mai 2015

Jubilation Noël RixhonNoël Rixhon « Nous retournerons tous dans l’état où nous étions auparavant de naître ou auparavant que d’être, et comme il est sûr que pour lors nous ne pensions à rien et que nous n’étions rien, de même aussi il est sûr qu’après la mort nous ne penserons plus à rien, nous ne sentirons plus rien et nous n’imaginerons plus rien »1.

 
11021048_10204379952871163_516056239782726780_n-17Ah non, merde, encore un article sur Charlie Hebdo ! ... Mais bon dieu, faites les taire ! Comment ça, êtes-vous contre la liberté d'expression ? Enfin, contre ma liberté d'expression ? Le bordel, le chaos, plus personne n’écoute, tout le monde hurle. Tout le monde juge, tout le monde condamne, tout le monde proclame... Tout et son contraire. C'est l'heure de la partouze onirique du « iladique ... » qui se vautre dans le « tavucom ... ». Tout va bien.
Oui, tout va bien, la situation est normale. C'est-à-dire qu'elle n'est pas sous contrôle. Des millions de Français dans la rue se revendiquant Charlie alors que les trois-quarts ne savent même pas dessiner un mouton, c'est con, mais c'est beau. Et tous ces chefs ou représentants d'État, quelle dignité ! Marchant côte à côte, non pas vers l’échafaud pour se faire couper la tête, mais pour se repentir de leurs pêchés de récupération morbide... Ou pas. Ah les salauds, que la honte les étouffe ! Comme n'a pas dit Voltaire « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire ». Vraiment ? Garde à vue pour des enfants (1), haro sur des étudiants qui ne se sentent pas Charlie (2), condamnation à de la prison ferme pour un mec bourré qui fait l'apologie du terrorisme (3), appel officiel à la délation (4)... Culpabilité de ceux qui sont sots par procuration. N'y a-t-il pas un paradoxe insurmontable entre « être pour la liberté d'expression » et « vouloir faire taire pénalement les supporteurs de ses opposants » ? Tout est normal, c'est juste un nouveau concept : la liberté d'expression à condition de ne pas dire des conneries... Allons-y gaiement. Au commencement, il y avait... un mec doué pour la peinture. Ensuite, il y a un autre gars qui s'est pointé et il lui a expliqué que son talent lui venait de dieu. Cela a donné une idée au dessinateur, dessiner dieu pour le remercier. Il en a perdu la tête, c'était interdit. Le 7 janvier 2015, des siècles et des siècles plus tard, un journal, français, athée, satirique, qui se déclare comme irresponsable et qui le prouve régulièrement, est pris pour cible. On connaît tous le résultat macabre et les suites meurtrières. Alors, ça hurle, ça transpire l'arrogance ou ça suinte la peur... Et c'est normal, c'est notre côté animal.

Le point de vue des scientifiques : Le scientisme n'a plus cours depuis longtemps. Il n'est donc pas question, comme l'aurait sans doute fait en son temps le moine Guillaume d'Occam (1285-1347), de vouloir simplifier ou réduire l’infinie complexité du psychisme humain à des « mécanismes » psycho-neuro-physio-génético-éducatifs et culturels. D'autant moins du fait de la complexité inimaginable du fonctionnement cérébral humain, et a fortiori lorsqu'on tente de comprendre le phénomène religieux qui échappe à l'expérimentation scientifique. Certains scientifiques, agnostiques, déistes ou athées, ont néanmoins contribué peu ou prou à l'approche neuro-biologique de la foi, par exemple Henri Laborit, Antonio Damasio, Jean-Pierre Changeux, et surtout Patrick Jean-Baptiste. D’autres par contre, par exemple Jean-Didier Vincent, Pascal Boyer ou Richard Dawkins, sont plus réticents à proposer une hypothèse explicative quant à l'origine de la foi et à sa persistance.