Chère Nadia Geerts,
Je viens de visionner votre passage lors de l’excellente émission « En quête de sens – la Pensée et les Hommes », et je dois dire que votre conclusion me laisse pantois ! Lire la suite
Chère Nadia Geerts,
Je viens de visionner votre passage lors de l’excellente émission « En quête de sens – la Pensée et les Hommes », et je dois dire que votre conclusion me laisse pantois ! Lire la suite→
À la fameuse question, «pourquoi quelque chose plutôt que rien ? », je réponds : parce qu’il y a toujours eu quelque chose, parce que le monde n’a jamais eu de commencement et n’aura pas de fin. Ne devrions-nous pas sortir du cadre de la pensée dominante judéo-chrétienne confortée par le cartésianisme selon laquelle TOUT a eu un commencement et doit avoir une cause première, où seules des “forces causales” (de quel ordre, de quelle nature ?) peuvent expliquer notre monde physique conçu comme ayant été créé et comme étant caractérisé par sa seule finitude.
D’aucuns évoquent la notion d’énergie du vide. Or, un vide absolu, un espace qui serait vidé de toute matière, ne renfermant donc rien, n’est qu’une vue de l’esprit. Car tout l’univers est en permanence traversé par des particules, comme l’attestent les détecteurs qui scrutent le ciel sans relâche ; il est constitué à 96% de matière dite « noire » ou fantôme, c’est-à-dire invisible, les 4% restants étant toute la matière qui s’offre à nos yeux. Et il est à noter que toute énergie (y compris celle indispensable à nos activités cérébrales) trouve nécessairement son origine dans la matière (fusion et fission, anabolisme et catabolisme, thermodynamique, etc…). Depuis qu’Einstein a porté la relativité sur les fonts baptismaux, il est d’ailleurs plus correct d’assimiler la catégorie philosophique de matière au concept physique d’énergie plutôt qu’à celui de masse, qui n’est plus qu’une forme possible de l’énergie. Que la matière ne peut provenir de rien, qu’elle ne provienne que de la matière elle-même tombe sous le sens.
Créer de rien, ça n’a pas de sens. On ne peut créer quelque chose qu’à partir de quelque chose. Car s’il y avait eu quelque chose à l’origine du monde, il faudrait se demander ce qui serait à l’origine de ce quelque chose, et ainsi de suite… Et pourquoi voudrait-on, et pourquoi faudrait-il qu’il y ait un commencement et une fin ? Il est évident que l’idée selon laquelle notre monde ait été créé de rien a une origine religieuse, irrationnelle, laissant donc supposer l’intervention d’un être immatériel préexistant. De quoi celui-ci serait-il fait ?
Toujours est-il que certains sont cependant tentés de conforter leur a priori d’une création ex nihilo et conséquemment d’un créateur en faisant appel à la théorie du vide quantique telle que la développe Edgard Gunzig (« Le vide. Univers du tout et du rien », Éd. Complexe 1999 ; « Créer l’Univers à partir de rien » sur son site-Internet, repris ci-après partiellement et en résumé) :
En théorie des champs classiques, par exemple, un champ magnétique peut être supprimé, annulé. Le vide, c’est l’absence de champ. En théorie quantique, au contraire, un champ est inamovible, on ne peut s’en débarrasser. Le vide ne peut donc être qu’un certain état du champ. Le champ quantique ne connaît pas de repos. Il présente toujours une vibration résiduelle, celle laissée par les particules qui apparaissent, disparaissent, se transforment, à l’image des sons d’une corde musicale, perçus sans voir la corde : tel est le vide quantique ! Cependant le champ quantique ne peut engendrer des phénomènes de création ou d’annihilation de particules que si on lui donne les moyens, c’est-à-dire de l’énergie. Il n’y a pas d’extérieur à l’univers puisqu’il contient tout, par définition. A fortiori, il n’y a pas de source d’énergie extérieure pour doper le champ quantique et lui faire « cracher » des particules. La relativité générale apporte une réponse qui découle du statut dynamique de l’espace-temps : l’expansion de l’univers apparaît tel un réservoir d’énergie interne. Elle joue le rôle qu’aurait joué une source extérieure d’énergie.
La notion du vide est donc toute relative. Vide quantique n’est pas synonyme de « rien ». Ce qu’il se passe dans un champ quantique est bel et bien un phénomène physique en interaction avec d’autres phénomènes constitutifs de l’univers, lequel se suffit à lui-même, et exclut donc une intervention extérieure, tel un Créateur. In fine, la théorie quantique démontre en fait que nous sommes issus et participants d’un Univers qui se crée d’instant en instant et qui, d’un instant à l’autre, n’est plus le même et ce, depuis toujours à l’infini dans le temps et l’espace. Il n’est donc pas du tout insensé de penser que le monde a toujours existé et existera toujours… Précisons en outre que, si le Big Bang peut très bien être conçu comme un événement, une transition qui fait suite à un autre phénomène d’ordre physique, la science (l’astrophysique) limite son propos à ce qui l’aurait suivi, car elle est encore incapable de remonter en-deça du moment où ses énoncés restent pertinents. Cependant la théorie du Big Bang ne requiert pas que l’extrapolation dont cette théorie est issue soit poussée jusqu’à la singularité que d’aucuns lui associent abusivement (densité, température, pression infinies…), telle que les frères Bogdanov et d’autres la présentent jusqu’à la définir comme étant « l’instant de la Création ».
La pensée humaine gagnerait très avantageusement à retrouver le sens de la pensée pascalienne (XVIIe siècle !) que revalorise et réactualise Edgar Morin lorsqu’il écrit : « La rationalité défendue par Pascal est d’un caractère supérieur à celle de Descartes. Elle introduit une causalité interactive, rétroactive et en boucle [ainsi même que] Pascal écrit : “toutes choses étant causées et causantes, aidées et aidantes, médiates et immédiates(…)”. (…) Cette formule pascalienne rompt avec la causalité linéaire et la pensée simplificatrice qui règnent encore au XXIe siècle » (E. Morin, Mes philosophes, Éd. Fayard/Pluriel, 2013, pp. 59 et 60).
Enfin, les cosmologies scientifiques contemporaines autorisent la possibilité que nous vivons dans un univers en parallèle avec d’autres univers, dans un monde infini. Il ne faudrait pas tirer prétexte de ce caractère infini pour lui donner une dimension divine : l’infini n’est pas l’apanage du divin, pas plus que le fini n’est celui de la matière. Nous nous rendons de mieux en mieux compte de l’infinitude de l’univers, voire des univers ; nous nous émerveillons de l’infiniment petit comme de l’infiniment grand, qui d’ailleurs ne sont pas indissociables : il y a continuité entre le fini et l’infini. La notion d’infini s’applique absolument à la matière et donc à la nature, et est donc bel et bien concevable par l’esprit humain lui-même, produit et composante de la nature.
Le matérialisme philosophique considère que tout est matière, que la matière est elle-même à l’origine de la vie et même de nos facultés mentales. D’aucuns lui préfèrent l’agnosticisme, jugeant qu’en écartant le doute ontologique de l’existence d’un créateur, la position matérialiste serait trop « confortable ». C’est oublier ou ignorer qu’elle ne va pas de soi mais est l’aboutissement d’une démarche intellectuelle tout à fait personnelle, laquelle a évolué à contre-courant d’idées reçues, philosophiques et religieuses et en dépit de ce que j’appelle volontiers notre fantasme d’éternité, c’est-à-dire notre désir profond, tout à fait compréhensible, d’immortalité, notre difficulté à admettre et accepter nos limites humaines, notre finitude… Et si, dans le chef de certains croyants et agnosiques, le réalisme du matérialisme athée semble souffrir d’un manque de perspective existentielle, voire de chaleur humaine, il n’exclut pourtant pas l’idéalisme, la poursuite d’une utopie : le rêve par exemple d’une humanité plus humaine, que l’on s’applique dès lors à réaliser avec les moyens du bord. De même la rationalité apparemment froide d’une telle position n’exclut ni la poésie ni l’expression en profondeur, toute personnelle, sentie, colorée, imagée de ce que sont les réalités en leur essence, autant qu’il soit possible… ! On est athée non par facilité ni par tradition …
Noël Rixhon
et la précieuse contribution de Pierre Gillis et Serge Deruette
Même si quelques-uns s’obstinent à ne pas le voir, il y a un athéisme antique, sans doute inscrit dans un contexte mois guerrier et moins inquisitorial que celui du christianisme. Mais la « réapparition » de l’athéisme aux Temps modernes est un sujet de controverses qu’il vaudrait mieux tenter d’épuiser, ne serait-ce que progressivement.
C’est cette tâche qu’Anne Staquet, professeure de philosophie à l’Université de Mons(1), et ses « complices » ont entreprise par deux colloques en 2012 dont les textes ( près de vingt) sont maintenant édités sous le titre Athéisme (dé)voilé aux Temps modernes (2). La double qualification voilé/dévoilé renvoie au débat de fond sur l’existence d’un athéisme caché au XVIe siècle et qui se dévoile surtout au XVIIIe siècle.
Henri Busson ou Lucien Febvre?
Le débat est organisé depuis plusieurs générations autour de deux ouvrages aux thèses opposées ,au prix d’un certain paradoxe dans le chef des auteurs. En 1922, Henri Busson, qui ne quittera la prêtrise que dans la quarantaine, défend la thèse la thèse d’un athéisme au XVIe siècle ( et même, assez masqué, antérieurement)(3) et en 1942, un historien renommé, l’un des fondateurs de l’Ecole des Annales, Lucien Febvre, parfait républicain laïque, va jusqu’à soutenir non seulement que l’athéisme n’existe pas au XVIe siècle, mais qu’il ne peut exister faute d’outillage mental, intellectuel et linguistique (4).
L’affaire n’est pas simple. De fait le terme « athée » ou d’abord « athéiste » n’apparaît en français qu’en 1540. S’afficher athée vous coûte normalement la vie au XVIe siècle et encore après, ce qui explique la prudence et la dissimulation de beaucoup. En sens inverse deux attitudes d’origines opposées peuvent concourir à voir l’athéisme partout: des historiens athées peuvent surinterpréter des textes pas toujours clairs -volontairement ou non- et déduire de certaines positions (matérialistes par exemple) un athéisme qui n’est pas à l’époque aussi automatique que nous ne le croirions (y t-il des chrétiens matérialistes aujourd’hui?). Ainsi certains créditent le sceptique Rabelais d’un athéisme des plus incertains (5). D’autre part des chrétiens, apologistes, prêcheurs ou théologiens, peuvent déclarer voir de l’athéisme partout pour mieux rassembler leurs ouailles en écartant d’emblée ( c’est l’argument de la pente glissante) tout écart avec la théologie la plus orthodoxe.
Comme l’explique Pierre Daled, le rapport historique entre religion et matérialisme est un rapport d’hétérogénéité et non d’adversité. Ce sont à l’époque des choses différentes et qui ne se mélangent pas, des « éléments qui cohabitent bien que contradictoires » (6).
Pour des temps éloignés de nous d’un demi-millénaire et de plus d’un millénaire de l’Antiquité, il n’est pas véritablement anormal qu’on puisse examiner la définition d’un terme telle qu’elle prévaut aux Temps modernes. Certains historiens d’aujourd’hui ou auteurs de l’époque le font pour séparer ceux qui disent explicitement qu’ils sont athées de ceux qui en ont toutes les prémisses pour déclarer que le premier groupe est pratiquement un ensemble vide. Mais Pierre Bayle (7) élargit le petit groupe d’athées déclarés (Vanini,Spinoza) à un athéisme sceptique proche du scepticisme antique, celui des pyrrhoniens. Il y a pour lui des degrés dans l’athéisme et celui-ci commence dès qu’il y a suspension du jugement sur la question de Dieu.
Questions de méthode.
Même si des historiens récents plus récents ont suivi Lucien Febvre, la thèse de cet éminent historien est difficile à soutenir aux yeux de plusieurs contributeurs au volume
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Avant d’examiner les faits, considérons l’argument théorique, celui de l’absence d’outillage mental. Ne serait-il pas invraisemblable que la familiarité sans cesse plus grande à la Renaissance avec les auteurs de l’Antiquité n’amène pas quelques-uns au doute ou davantage? Le De natura rerum de Lucrèce est redécouvert au début du XVe siècle. L’épicurisme, qui n’est pas stricto sensu athée mais est plus que troublant pour un chrétien, pouvait en outre et auparavant être connu par des citations voire des exposés d’auteurs antiques.
Pour les moins spéculatifs, l’apparition du protestantisme et les guerres de religion ( le XVIe siècle est le siècle le plus meurtrier en Europe avant la Première Guerre mondiale) ne peuvent manquer d’inciter à se poser des questions et à voir par exemple que les vertus chrétiennes comptent bien peu dans la pratique et que souffrances et fidélité aux dogmes sont disproportionnés.
Plus encore une erreur de logique gâte le raisonnement de L.Febvre. C’est un peu le talon d’Achille de l’histoire des mentalités. L’historien de celles-ci cherche naturellement la source des idées et ce faisant, il réduit toujours ou presque la part d’originalité d’un homme, d’un courant, d’une époque. Mais on peut aller jusqu’à l’annuler. En 1957, dans la réédition augmentée de son ouvrage de 1922, H. Busson le voit bien: » Si dans un milieu croyant ne peut naître un incroyant, il n’en sortira donc jamais ».
L.Febvre se sert aussi d’un argument linguistique, l’usage dominant d’un latin vieilli incapable de traduire la nouveauté. Pour Jean Wirth, le vrai procureur de ce type d’histoire des mentalités, cité par M.Weil, L.Febvre renvoie l’humanité d’avant le XVIIe siècle à la pensée des tribus sauvages. En outre précise-t-il, « S’il fallait attendre la naissance du mot pour faire commencer l’histoire de la chose, il ne faudrait parler de rationalisme que pour le XIXe siècle » (8).
En étudiant le cas de Montaigne,dont on ne peut savoir s’il était athée ou non, Gilbert Boss définit justement chaque culture autant comme une opportunité que comme une contrainte. Bien des inventions sont imprévisibles (9).
Enfin, le moyen âge était-il superreligieux? C’est une erreur historique de le croire, comme le relève Alain Mothu: « On n’a, en effet, que trop souvent idéalisé la « foi » en dieu ou en l’Eglise du christ, aux époques anciennes, en considérant que son approbation dénotait une adhésion aux grands énoncés dogmatiques du christianisme, alors qu’elle consistait bien davantage en une loyauté coutumière et quasi filiale…plus largement ritualisée que réfléchie » (10).
Des faits.
Les faits sont là aussi. Des athées sont repérables au XVIe siècle.
Sans doute faut-il être prudent quand le P. Mersenne prétend en 1623 qu’il y a 50.000 athées à Paris ce qui ferait 1/8 ème de la population, ou quand François de la Noue écrit vers 1585 que les guerres civiles ont engendré un million d' »épicuriens et de libertins » (11) mais, sous peine du ridicule, ils ne peuvent avoir multiplié les chiffres réels par 100 ni même par 10.
Dans sa contribution, François Berriot récapitule les cas attestés ou quasi tels (12).
En 1503, soit avant la Réforme, Haymon de la Fosse est arrêté à Paris et, sur le bûcher, refuse de revenir au catholicisme, qu’il appelle « folie ».
On a sauvé par miracle au XVIIIe siècle le texte de Jacques Gruet, brûlé en 1547 à Genève, qui écrit notamment: « Je pense vraiment que rien n’est mû que par le soleil, la lune, les étoiles, avec les quatre éléments ».
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En 1559, à Paris, malgré l’opposition de La Boétie, Alexis de la Rigerie, maître d’école, est condamné à être brûlé. Il n’est pas totalement sûr qu’il soit athée mais il a invectivé Dieu et sa « putain de mère » et a préféré mourir que de se rétracter.
Vers 1580, Noël Journet est condamné et exécuté à Metz: il a nié la divinité du Christ et de l’Esprit et dénoncé les trois religions.
En 1592, de Lachalade, professeur au Collège réformé de la ville, est chassé de Nîmes comme athée et sans religion.. On n’en sait pas plus sur ses convictions exactes.
Un XVIIe siècle déjà net.
Bien entendu, dès la première partie du XVIIe siècle, les choses sont indiscutables. En 1659, sort le premier vrai traité athée, le Theophrastus redivivus. On y trouve un athéisme explicite fondé sur les philosophes antiques, épicuriens et aristotéliciens (13).
Il n’y a pas davantage de doute sur Cyrano de Bergerac, même si sa proximité avec des alchimistes, certes ceux d’entr’eux qui commencent à donner la priorité à l’expérience, ce qu’analyse finement Pierre Gillis, peut aujourd’hui surprendre (14). Ainsi il assimile la mort au néant( Mort d’Agrippine, 1663):
« Car puisque l’on ne reste après ce grand passage
Que le songe léger d’une légère image,
Et que le coup fatal ne fait ni mal ni bien,
Vivant parce qu’on est, mort parce qu’on est rien; »
Il se moque des dogmes chrétiens avec une rare imagination et une brillante causticité. Il met par exemple en scène un chrétien anthropophage qui a mangé un mahométan. Quid lors de la résurrection? Si Dieu ressuscite le mahométan, il lui donnerait un corps mais ce ne serait plus le même individu; il n’a commis aucun crime alors qu’étant mahométan il doit aller en enfer tandis que le chrétien doit aller au Paradis avec le mahométan dûment consommé!
Le XVIIIe siècle, une autre atmosphère.
Le changement d’atmosphère au XVIIIe siècle est très perceptible, directement ou indirectement.
Indirectement, quand on analyse la pensée de Rousseau. Certes celui-ci croit réellement en Dieu mais il n’a rien d’un dévot de stricte obédience. Hichem Ghorbel dresse la liste des dogmes chrétiens que Rousseau récuse(15): la divinité et l’incarnation de Jésus, la Trinité, la rédemption, le péché originel, l’enfer, l’autorité absolue de l’Evangile, les miracles, les rites et les prières. On voit le chemin parcouru et l’influence des idées nouvelles sur les croyants.
Gaëlle Jeanmart attire à juste titre l’attention sur un changement essentiel sur la manifestation de l’athéisme qui intervient dans la seconde partie du siècle (16). Elle met à jour une logique de la confession . Il ne suffit plus de peser les raisons de sa position mais de s’attester aux résultats de sa pensée en témoignage de sa sincérité. L’aspect performatif du langage devient dominant. L’idée me semble importante même si je trouve un peu rapide l’affirmation que « Diderot n’a jamais fait une telle profession de foi athée » (17). Les écrits de la maturité de Diderot, parfois publiés après sa mort il est vrai, ne sont pas si elliptiques. Paolo Quintini le montre bien dans son article (18).
Ce qui précède montre assez la richesse et la substance du livre. Je n’ai pu rendre compte de tout ni de tous ni surtout du plaisir que l’on éprouve à lire des sceptiques, ces
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premiers athées modernes. Leur inventivité et l’actualité de leur argumentation sont magnifiques, leur talent littéraire parfois aussi. Leur courage impressionne.
Certes certains problèmes sont dépassés par la science ou le développement historique mais pour qui veut comprendre les sources de l’athéisme contemporain, la Bible- si j’ose dire- est maintenant à notre disposition.
Patrice Dartevelle
Anne Staquet est administratrice de l’Association belge des athées.
Anne STAQUET (sous la direction de), Athéisme (dé)voilé aux Temps modernes,Bruxelles, Académie royale de Belgique,Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques, collection Actes de colloque, Mémoires de la Classe des Lettres, collection in-8°, IVe série, tome IV, N° 2090, 2013, 360 pp. Prix indicatif:12 euros. Sur la couverture,dé est en grisé et le titre peut se lire Athéisme voilé/dévoilé.
Henri BUSSON, Le rationalisme dans la littérature française de la Renaissance, 1533-1601, Paris,1922, 1957 2ème édition revue. Je crois l’ouvrage introuvable hors des bibliothèques universitaires. Sa réédition serait une bonne chose. Le sujet a été repris par François BERRIOT, Athéismes et athéistes au XVIe siècle en France,Paris, 2 vol., (1976), pas beaucoup plus aisé à trouver.
Lucien FEBVRE,Le problème de l’incroyance au XVIe siècle. La religion de Rabelais, Paris, 1942. Dernière réédition en 2003.
Monique WEIS,La religion de Rabelais ou de l' »athéisme » au XVIe siècle. Retour sur une controverse,65-82, cf. pp.67-68. Un historien parle en 1922 pour Rabelais « d’adhésion à la foi rationaliste » et d' »athée militant ».
Pierre DALED,Rhétorique masquée et ambivalence dans l’historiographie de l’athéisme, 45-61, cf. p.59.
Gianni PAGANINI, Pierre Bayle:l’athéisme des Modernes est sceptique, 119-128, cf. pp. 124-125.
Monique Weis,op. cit., cf. pp. 73-75. Pour Jean Wirth, il faut se référer à La fin de mentalités, Dossiers du Grihl ( en ligne), Les dossiers de Jean-Pierre Cavaillé, Questions de méthodologie, mise en ligne le 24 mai 2007.
Gilbert BOSS,L’athéisme de Montaigne,83-99, cf. pp. 84-85.
Alain MOTHU, »Zeus est mort ». Nostalgies de la foi. 25-43,cf. pp. 29-31.
Alain MOTHU, op. cit., cf. p. 25 et p. 34.
François BERRIOT, Remarques sur l' »athéisme » au XVIe siècle en France, 163-175, cf. pp.171-173.
Gianni PAGANINI, Le premier traité philosophique athée de l’âge moderne: le Theophrastus Redivivus (1659), 199-214.
Pierre GILLIS, L’imagination impie et irrévérencieuse de Cyrano de Bergerac, 177-197. Pierre Gillis est administrateur de l’Association belge des athées.
Hichem GHORBEL, Christianisme et athéisme dans la pensée de Rousseau, 281-306, cf. pp. 292-295.
Gaëlle JEANMART, L’athéisme voilé-dévoilé de Denis Diderot, 263-279.
Gaëlle JEANMART, op. cit., cf. p. 276.
5-
(18) Paolo QUINTINI, Entre Spinoza et Diderot. Le seuil du dévoilement de l’athéisme, 147-159. cf. pp. 153-157.
Quand sort un livre au titre et au sous-titre aussi provocants que La haine de la religion. Comment l’athéisme est devenu l’opium du peuple de gauche, il m’est difficile de ne pas le lire et le commenter (1). Lire la suite→