable l’existence d’un Dieu garant des valeurs morales.

Les arguments contre l’existence de Dieu

On peut faire l’épreuve contraire et passer aux arguments contre l’existence de Dieu.

— L’argument métaphysique logique

L’argument vient de Carnap, qui l’a formulé en 1934. Pour lui, Dieu n’est pas un être dont l’existence puisse être vérifiée empiriquement. Il en va de même, selon lui, – c’est le point fondamental de sa philosophie analytique – de tout énoncé métaphysique. Tout cela est vide de sens.

Si quelque chose n’est pas « prouvable », cela n’existe pas et s’en occuper est une perte de temps. Ça me semble être la position de l’athée belge francophone Jean Bricmont, professeur de physique de l’UCL.

— Le paradoxe de l’omnipotence

Quand on parle de Dieu, il faut savoir de qui ou de quoi on parle. Quel est le rapport entre Dieu et les lois naturelles ?

On peut soutenir – c’est très dominant aujourd’hui –, que les lois naturelles sont indépendantes de lui. Si c’est le cas, nous restons dans la pleine rationalité, mais quel sens a encore ce Dieu ? On est proche des dieux de Lucrèce qui vivent dans les inter-mondes et n’agissent sur rien.

Cependant, on peut également soutenir que Dieu a le pouvoir d’empêcher qu’arrive quelque chose qui devait arriver. Il peut se dispenser des lois naturelles ou les modifier à sa guise. C’est la position de ceux qui croient à la religion, à la superstition, aux miracles. C’est la position de ceux qui contredisent le résultat de l’analyse du Suaire de Turin par le carbone 14 : Dieu ne dépend pas du carbone 14, il ne s’applique pas à lui. C’est possible, mais cela signifie que tout notre savoir scientifique n’est qu’un jeu pour les enfants, ce qui contredit notre expérience quotidienne.

— Argument de la superfluité

C’est l’argument de Laplace quand Napoléon lui fait remarquer l’absence de Dieu dans son système : « Sire, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse ». Ce n’est pas un argument dirimant. Il montre qu’on peut se passer de Dieu – et donc probablement qu’il n’a pas d’importance pour l’homme –, mais pas qu’il n’y a pas de Dieu.

— L’indigence de la création et l’existence du mal

L’argument vient de ce que, s’il existe un créateur du monde parfait, sa création doit être parfaite, sinon le créateur n’est pas parfait. Le monde étant imparfait, il n’y a pas de créateur parfait.

L’argument du mal est une variante de cet argument. Sextus Empiricus avait déjà exposé l’argument. On peut répondre que la douleur n’est qu’une illusion, ou que ce Dieu est mauvais, ou laisse faire le mal par manque de puissance.

Ces dernières années, bien des philosophes, historiens ou théologiens chrétiens ont avoué ne pas pouvoir résoudre la compatibilité de l’existence de Dieu et de celle du mal. C’est le cas de Monseigneur Léonard, de Jean Delumeau et d’Adolphe Gesché. Ce dernier a essayé de sauver la mise en disant que si Dieu a permis le mal, il est surtout le premier adversaire du mal et il conclut : « Ce n’est plus le mal qui est une objection contre Dieu, mais plutôt Dieu qui devient l’objection du mal ». Dans ces conditions, « la théodicée classique de l’homme, et ‘la redécouverte’ d’un Dieu, certes plus fragile et vulnérable, est la seule pourtant qui puisse nous délivrer »[14].

— L’argument de l’invention de l’idée de Dieu

C’est la thèse de Feuerbach dans son Essence du christianisme en 1841. Pour lui, croire en Dieu relève de l’aliénation et par là, il va influencer Marx. Pour lui, l’homme se dépouille de ses qualités et les attribue à Dieu. L’homme s’appauvrit pour que Dieu soit tout. Pour que Dieu soit tout, l’homme doit n’être rien.

Dieu est une projection de l’homme, par laquelle il se coupe de lui-même. En Dieu, l’homme adore ses propres vertus et la religion : c’est le rapport de l’homme avec lui-même, ou plus exactement avec son être, mais un rapport avec son être qui se présente comme être autre que lui.

L’athéisme n’est pas une croyance

Je dirais donc que l’argument habituel « on ne peut pas démontrer la non-existence » peut être contrebalancé. Les arguments pour l’existence de Dieu ne convainquent pas. L’évolution des croyants vers une croyance intérieure, dont on ne peut rendre compte, qui saisit l’individu, me conforte.

Dans une interview, le cardinal-archevêque de Bruxelles-Malines, Monseigneur De Kesel, répond que deux théologiens l’ont beaucoup influencé. L’un est Dietrich Bonhoeffer, un protestant, inspirateur de la théologie de la mort de Dieu[15]. Pour lui, Dieu ne consiste pas en un apport surnaturel destiné à compléter les incapacités humaines, il y a unité entre Dieu et la réalité. Sa conclusion est qu’« il nous faut vivre en tant qu’homme qui parvient à vivre sans Dieu ». Un pareil Dieu ne peut démontrer son existence. Même un cardinal n’y songe plus. Croire est en fait, aujourd’hui, en Europe, un choix personnel.

Quant aux preuves de l’athéisme, je dirais que si la vérité, la preuve que l’on entend, dans les sciences physiques, est essentielle et, si l’étendue de ce qu’elles peuvent démontrer s’est considérablement étendue, elle connaît des limites par ce qu’elle peut trouver, mais aussi par nature.

La morale ne peut, fondamentalement, relever des sciences physiques. Poser, sans hésiter, qu’il n’y a ni Dieu ni transcendance est la meilleure garantie de liberté et de vérité.

L’athéisme n’est pas une croyance. L’incroyant, après réflexion et intime conviction, affirme quelque chose concernant la structure de la réalité. Dans ce cadre, l’athéisme n’est pas une vérité, au sens des sciences physiques : c’est une vérité fondée sur une argumentation. Cela peut être aussi le parti d’un croyant, mais en sens inverse. Mais de ce côté, le recours à la raison semble une idée dépassée.[16]

Reste non pas la question de Dieu, mais celle de Leibniz : « Pourquoi y a-t-il de l’être plutôt que rien ? ». La question est différente de celle de l’existence de Dieu qui ne me paraît en rien constituer la réponse dans ce cas. La seule réponse actuellement possible – ce sont les spécialistes de physique théorique qui peuvent aller plus loin – est que le monde, la matière n’a jamais eu de commencement et n’aura pas de fin, que le vide absolu n’est qu’une vue de l’esprit, que la matière ne peut provenir de rien sinon de la matière, comme l’a expliqué, par exemple, Noël Rixhon[17].

Tout est-il acquis pour toujours ?

Ce qui suit ne peut, certes, constituer un argument de fond pour démontrer la validité intrinsèque de l’athéisme, mais traduit les préoccupations de beaucoup d’athées et le sentiment de légèreté que leur donne la position d’agnosticisme ou d’athéité. L’agnosticisme moderne s’est justifié d’abord par la prudence, ensuite, à l’époque contemporaine, souvent par le sentiment de tranquillité causé par la certitude de la fin des religions.

Certes, le retour du religieux, et plus encore celui des religions ne sont pas si évidents. Par ailleurs, bien des changements sociologiques sont en cours.

Sur ce dernier plan, on ne peut que suivre, selon moi, Jean-Pierre Bacot, quand il relève que, grosso modo, en Europe, l’adhésion à une religion était, autrefois, tendanciellement un marqueur des classes supérieures, mais qu’aujourd’hui, elle est devenue tendanciellement un marqueur des classes socialement et culturellement inférieures, notamment du fait de l’immigration, elle-même plus multiple que beaucoup se l’imaginent[18]. La conséquence est que beaucoup de citoyens « de souche » voient très peu ce qui se passe par-dessous. Or, dans certains quartiers, même quand il y a une relative tolérance, elle ne s’étend pas aux athées[19].

Toute une génération, celle de mai 1968, a refusé de s’intéresser à la religion parce que c’était une affaire classée. Sartre ne voulait pas dire autre chose. Les religions traditionnelles dominantes sont, certes, en voie d’écroulement, presque partout en Europe de l’Ouest, mais il faut bien constater que les questions religieuses sont toujours là, et qu’il y a bien plus de violence religieuse, même en Europe de l’Ouest, ces vingt dernières années qu’au cours du siècle précédent.

La Cour européenne des droits de l’Homme prend, maintenant, plusieurs décisions par mois en matière religieuse (contre un arrêt de 1950 à 1993…). Est-on si sûr que les hymnes à la seule laïcité (qui n’implique pas l’athéisme – ce qui est vrai), dans le respect de toutes les convictions, soient suffisants ? Sans pour autant virer à la panique irrationnelle, la tranquillité et la confiance d’autrefois n’ont-elles pas quelque chose de « décalé » aujourd’hui ?

Une erreur grave serait de croire qu’il y a une évolution lente, mais linéaire et fatale, qui fait sortir du jeu les religions et le religieux. À cet égard, la situation de la Belgique est intéressante d’un point de vue historique.

Malgré l’absence de sondage, on peut estimer la situation de l’incroyance, en Belgique, avant 1914. Ainsi, pour Els Witte[20], vers 1900, cinquante-quatre pour cent de la population masculine (la base du calcul est électorale), appartient au monde non catholique. Cela n’équivaut pas aux athées, mais dans la virulente ambiance de l’époque, un tel chiffre explique que le monde du travail a quitté l’univers catholique. Mais d’autres chiffres viennent corroborer le premier. Dans les communes industrielles de Liège et du Hainaut, entre 1920 et 1924, on a de vingt à trente pour cent de non baptisés, et jusqu’à quarante-cinq pour cent de mariages uniquement civils. Seraing comptait quarante pour cent de non baptisés avant 1914. Après 1918, ce chiffre tombe à vingt puis à dix pour cent, et à cinq pour cent en 1960. Le nombre de divorces double entre 1900 et 1920, mais stagne ensuite jusqu’en 1949. Quant aux mariages uniquement civils, même dans les communes ouvrières, il oscille entre sept et dix pour cent de 1919 à 1949.

Dans le même ouvrage qu’Els Witte, John Bartier montre qu’en 1912, la Fédération nationale (belge) des sociétés de libres penseurs – tous se revendiquant de l’athéisme –, compte trois cent septante cercles locaux regroupant vingt-six mille membres[21]. En 1937, il n’y a plus que cent soixante-trois cercles et neuf mille membres. La Fédération a été dissoute il y a quelques années.

Plusieurs éléments entrent en ligne de compte pour expliquer cela, mais le principal est la réussite de la reconquête par l’Église des milieux populaires, grâce à son réseau syndical, mutualiste, hospitalier, scolaire… Une action de conquête, de reconquête de la religion peut se faire, même à époque récente.

Le cas de l’islam contemporain est identique. Le salafisme apparaît dans l’entre-deux-guerres, monte après 1950 et passe aux violences à partir des années 1970-1980. C’est une vraie division ou reconquête de l’islam.

Pour les cercles de libres penseurs, il faut en plus faire intervenir la rupture (par exclusion) d’avec le POB en 1912. Cette reconquête est terminée, mais le syndicalisme chrétien reste dominant. Rien n’est fatal et tout – surtout l’inattendu – peut se produire. La mode est passée, mais il y a trente ans, on supputait, même chez les laïques, le nom du groupe religieux nouveau (la « secte ») qui monterait en puissance, en remplacement, chez nous, du catholicisme (mormons ? Scientologues ?).

En matière religieuse, l’Europe n’est pas si loin de la situation de la fin de l’Empire romain.

Donc l’athéisme…

Il est fréquent que les athées jugent sévèrement les agnostiques. Le prototype de cette attitude est Engels qui déclare, dans l’introduction anglaise (1892) du Socialisme utopique et socialisme scientifique, que l’agnosticisme est un matérialisme honteux. Lénine est à peine plus tendre dans le chapitre IV de Matérialisme et empiriocriticisme (1909) : « Chez Huxley […], son agnosticisme, n’est que la feuille de vigne de son matérialisme ».

Tout récemment encore, le politologue de l’Université de Mons, Serge Deruette, vice-président de l’Association belge des athées, expose :

Pourquoi se revendiquer athée ? Et non, plus prudemment agnostique ? C’est que, cédant à la nécessité consensuelle d’un doute, dont il est de bon ton de se réclamer au sujet d’un Dieu, que l’on sait pourtant ne pas être et offrant l’avantage non négligeable d’éviter le reproche du « dogmatisme », l’agnosticisme est souvent une forme honteuse de l’athéisme[22].

Selon lui, comment comprendre qu’un Dieu « aurait, rien que pour les hommes, créé un univers qui compte, exclusivement dans ce que nous pouvons en observer, pas moins de 1023 étoiles ? ».

Il me paraît mieux inspiré que François de Smet, qui se complaît, dans une attitude toute d’athéité, quand il conclut : « Si la religion est en général le fruit d’un parcours collectif charrié par l’émulation du groupe, l’athéisme, lui, est condamné à rester le fruit d’une démarche intellectuelle mûrie dans la solitude d’une âme qui… »[23].

On peut certes, et heureusement, être agnostique et anticlérical, mais l’athéité, c’est l’absolu contraire de ce qu’il faut faire.

* Cet article est le texte, d’une conférence donnée le 18 avril 2017 à la tribune de « La Pensée et les Hommes ». Il peut être lu sur le site de « La Pensée et les Hommes » – sans les notes – dans la rubrique Toiles@penser, N°31 (2018).


Notes

  1. Traduction de Jean-Paul Dumont, Les Sophistes. Fragments et témoignages, Protagoras, B 4, Paris, 1969. ↑
  2. Sextus Empiricus, Hypotyposes pyrrhoniennes, I, 216 S1., traduction de Jean-Paul Dumont. ↑
  3. Didyme l’Aveugle, « Commentaire sur le Psaume 34, 17 », traduit par Mauro Bonazzi dans Les Sophistes I, dir. Jean-François Pradeau, Flammarion, Paris, 2009, p.62. ↑
  4. J’utilise les pages 185-189 du volume Les Sceptiques grecs, textes choisis et traduits par Jean-Paul Dumont, Presses universitaires de France, Paris, 1966. ↑
  5. David Hume, Dialogues sur la religion naturelle, traduction et dossiers par Magali Rigaill, Folioplus, Paris, 2009, 256 p. ↑
  6. Michel Onfray, Traité d’athéologie. Physique de la métaphysique, Éditions Grasset, Paris, 2005. ↑
  7. Georges Minois, Dictionnaire des athées, agnostiques, sceptiques et autres mécréants, Albin Michel, Paris, 2012, s.v. ↑
  8. Je reprends cette définition à Patrick Tort, Qu’est-ce que le matérialisme ? Introduction à l’analyse des complexes discursifs, Belin, 2016, Paris, p. 549. ↑
  9. Signifie ici « non sans dommage ». ↑
  10. Je cite d’après Patrick Tort, op cit., pp. 551-552. Huxley a raconté l’épisode dans un article publié dans Christianity and Agnosticism, New York, s.d., pp. 20-21 et dans la revue The Nineteenth Century, 25 février 1889, pp. 169-174. ↑
  11. Patrick Tort, op cit., note 281, p. 548. ↑
  12. George Minois, op cit., Albin Michel, Paris, 2012, s.v. ↑
  13. André Léonard, Les raisons de croire, Fayard, Paris, 1987, que je cite d’après Robert Joly Dieu vous interpelle ? Moi, il m’évite… les raisons et la croyance, EPO et Espace de Liberté, Bruxelles, 2000, 169 p., cf. p. 67. ↑
  14. Robert Joly, op cit., pp. 36-37. ↑
  15. Interview de Mgr Jozef De Kesel, La Libre Belgique, des 15,16 et 17 avril 2017. ↑
  16. C’est la position de Léo Apostel, Actes du colloque : Athéisme et agnosticisme. Problème d’histoire du christianisme, 16, p. 168, que je cite d’après Robert Joly, op cit., p. 17. ↑
  17. Noël Rixhon, « agnosticisme-matérialisme », in Cahiers d’éducation permanente de La Pensée et les Hommes, Dossier no 009-005, 2014. ↑
  18. Jean-Pierre Bacot, Une Europe sans religion dans un monde religieux, les Éditions du Cerf, Paris, 2013, p. 234. ↑
  19. Voir, par exemple, Ludivine Ponciau, « Contre le radicalisme, les Molenbeekois misent sur l’éducation religieuse », Le Soir du 10 février 2017. ↑
  20. Els Witte, « Déchristianisation et sécularisation en Belgique », in Histoire de la laïcité principalement en Belgique et en France, La Renaissance du Livre, Bruxelles, 1979, pp. 149-179. ↑
  21. John Bartier, La Franc-maçonnerie et les associations laïques en Belgique, op cit., pp. 177-200. ↑
  22. Serge Deruette, « Mais comment peut-on être athée ? », in Espace de libertés, no 456, février 2017, pp. 42-43. ↑
  23. François De Smet, « Être athée, est-ce bien raisonnable ? », Espace de libertés, no 439, janvier 2015, pp. 60-62. ↑
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« Surréalisme et athéisme en Belgique », une conférence de Christine Béchet

https://www.youtube.com/watch?v=0DmbhFp-3nY&t=732s

« Laïcité et ré-islamisation en Turquie » par Bahar Kimyongür (avec illustrations et questions/réponses)

https://www.youtube.com/watch?v=eg4oVSm322Y&t

L’athéisme est il une religion ? Par Jean-Michel Abrassart

https://www.youtube.com/watch?v=1exjhF1LaFw&t

« Laïcité et athéisme » une conférence de Véronique De Keyser

https://www.youtube.com/watch?v=I1wByrcVbaA&t

« Athéisme et (in)tolérance » une conférence de Patrice Dartevelle

https://www.youtube.com/watch?v=hzgWQoOtsqI

« Athéisme et enjeux politiques » une conférence de Serge Deruette

https://www.youtube.com/watch?v=bYTzQOLBO9M&t=3s

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