février 2014

« Tout vient à point à qui sait attendre ». Les maximes sont faites pour s’en servir et celle-ci convient plutôt bien pour décrire la satisfaction que j’ai eue en dévorant cet ouvrage. Voilà un roman qu’il fallait écrire, un schéma dramatique qui devait, indubitablement, voir le jour. Pourquoi ? Parce que, enfin, c’est un athée qui prend la parole. Parce que la raison est l’oraison funèbre des supercheries. Cet acte réussi est de l’auteur franco-tunisien Bassam Sassi. Un athée sans visage qui n’a pas envie (on le comprend) de perdre la tête…

Relever l'effondrement des pratiques religieuses et celui du nombre de prêtres tant diocésains que réguliers en Europe de l'Ouest n'est pas véritablement neuf. Mais il est bien rare qu'on le fasse de manière aussi nette que le fait Jean-Pierre Bacot, un universitaire français, dans son ouvrage Une Europe sans religion dans un monde religieux (1). Il ne faut pas se méprendre sur ce titre. Il n'a rien à voir avec l'idée courante que, si la religion et l'Eglise déclinent, il n'en va pas de même du sentiment religieux. J.-P. Bacot soutient catégoriquement le contraire: dans sa conclusion, il dénonce la formule "La religion se recompose, plutôt qu'elle ne se décompose" comme relevant d'"une stratégie de consolation ou d'obscurcissement". "Monde religieux vise le reste du monde où la religion se maintient bien davantage que chez nous.

“Dieu(x)”, ce n’est qu’une idée qui prend toutes sortes de sens et de formes. Depuis 100.000 ans, depuis que la conscience humaine a commencé à émerger, cette idée a traversé les âges sans qu’elle n’ait jamais désigné aucune réalité objective ni objectivable, c’est-à-dire indiscutablement visible, audible, perceptible… par n’importe qui. Durant tout ce temps, si un ou des dieux avaient réellement existé, ça se saurait ! Qu’avons-nous à faire dès lors de ce qui ne demeure qu’une idée, qui n’engage à rien, ne mène à rien ! Sauf à se complaire dans un doute sans issue possible, parfaitement inutile et dépassé, ou à alimenter un certain jeu intellectuel, métaphysique, est-il bien raisonnable de s’y accrocher obstinément, voire désespérément ? Ne serait-on pas alors inconsciemment prisonnier du fantasme d’éternité  qui taraude les humains, donne lieu à des rêveries surnaturelles, prises finalement comme réalité et enfin comme vérité ?