Les Athées de Belgique
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Archives par mot-clé: histoire

Jésus

Posté le 8 mars 2023 Par JF Publié dans Religion Laisser un commentaire
Robert Joly

Le texte ci-dessous est la retranscription d’une conférence donnée par Robert Joly le 22 février 1985 au Roeulx. La retranscription est l’œuvre d’Yves Ramaekers et Marianne De Greef. On leur doit les sous-titres. Les passages entre crochets droits sont de la rédaction. La publication se fait avec l’aimable autorisation de la veuve et de la fille de R.Joly. On peut consulter la captation en vidéo de la conférence réalisée par Jean-Pierre Pourtois ci-dessous : 

Pour des raisons d’édition, le texte retranscrit de la conférence a été scindé en trois parties, qui seront publiées successivement dans les prochaines livraisons de notre Newsletter. Ces parties sont centrées chacune sur un élément pertinent qui leur donne leur titre.

– Partie 1 : Jésus a bel et bien existé

– Partie 2 : Le fils de Marie et de Joseph

– Partie 3 : L’annonceur annoncé

Robert Joly (1922-2011) est un philologue spécialisé dans l’Antiquité gréco-romaine. Comme professeur, il a donné divers cours de philosophie et un cours d’histoire des sciences à l’Université de Mons et a enseigné la littérature des Pères grecs de l’Église et le Nouveau Testament à l’ULB, à l’Institut d’histoire du christianisme, dont il sera le directeur quelques années.

Il s’est attaché à l’histoire des origines du christianisme en montrant que très rapidement, il a contracté une forte dette à l’égard de la philosophie païenne. R. Joly s’est consacré spécialement aux auteurs chrétiens du IIᵉ siècle pour conclure à la forte influence du moyen platonisme. Dans plusieurs textes, il a montré que la spécificité de la morale chrétienne (comme la charité universelle) était sans fondement. Tout se retrouve dans le paganisme antérieur ou n’est que pure illusion.

Il n’a jamais rassemblé de manière systématique ses vues sur Jésus mais a participé à un débat à Paris que l’on peut retrouver dans Robert Joly, Jean Hadot, Georges Ory et Guy Faux, « Le problème de Jésus I » dans Raison Présente, n°11 (juillet-août-septembre 1969), pp. 55-73 et « Le problème de Jésus II » dans Raison Présente, n°12 (Octobre-novembre-décembre 1969), pp.47-69.

Son ouvrage « Dieu vous interpelle ? Moi il m’évite… Les raisons de l’incroyance » publié en 2000 est le classique de l’athéisme en langue française. Par ses nombreux livres, ses cours et les conférences pour le grand public qu’il aimait tant donner, il a exercé une profonde influence sur les milieux laïques.

Voir Patrice Dartevelle, « Robert Joly (1922-2011), philologue rationaliste et athée », in Patrice Dartevelle et Christophe De Spiegeleer (dir.), Histoire de l’athéisme en Belgique, ABA Éditions, collection Études athées, 2021, pp. 127-137.

Patrice Dartevelle

Première partie

Jésus a bel et bien existé

L’historien croyant et l’historien mécréant

Le sujet est épineux, difficile, mais je crois qu’on peut l’aborder. Je veux commencer par vous dire que je vais parler de Jésus en historien, en historien des religions – bien entendu – et du christianisme et de ses origines. Il faut bien voir ce qu’implique l’Histoire. C’est un métier que l’Histoire, c’est une science. Il n’y a d’ailleurs aujourd’hui plus de discussion à ce sujet. Un historien ne peut avancer que des choses qu’il peut prouver, et s’il ne peut pas les prouver, il peut tout de même avancer des choses, mais en disant quel est, à son avis, le degré de probabilité, rien de plus. Ceci veut dire que, même si un historien est croyant, est catholique, il ne peut pas faire intervenir sa foi, s’il veut être historien. Comme croyant, il admet un certain nombre de choses, mais s’il est historien, il ne peut dire que ce qui est prouvé, que ce qui est prouvable.

Les croyants ont mis du temps pour s’apercevoir de cela et c’est bien naturel. Ils ont la foi et ils ne peuvent pas si facilement admettre que la foi et la science soient si différentes. Ils ne peuvent pas admettre qu’elles soient incompatibles. Mais aujourd’hui, entre un historien catholique et un historien incroyant, il y a beaucoup moins de différences qu’on ne pourrait croire, parce que l’historien, même s’il est catholique, sait ce qu’est le métier d’historien. Par exemple, il y a un très beau livre qui est paru, il y a six ou sept ans, d’un professeur spécialiste du Nouveau Testament à l’Institut catholique de Paris, un éminent spécialiste, ecclésiastique [Charles Perrot, Jésus et l’Histoire , Desclée, De Brouwer, 1979] et son propos est de ne dire que ce que l’historien peut dire de Jésus. L’accord entre un mécréant comme moi et Charles Perrot est bien plus substantiel que ce qu’on aurait pu croire, il y a encore vingt ou trente ans.

Même si un historien est croyant, il ne peut pas dire en tant qu’historien que Jésus est ressuscité. Il le croit, c’est sa foi, mais il n’y a pas de preuve historique que Jésus est ressuscité. Il y a seulement des preuves historiques qu’on a cru à sa résurrection. C’est tout de même très différent. Un petit groupe de disciples a cru à sa résurrection, mais affirmer qu’il est ressuscité est une proposition de foi et pas d’historien. Il ne faut pas imaginer que le tombeau vide soit une preuve de la résurrection de Jésus. Un tombeau peut être vide pour trente-six raisons et la résurrection serait peut-être la dernière hypothèse à formuler, comme historien. Il est clair, par l’analyse du texte, que le tombeau vide est une invention a posteriori. Quelque chose auquel on a cru très sincèrement à un moment donné, mais qui est postérieur. C’est une légende, et bien des historiens, même catholiques, disent aujourd’hui – j’ai vu un article, il n’y a pas trois semaines, dans ce sens-là, d’un historien catholique, un théologien qui disait qu’il ne faut pas prendre le tombeau vide pour une preuve de la résurrection du Christ – que c’est seulement une manifestation de la foi en la résurrection. C’est dire ce que les mécréants disaient depuis longtemps, que c’est une légende de la foi mais pas du tout un fait prouvé, loin de là. L’historien n’a pas réponse à tout, il ne peut parler que d’après les documents qu’il a et le progrès de l’Histoire vient souvent de nouveaux documents qui apparaissent, qu’on découvre ou bien, comme c’est le cas ici, de l’analyse des documents par laquelle on peut faire des progrès, parce qu’on ne découvre pas très souvent de nouveaux documents sur les origines du christianisme et sur Jésus. C’est ça qui change tout de même beaucoup la représentation qu’on peut se faire de Jésus.

Biographie lacunaire de Jésus

Il y a longtemps qu’on a renoncé à faire une vie de Jésus. On sait bien qu’on ne dispose pas des éléments pour faire une biographie continue de Jésus. On sait finalement peu de choses de lui, mais ce n’est pas un argument pour dire qu’il n’a pas existé. Jésus a existé, j’en mettrais ma main au feu. Qu’il a existé comme homme. Croire qu’il est le fils de Dieu, c’est de la foi, ce n’est pas de l’Histoire. Mais Jésus a bel et bien existé. On l’a parfois nié, mais manifestement, cette thèse, qui n’a jamais été réellement celle des spécialistes, n’est pas soutenable du tout.

Pour parler de Jésus, on a essentiellement les Évangiles. Il y a quelques petits témoignages païens, mais ils n’ont pas tellement d’importance. Il ne faut pas croire non plus qu’il faudrait des témoignages païens pour être sûr que Jésus a existé. Pas du tout. L’analyse des Évangiles le prouve à cent pour cent. Il y a trois Évangiles qui vont ensemble, qu’on appelle synoptiques, parce qu’on peut les mettre sur trois colonnes, qui sont parallèles, avec, heureusement, beaucoup de divergences. Ce sont les plus anciens. Jean est déjà très différent, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas parfois chez lui des traditions qui seraient plus sûres, mais en général, Jean représente un stade de la croyance postérieur aux trois synoptiques.

Donc, il faut se baser essentiellement sur trois Évangiles et bien voir ce que sont les Évangiles. Les Évangiles ne sont pas des livres d’historiens. L’accord est fait là-dessus, il est unanime aujourd’hui. Ce sont des livres de propagande chrétienne qui veulent évangéliser. Ces Évangiles-là datent de 65, 70, 80 de notre ère, c’est-à-dire quarante ans après la mort du Christ, de Jésus. Ceux qui les écrivent traduisent l’état de la croyance dans leur communauté et ils veulent promouvoir la nouvelle religion. Ce ne sont pas des historiens, du tout. Ils s’inspirent de traditions antérieures qui ont d’abord été orales et qui ont fini par être mises par écrit.

Selon Marc

Marc, qui est notre premier évangéliste – dans le Nouveau Testament, il est le deuxième, mais chronologiquement, c’est lui le premier – avait peut-être déjà à sa disposition des textes, mais il est probable qu’un Évangile comme nous le lisons dans Marc n’a pas existé avant le sien ; c’est très probablement le premier. Qu’est-ce qui permet, à partir de textes de propagande chrétienne – je ne dis pas propagande au sens péjoratif –, de prosélytisme chrétien, de remonter à Jésus ? Le problème est délicat parce qu’il faut bien comprendre qu’une fois qu’on a cru à la résurrection de Jésus, le fait qu’il était ressuscité et qu’on croyait à sa résurrection nous fait voir le signe d’une dignité tout à fait particulière du personnage. Avant cela, pendant sa vie, il n’a intéressé que très peu de monde et on n’était sûrement pas intéressé à noter ce qu’il faisait. C’est quand on a cru à sa résurrection qu’il est devenu intéressant et important. Croire qu’il est ressuscité, c’est lui accorder un format déjà presque divin. C’est de là qu’est parti l’intérêt pour sa vie, pour ce qu’il avait dit, et on a essayé de regrouper, de formuler. Mais tout cela est reformulé d’après la croyance qu’on a à ce moment-là, et cette croyance majore déjà considérablement le personnage.

Le problème, c’est de passer à travers la croyance des différents milieux chrétiens et voir en grattant, en jouant un peu à la spéléologie, de retrouver Jésus, le Jésus historique. À travers quoi ? À travers les majorations de la foi, puisqu’on part d’un homme et qu’on en fait un Dieu, et même un Dieu à part entière dans la Trinité mais il faudra attendre le quatrième siècle tout de même pour ça. Il est vite devenu un personnage divin. Une fois qu’on croit à sa résurrection, sa promotion divine est très rapide. La foi est majorante : la foi majore le personnage, elle fait de l’homme un Dieu, très vite, mais Jésus ne s’est sûrement pas cru divin. Pour ma part, je pense que Jésus se croyait prophète, ça sûrement, mais des prophètes, ça ne manquait pas de ce temps-là en Judée, en Palestine. Tout ce qu’on peut admettre d’authentique pour Jésus consiste à dire que « La fin du monde est proche » et « Le règne de Dieu arrive ». Par conséquent, repentez-vous. Voilà les deux idées essentielles de Jésus, relativement banales dans le milieu de l’époque.

Selon Jean-Baptiste

Jean-Baptiste, qui était aussi un prophète, ne devait pas dire grand-chose d’autre. Jean-Baptiste a baptisé Jésus ; Jésus a été disciple de Jean-Baptiste. Mais Jésus, grâce à la croyance à sa résurrection, a eu une promotion que Jean-Baptiste n’a pas eue. On voit les Évangiles récupérer Jean-Baptiste et lui faire dire : « Celui qui vient après moi est bien plus grand que moi ». Ce n’est pas une parole authentique : c’est une parole de croyants qui ont déjà majoré Jésus. On voit la lutte entre les disciples de Jean-Baptiste et les disciples de Jésus ; la concurrence a été relativement chaude pendant tout un temps. C’est Jean, c’est le quatrième Évangile, qui nous le montre le mieux. Finalement, dans la tradition chrétienne, Jean-Baptiste est devenu le précurseur. Si je pouvais interviewer Jean-Baptiste, j’ai l’impression que c’est un grade qu’il n’admettrait pas du tout. Mais la tradition chrétienne en a fait seulement un précurseur.

Les trois Évangiles qui sont parallèles ont été formés dans des communautés différentes. On ne sait pas trop lesquelles, ce sont des conjectures. Marc est probablement romain, on peut hésiter et les spécialistes se disputent là-dessus. Luc n’a pas connu Matthieu ; ils ne se connaissent pas mutuellement, mais ils connaissent Marc tous les deux. Ils s’inspirent très fort de Marc, mais ils ont parfois des traditions divergentes et des traditions parallèles ; ils amplifient de toute façon l’Évangile de Marc et il y a des disparates dans des récits parallèles. Il y a des disparates, ce qui est fort intéressant, parce que c’est ce qui nous permet, en analysant les divergences, de retrouver un propos authentique et un autre qui ne l’est pas. C’est parce que les trois Évangiles ne sont pas strictement identiques que nous pouvons remonter, ou plutôt descendre les couches successives de la tradition. Donnons quelques exemples de divergences pour faire comprendre concrètement ce que ça veut dire.

Mon travail serait grandement facilité si le lecteur sortait de sa lecture quotidienne des Évangiles, mais mon expérience me prouve que je ne peux pas compter là-dessus. On dit toujours que la Bible est le livre le plus lu du monde ; c’est tout à fait faux. C’est le livre sûrement le plus édité du monde, c’est le livre le plus traduit du monde, c’est le livre le plus possédé du monde, mais le livre le plus lu, sûrement pas.

Lire la Bible

Il n’y a que trente ans d’ailleurs, un catholique devait avoir l’autorisation de son directeur de conscience pour lire la Bible dans son texte intégral. Le texte intégral pose tellement de questions que l’Église catholique a toujours préféré donner des anthologies un peu arrangées qui ne posent pas de problèmes. Mais le texte intégral, lui, en posait. L’Église n’y tenait pas du tout. Cette interdiction est maintenant levée.

Les protestants lisent la Bible. Les protestants pieux continuent à lire la Bible tous les jours, c’est-à-dire quelques versets tous les jours. Ils lisent ça un peu comme le curé lit son bréviaire, ou lisait son bréviaire. C’est-à-dire qu’il y a des façons de lire qui sont pieuses, des récitations édifiantes qui n’amènent pas une lecture critique. On peut lire toutes sortes de contradictions sans s’en rendre compte, même pendant quarante ans. La Bible n’est pas lue, elle n’est pas lue comme elle devrait l’être, en tout cas. Les incroyants ne lisent pas la Bible non plus ; ils ont tort. Tout le monde a tort, c’est prodigieusement intéressant, mais je sais bien qu’ils ne la lisent pas.

Les disparates

Voici le genre de disparates que l’on trouve dans les Évangiles. Je ne vous en donne que quelques exemples parmi ceux qui demandent le moins d’explications possible, parce que certains sont complexes. On trouve, par exemple dans Marc, un ensemble de versets qui énumèrent quelques faits différents, mais ils sont continus dans le texte. Luc les reprend tels quels, mais Matthieu, lui, disperse ces versets et il les met dans des contextes très différents. C’est très fréquent. Un même épisode, un petit épisode, une parole de Jésus, est mis par les Évangiles, au moins par deux d’entre eux une fois sur trois, dans des contextes différents. Qu’est-ce que ça veut dire ? Cela signifie que ce qui est le plus ancien, c’est le petit texte, mais que son contexte est artificiel. Il a été restructuré dans bien de cas. Prenons par exemple une parabole. On en retrouve dans les trois ; il y en a qu’on retrouve dans les trois, il y en a qui sont dans deux, il y en a qui sont dans quatre. Tout ça varie, mais la plupart du temps, l’occasion pour Jésus de dire la parole est différente et la preuve est faite depuis longtemps que ce qui est le plus ancien, c’est la parabole elle-même, à condition de la dégraisser d’un certain nombre d’additions, d’enjolivements, d’amplifications. Il y a souvent quelque chose d’authentique dans les paraboles, mais le contexte dans lequel elles ont été mises a été rédigé, réarrangé de façons différentes dans les trois synoptiques. En termes un peu « jargonnants », ces contextes sont rédactionnels. Cela veut dire qu’il ne faut pas compter dessus pour faire l’histoire. Ils correspondent à la croyance du milieu ou à la persuasion personnelle de l’évangéliste, mais ça n’a pas de chance de remonter très haut.

Ce qui peut remonter très haut, ce sont de petits textes. Des paroles de Jésus circulaient certainement. Nous en avons la preuve, mais elles n’étaient pas regroupées, ou regroupées diversement. Ensuite, on les a tout de même regroupées, on en a fait des ensembles et nous pouvons, en analysant les Évangiles, retrouver ces ensembles. Mais l’ensemble est rédactionnel, est postérieur. Ce qui est le plus ancien, ce sont les propos de Jésus, pris séparément. Le premier texte, le premier récit un peu structuré, c’est évidemment celui de la mort, de la Passion de Jésus. L’intérêt se fixait sur la mort puisqu’elle conditionnait la résurrection. C’est ça le premier intérêt. Si vous lisez Marc, il n’a pas de souci de chronologie, il enchaîne les paroles et les actes de Jésus d’une façon très vague. « Et puis », « et un jour », « et après », il enfile des perles. Le fil, il ne faut pas s’y fier, mais on voit que le récit de la Passion est structuré et qu’il était déjà rédigé : c’est naturel, le premier intérêt des chrétiens, c’est la mort et la résurrection.

Mort et résurrection

Nous ne savons plus ce que veut dire « résurrection » parce qu’aujourd’hui, c’est extérieur à nos mentalités. Il faut donc l’expliquer. Que Jésus soit ressuscité, ça veut dire aussi que c’est la fin du monde. Dans la croyance des Juifs, la fin du monde, c’est la résurrection de l’homme, et pour cela, il faudra le Jugement dernier. Le Jugement de Dieu exige la résurrection des morts et que Jésus soit ressuscité veut dire au fond que c’est le premier à ressusciter. Les autres vont suivre et la fin du monde est imminente. Les premiers chrétiens ont attendu la fin du monde pour très bientôt, pour tout de suite et un siècle après, certains attendaient encore. Par la suite, ça s’est atténué, mais ça ne venait pas. Les premières générations ont attendu la fin du monde dans l’immédiat. Saint Paul est très clair là-dessus et Saint Paul, ce sont les plus anciens textes chrétiens que nous ayons. Les lettres de Paul datent de 50 environ, et puis 60, elles sont antérieures aux Évangiles, tout en représentant un christianisme beaucoup plus évolué. Paul a déjà une théologie du Christ très élaborée tandis qu’un peu plus tard, on rédige les Évangiles avec des traditions beaucoup plus anciennes et qui nous attestent dans bien des cas que Jésus ne se donnait pas pour fils de Dieu, pour un personnage divin. Il est paradoxal que les premiers textes chrétiens représentent déjà un christianisme beaucoup plus majoré que Marc, notamment, mais même que Matthieu et Luc. Jean est postérieur encore et c’est chez eux que le Christ est le plus majoré dans le Nouveau Testament.

Nazareth ou Bethléem ?

Voici des contradictions, des divergences très concrètes, et qui sont faciles à percevoir dans le texte et à expliquer très facilement. Notamment, dans Matthieu, les parents de Jésus habitent à Bethléem ; mais dans Luc, c’est Nazareth. Voilà une divergence et les historiens se demandent qui a raison. Comme il n’y a pas beaucoup de chance que ce soit un troisième lieu, il faut choisir entre les deux. C’est très clair, c’est Nazareth et les historiens resituent la famille à Nazareth. C’est Jésus de Nazareth, pas de Bethléem. Pourquoi ? Il y avait des propos dans la Bible d’origine juive qui disaient que le Messie naîtrait à Bethléem. Si Jésus était originaire de Bethléem, pourquoi est-ce qu’on irait inventer Nazareth, qui est un patelin si infinitésimal qu’on ne l’a même pas retrouvé ? Par contre, s’il est de Nazareth, on comprend très bien la majoration en question. Quand on croit qu’il est le Messie, il faut qu’il soit de Bethléem. Ses parents sont à Nazareth et on inventera le recensement pour les faire aller avec lui à Bethléem, car il faut que le Messie naisse à Bethléem. Une telle donnée est secondaire. Elle dépend de la foi, tandis que Nazareth, c’est le propos authentique. Voilà la différence qu’il y a entre les Évangiles sur ce point. Dans Matthieu, les apparitions aux disciples se font en Galilée ; chez Luc, elles se font à Jérusalem, ce qui est très différent. Chez Jean, la mère de Jésus assiste à la crucifixion, elle est au calvaire. Et Dieu sait si chez les peintres, les primitifs flamands ou italiens, la mère de Jésus est au calvaire. Comment voulez-vous imaginer l’affaire autrement ? Dans les trois Évangiles plus anciens, Marie n’est pas du tout là. On prend la peine d’énumérer des femmes qui sont là, mais Marie n’y est pas. La mère de Jésus n’est pas là. La présence de Marie au calvaire s’imposait dans la foi des chrétiens, mais historiquement, les Évangiles les plus anciens nous attestent qu’elle n’y était pas. Si elle y avait été, eux qui mentionnent sept ou huit femmes présentes n’auraient pas oublié la mère de Jésus. La vérité, c’est que la mère de Jésus n’avait aucune importance pour la première génération chrétienne et les Évangiles nous en donnent la preuve, les traces. Donc, il faut en faire l’analyse, la critique des Évangiles : c’est le métier d’historien. « Critique » n’est pas péjoratif : « critique » ne veut pas dire éreintement systématique, destructeur. Dès qu’on est historien, il faut faire la critique des témoignages et les Évangiles demandent une critique comme tout autre texte. C’est un peu plus complexe, parce que le problème est plus difficile. La conclusion immédiate de tout ça, c’est que l’historien ne peut pas faire comme la foi : prendre les Évangiles pour paroles d’évangile. Ça n’est vraiment pas possible. Il faut scruter, il faut comparer et s’acheminer à travers des couches successives vers ce qui a pu être un propos historique et quand tout ça est filtré, il reste peu de choses, mais il reste suffisamment pour attester la vie de Jésus, la réalité de l’homme historique, de l’homme Jésus et de quelques croyances et de quelques « slogans » de son message, mais c’est à peu près tout.

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De la discrétion voulue ou involontaire des athées

Posté le 10 juillet 2018 Par ABA Publié dans Athéisme Laisser un commentaire

Dachau. Les mémoriaux protestant, catholique, juif, orthodoxe et le couvent des Carmélites.

Patrice Dartevelle

Lors d’un récent voyage en Bavière, j’ai choisi de visiter le site du camp de Dachau (avant d’aller à Nuremberg…), pour des raisons assez évidentes.

Ouvert dès 1933, Dachau est le premier camp de concentration nazi. Il était destiné aux opposants politiques, de toutes les opinions démocratiques ce qui veut dire massivement des communistes ainsi que des socialistes, des libéraux. On y a mis aussi des libres penseurs ainsi que des prêtres (900, presque tous catholiques).

Par la suite, durant la guerre, on y enverra des résistants de toutes nationalités, d’opinion diverses, relevant parfois de la droite nationaliste, mais évidemment de très nombreux communistes, socialistes (dont le Belge Arthur Haulot), etc. sur le modèle allemand. On y ajoutera également des prêtres polonais, ce qui portera le nombre de prêtres à 2 720.

Plus tard encore, on y mettra quelques milliers de juifs et 6 000 prisonniers de guerre russes qui, eux, seront rapidement exécutés au mépris le plus total des conventions internationales.

Sur les 75 000 prisonniers qui y sont passés, 30 000 au moins périront, dont un grand nombre suite au typhus qui règne dans le camp peu avant sa libération.

Lieux de mémoire et de culte religieux à foison

Aujourd’hui, le côté Nord du camp est occupé par plusieurs lieux de culte ou de mémoire dédiés à différentes religions et par un couvent de Carmélites.

Dès 1945, du côté opposé, on avait bâti une église de la Sainte-Croix. Dès le 23 décembre 1945 elle était consacrée par le cardinal von Faulhaber, en présence du commandant américain du camp. Rapide reconversion des autorités catholiques, qui auraient mieux fait de s’émouvoir quand il le fallait. Cécité ou complicité, tout est oublié ! Fin 1966, cette église est démolie.

Entre-temps d’autres édifices religieux avaient été bâtis, sous prétexte d’une aire de méditation. En 1952 les protestants luthériens inaugurent une église de la Grâce, édifice qu’ils abandonnent en 1963 pour le confier à l’Église orthodoxe. En 1960, les catholiques construisent une chapelle des Affres de la Mort du Christ et en 1964, les Carmélites inaugurent leur couvent du Saint-Sang, que Mère Teresa visite la même année. En 1967, sous une influence hollandaise, les protestants ouvrent l’église de la Réconciliation. S’agissait-il d’une impossible – pour moi – réconciliation avec les nazis ou d’une réconciliation un peu hypocrite avec les Allemands ? En 1967 aussi on inaugure le mémorial juif. En 1995, dans une autre partie du camp, les orthodoxes créent une chapelle de la Commémoration[1].

Une contradiction ?

On aurait sans doute pu commémorer en un mémorial unique les victimes des nazis, mais sous cette seule réserve, il n’y a rien d’inexplicable dans ces constructions religieuses : on ne peut douter que des catholiques, des protestants, des orthodoxes (mais quelle proportion parmi les prisonniers soviétiques ?), des juifs religieux aient péri à Dachau, et dans les pires conditions. Tous ont droit sans réserve à ma commisération.

Mais à vrai dire, la réalité – et l’image – des prisonniers de Dachau est beaucoup plus celle d’opposants et résistants athées, agnostiques, anticléricaux ou autres non-religieux. Pour ceux-ci il n’y a pas de commémoration qui vaille en fait de bâtiment. Le caractère exhaustif des religions représentées par les édifices laisse croire qu’ils recouvrent l’intégralité des opinions et convictions alors que les croyants, si on les réunit, ne sont qu’une minorité, même en admettant qu’une certaine proportion des socialistes, des libéraux voire des communistes n’étaient pas athées.

La politique des Églises

Toutes ces constructions sont la marque d’une volonté et d’une politique religieuses constantes. Le cas extrême pour les camps de concentration est celui de l’Église polonaise.

Le pire se rencontre à Auschwitz, qui n’a accueilli pratiquement que des juifs. Les Carmélites (le cas de Dachau ne doit donc rien au hasard) s’y distinguent depuis longtemps par le couvent qu’elles y ont implanté. Le gouvernement polonais actuel – mais il ne faut pas dédouaner trop facilement ceux qui l’ont précédé et qui ont entamé le travail de déjudaïsation de la Shoah[2], sans vergogne après les pogroms de Rzeszow, Cracovie et Kielce en 1945 et 1946, en célébrant à Auschwitz le martyre de la nation polonaise sans parler des Jujfs – prépare aux abords d’Auschwitz un « camp des justes [bien rares] polonais ».

Au-delà de ces tragiques circonstances, l’obsession religieuse de faire rentrer en son sein après la mort ceux qui avaient clairement rompu avec la religion ou n’en avaient jamais eu à en connaître est une constante.

Le record en la matière vient d’être battu par le prêtre catholique belge qui a célébré une messe de funérailles pour celui qui, le 29 mai 2018, avait abattu trois personnes à Liège. Il s’agissait pourtant d’un converti à l’islam dans sa version la plus radicale. Sans doute avait-il été baptisé à sa naissance, mais de là à nier la foi qu’il avait proclamée…

Un autre cas étrange est celui des cimetières militaires français de la Première Guerre mondiale. Quinze ans ou plus après la loi de 1905, la France a agi en parfaite contradiction avec sa loi : toutes les tombes militaires françaises sont ornées d’une croix catholique, sauf celles des membres des régiments composés de soldats venant du Maroc, de l’Algérie, qui ont toutes un croissant musulman. Le problème n’a rien d’insoluble. Les tombes britanniques des cimetières voisins sont toutes de forme identique, une pierre posée verticalement avec une arête supérieure arrondie, mais sous laquelle existe un espace qui est consacré aux convictions de chacun, qu’il soit anglican catholique, musulman, hindouiste, sikh ou humaniste (j’en ai vu de mes propres yeux)[3].

L’absence des athées

Mais comment diable (!) les athées peuvent-ils rester les bras croisés ?

La première explication ou commentaire qui me vient à l’esprit – et c’est peut-être la plus proche de la réalité psychologique ou philosophique – est que les athées estiment que tout est fort bien ainsi. Ils ne veulent pas d’une action commémorative de groupe, comme l’est celle des Églises. Face à la mort et au néant, ils considèrent que seul le silence est de mise et que les Églises ne sont mues que par le besoin d’une présence rendue nécessaire pour entretenir leurs mythes et conforter leur pouvoir. L’athée se voit seul. Son athéisme est son œuvre, le produit de sa réflexion personnelle (encore que depuis plus d’un siècle les athées soient souvent fils ou filles d’athées).

Ce point de vue est d’une haute valeur morale et personnelle, mais il n’est pas complètement dépourvu de l’élitisme et du sentiment de supériorité que l’on reproche souvent aux athées[4]. La solitude de l’athée face à la mort reste belle.

J’ai pourtant quelques objections ou remarques. Dans quelle mesure, par exemple, cette attitude n’est-elle pas la rationalisation d’une impuissance ? Les athées ne disposent d’aucune structure comparable à celle des Églises pour financer des constructions. Dans la plupart des pays, les athées ont peine à diriger leurs dons et leurs legs vers les rares associations spécifiquement athées. Il y a aussi le mouvement laïque, humaniste ou de libre-pensée, selon l’appellation ordinaire variant de pays en pays, ainsi que le type de franc-maçonnerie qui en est proche. Il est bien rare que cela fasse beaucoup d’argent. Cela pourrait l’être aux États-Unis où les données sont différentes mais, du moins jusqu’il y a peu, l’athéisme ne s’y affichait guère et rien n’est près de changer dans la Bible Belt.

Bien évidemment si on veut construire un mémorial, même sans grandiloquence, il faut un peu de moyens et une structure pour les appeler et les récolter.

Je ne crois pas utile de traiter de l’illusion d’interdire ce type de construction. Les faits montrent que c’est impossible et interdire aux gens de manifester leur conviction au travers d’une construction ne me semble pas un haut-fait de tolérance, sauf à considérer qu’il faudrait raser de force toutes les églises, point de vue qui existe.

Pourtant encore, et plus curieusement, si les athées savent que rien d’eux ne survivra matériellement, ils ne sont pas forcément les derniers à parler du souvenir des vivants comme seule trace de leur existence et de leur action. En concrétiser une trace n’est pas incompatible avec l’athéisme.

À force de se réfugier dans une attitude individuelle, très « bourgeoisie du XIXe siècle », je crois qu’on valorise, renforce et cautionne socialement un paysage où, si les religions peuvent être diverses – ce qui aujourd’hui fait bien moins problème qu’autrefois –, il n’y a rien en dehors d’elles. Mieux vaudrait à mon sens plus de présence dans l’espace public plutôt que considérer – en fonction d’un sentiment très fréquent selon mon expérience – qu’il est profondément ennuyeux de se dépenser à lutter contre les sornettes religieuses.

Un second type d’explication ne manque pas d’intérêt parce qu’il nous permet de questionner plus avant sur la nature de l’athéisme.

Mis à part un petit nombre de purs libres penseurs et de maçons, ceux qui sont passés par Dachau ont été enfermés pour leurs idées communistes, socialistes, démocratiques, etc. Ils étaient certes athées pour le plus grand nombre. Cependant ils combattaient pour un idéal intégrant l’athéisme, mais dont celui-ci n’était pas forcément le fer de lance. C’est certain, mais je n’ai pas vu non plus de mémorial pour les communistes, les socialistes, les libéraux, etc. Il n’était évidemment pas sûr que les autorités bavaroises (Dachau se situe dans la périphérie de Munich, non loin de l’aéroport qui porte le nom significatif de celui qui a été longtemps l’homme fort du Land, sinon de la RFA, Franz-Josef Strauss) auraient aimé.

Le cas des prêtres allemands n’est pas forcément à ce point à leur honneur. Leurs diverses confessions semblent couvertes par les mémoriaux. Ils étaient retenus à Dachau pour des propos ou des écrits sûrement peu sympathiques au nazisme, mais la foi, l’amour du prochain et de sa liberté étaient-ils si souvent leur vraie motivation ? On peut être prêtre et antinazi sans que la religion y soit pour quelque chose. Les autorités religieuses allemandes n’ont jamais désavoué Hitler, vraiment jamais. Si quelques très rares évêques ont protesté face au nazisme, ils l’ont fait pour des motifs où le souci de la défense sociologique de l’Église prédominait : il s’agissait de protester contre l’absorption des organisations de jeunesse catholiques par la Hitlerjungend. C’est le cas du plus connu d’entre eux, Mgr von Galen, évêque de Münster et cardinal, qui ne manquait pas de conclure ses protestations contre cette absorption (et aussi contre les euthanasies pratiquées par les nazis sur les handicapés) d’un vigoureux « Heil Hitler! ».

L’argument vaut, mais il n’est pas sans faiblesses.

Ma conclusion n’est pas de proposer de créer un fonds pour un mémorial athée à Dachau (un peu parce que je ne vois pas comment trouver les fonds suffisants) mais d’inviter les athées à éviter de se complaire dans la discrétion et l’abstention, sans se poser de question et en invoquant parfois de faciles prétextes. S’effacer ne mène en tout cas à rien, sauf à laisser davantage de place aux autres.

Notes

  1. Je me réfère pour toute cette description à la version anglaise du guide des mémoriaux de Dachau : Kai Kappel, Dachau Concentration Camp Memorial Site. Religious Memorials, traduit de l’allemand part Margaret Mark 2016 (2e édition), Berlin-Munich, 96 p. ↑
  2. Cf. par exemple Paul Gradvohl, « Pologne. Une histoire sous tutelle », Le Monde, 24 février 2018. ↑
  3. J’ai vu tout cela à Ypres et ses environs et en ai déjà parlé antérieurement, cf. mon article « Réflexions sur un démon », Vivre. Un dialogue humaniste ouvert, n° 11 (NS), décembre 2003, pp. 3-7, spécialement p. 7. ↑
  4. C’est ce que le médecin-directeur de l’hôpital reproche d’une manière générale au docteur Germain dans le film d’Henri-Georges Clouzot, Le corbeau (1943). ↑
Tags : Dachau histoire mémoire religions Résistance

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