Créer ou supprimer une période de l’histoire, comment et pourquoi? par Patrice Dartevelle

Un débat d’historiens sur l’interprétation d’une période de l’histoire peut sembler oiseux à   certains. Ce doit être pire s’il s’agit de la périodisation de l’histoire. Pourtant ces questions semblent d’actualité et manifester à travers elles des enjeux idéologiques qui ne sont pas de pure forme. En récrivant l’histoire, c’est bien entendu du présent qu’on parle, ce qui n’est pas sans danger.

Examinons deux ouvrages récents, révélateurs à ce propos.

 

La Renaissance a existé.

 

Le moins transparent dans ses motivations est sans doute celui de Jacques Le Goff, paru en janvier 2014, même si son titre est clair: Faut-il vraiment découper l’histoire en tranches? (1).

La thèse centrale du grand médiéviste français, décédé peu après la sortie de son livre, est qu’au fond la période “moderne” traditionnelle de 1492 à 1789 est inutile parce que sans fondement. Elle n’est rien d’autre que la fin du Moyen Âge et avant la révolution industrielle et la fin de l’Ancien Régime, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

Tant qu’à faire, dans l’autre sens, il propose rapidement de faire partir le Moyen Âge dès le IIIe siècle reprenant ainsi le concept d’Antiquité tardive courant jusqu’au VIIe siècle voire au-delà, question à laquelle est consacré l’essentiel de mon propos dans cet article.

On a toujours su que la périodisation en histoire était conventionnelle; une date, un événement symbolisant un changement très significatif.

Il est bien clair que déposition du dernier empereur romain en 476 n’est que le constat d’une situation déjà ancienne mais le renvoi par le Sénat romain des insignes impériaux à l’Empereur d’Orient signe bien la fin d’un temps. 1492 et la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb n’est que le début plutôt limité et confus d’une aventure qui ne deviendra significative qu’une ou deux générations après. Il est tout aussi évident qu’en 1492, Christophe Colomb utilise des techniques mises au point avant cette date…mais c’est lui et ses successeurs immédiats  qui donnent toute leur portée au gouvernail d’étambot et à la caravelle, premier bateau à pouvoir avancer contre le vent. Même si ce n’est pas la raison fondamentale du choix de la date, 1492 est aussi la date de la défaite ultime des Musulmans en Espagne et la fin de la Reconquista espagnole et chrétienne, ce qui n’est pas rien.

Tout fait farine au moulin du médiéviste: il y aurait encore des famines en Europe bien après le XVe siècle argumente-t-il, et il en cite pour la France jusqu’au XVIIe siècle. Mais à ce compte on pourrait englober dans le Moyen Âge l’Irlande du XIXe siècle. Le critère n’est pas pertinent.

On a toujours su aussi que des dates telles que celles que je viens de citer sont propres à l’Europe de l’Ouest. Elles sont dépourvues de sens pour l’histoire de la Chine et même pour celle de l’Europe orientale. Seule la Préhistoire fait partiellement et d’une certaine manière exception à la spécificité de chaque univers.

Sans citer son “rival” médiéviste, le spécialiste des Temps modernes, professeur au Collège de France, Jean Delumeau règle leur compte aux idées de Jacques Le Goff (2).Jusqu’au XVe siècle, explique-t-il, “la technique et la culture des Arabes ou des Chinois égalait ou dépassait celles des Occidentaux. En 1600 il n’en était plus ainsi.” Il faut tenir compte aussi de l’imprimerie et de l’apparition du protestantisme, qui scelle la fin d’un univers européen religieusement uniforme à l’Ouest jusque là.

Qu’est-ce qui a bien pu pousser J. Le Goff, au-delà de son médiévocentrisme et de son attirance d’école historique pour les périodes longues?

 

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Il y a une anomalie dans le texte de Le Goff, sa hargne contre l’historien du XIXe siècle Jules Michelet, parfois décrit comme l’inventeur de la Renaissance. L’argumentation est loin de relever de la critique scientifique, elle est véritablement ad hominem. Il relève que Michelet ne juge le Moyen Âge négatif qu’après 1830 et attribue le changement à un deuil privé, la mort de sa première épouse. Le Goff reproche en outre à Michelet d’être subjugué par Charles le Téméraire et Charles Quint. Ces deux souverains seraient “dévorés par l’appétit d’argent, un monde vulgairement bourgeois”, un monde, continue-t-il, où vit Michelet lui-même.

Bref la Renaissance serait l’invention d’un désespéré, accoutumé à la vulgarité et les seules préoccupations financières.

Passons sur le fait que très rares ont été les chefs d”Etat aussi consciencieux que Charles Quint qui est pratiquement mort à la tâche. Mais Michelet n’intitule-t-il pas sa deuxième leçon au Collège de France en 1840 ” La victoire de l’homme sur Dieu” pour caractériser la Renaissance? La clé est là : Jacques Le Goff cherche à imposer par sa thèse, et sans le dire, l’idée de quinze siècles d’Europe chrétienne, croyante et pure, hélas remplacée par un monde matérialiste.

 

La fin de l’Empire romain : transition douce ou tragique déclin?

 

Beaucoup plus importante et documentée, la traduction en français, parue en février 2014, sous le titre La Chute de Rome. Fin d’une civilisation d’un important ouvrage d’un archéologue et historien anglais professeur à Oxford, Bryan Ward-Perkins, suscite maintenant d’âpres débats dans le public francophone (3).

La question a été portée vers un public plus large encore cet été puisque l’hebdomadaire Le Point a consacré un dossier de vingt pages ( avec une grande photo en couverture) à la question de la fin de l’Empire romain, avec un article sur le livre de Ward-Perkins sous le titre de “La bataille des historiens” (4). Sans doute la tradition des “marronniers”d’été dans la presse a-t-elle favorisé le choix d’un thème qui n’est pas lié à l’actualité immédiate, mais le hasard pur n’a sans doute pas suffi.

Où est le problème? Bryan Ward-Perkins met à mal une tendance lourde de l’historiographie contemporaine de l’Antiquité et du christianisme.

Il ne s’agit pas de l’éventuelle responsabilité du christianisme dans l’effondrement de l’Empire. C’était la thèse de l’historien anglais du XVIIIe siècle Edward Gibbon. Nul ne la soutient plus. Elle se heurte à trop de difficultés, notamment le fait que la partie orientale de l’Empire, plus précocement et plus fortement christianisée à l’époque litigieuse que l’occidentale, n’a pas connu un aussi violent déclin que l’occidentale. On dira néanmoins, mais c’est vrai pour les deux parties de l’Empire, que prêtres,moines et ermites vont augmenter le nombre de bouches oisives à nourrir.

L’historien et archéologue anglais conteste et secoue un axe majeur de l’historiographie depuis près de cinquante ans à la suite de l’ouvrage de Peter Brown paru en 1971, Le Monde de l’Antiquité tardive. Une véritable école s’en est suivie, surtout dans le monde anglo-saxon. Pour Brown (Ward-Perkins parle à son propos d’un “gourou intellectuel”) et ses disciples, il n’y a pas de déclin de l’Empire romain, de changement brutal, violent et ruineux mais une transition douce, bien acceptée par les populations. Il crée le concept d’Antiquité tardive pour construire un continuum du IIIe siècle jusqu’au Haut Moyen Âge, pratiquement jusque vers 800.Des historiens de cette nouvelle école voient même les invasions comme une force positive par laquelle les Barbares se sont insérés dans l’Empire “naturellement, sur un mode organique et généralement irénique”.

C’est le premier point que conteste Ward-Perkins. Les invasions n’ont pas été des voyages touristiques. Massacres et viols furent de règle. En 446, l’évêque de Rome,Léon,

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traite du problème délicat pour lui (elles ne sont plus vierges) des nonnes violées une quinzaine d’années auparavant par les Vandales. Les territoires “accordés” aux envahisseurs (en fait la majorité du territoire occidental utile) ont été pris par la force, avec violence et sans négociation. Après la mise à sac d’Aquilée, les hommes sont réduits en esclavage. Une fois qu’on ajoute aux dégâts causés par les divers envahisseurs, qui ne s’entendent pas obligatoirement entr’eux, ceux causés par les luttes internes pour le pouvoir, la vie d’autrefois devient impossible.

L’Empire romain s’effondre, un peu aux prises avec les mêmes difficultés que l’Empire américain aujourd’hui quant au résultat : on n’arrive plus à faire face à deux conflits simultanés. Pour Rome, les guerres diminuent les recettes fiscales, on ne peut plus payer autant de soldats ( la plus grande partie des recettes servait à ça) et il devient impossible d’éviter de dégarnir une frontière pour faire face à une invasion. Pour en empêcher une, il faut en permettre une autre. Le résultat est évident.

Le nouveaux venus obtiennent par confiscation un partage des richesses, c’est-à-dire surtout des terres. La plupart des grands propriétaires du Haut Moyen Âge sont d’ascendance germanique ( la noblesse française se dira toujours d’ascendance franque). Les anciens propriétaires sont chassés. Il y a même une loi de 451 qui attribue quelques terres en Italie aux propriétaires d’Afrique chassés par le Vandales.

En 476, la déposition du dernier empereur aboutit à l’octroi d’un tiers des terres  d’Italie aux soldats germaniques.

Bien sûr, à la longue, une collaboration forcée finit par s’installer entre rois germaniques et aristocrates locaux. Aucune guerre n’est perpétuelle mais en gros, constate Ward-Perkins, les locaux doivent se mettre au service des envahisseurs.

Tout cela trouve sa traduction au plan juridique, sur le modèle de toutes les conquêtes coloniales. Lorsque les Ostrogoths l’emportent, un magistrat goth exerce seul l’autorité sur les Goths et sur les conflits entre un Goth et un Romain. C’est évidemment parce qu’il y a inégalité de traitement et prévalence des règles des Goths.

Les Francs fixent un prix pour l’homme, par exemple en cas de meurtre. Le prix le plus élevé est pour un Franc de la suite royale. Viennent ensuite dans l’ordre le Romain de suite royale, le Franc “ordinaire” et enfin le Romain “ordinaire”. Ce dernier vaut la moitié du Franc “ordinaire”.

Comme le dit Ward-Perkins, tout cela ne s’est pas déroulé “comme un bel après-midi d’été passé à boire le thé. Le nouvel arrivant n’avait pas été invité. Il était venu accompagné d’une grande famille. Tout ce monde turbulent ignorait ce qu’était le pain et ce qu’était le beurre. Ils ont tous filés droit vers la table aux gâteaux” (p. 154-155).

 

Le déclin matériel et intellectuel.

 

En bon archéologue, et c’est peut-être là un trait qui l’oppose aux historiens qui privilégient l’histoire de la doctrine chrétienne, celle de l’Eglise ou celle des mentalités, B. Ward-Perkins relève tout ce qui témoigne du recul de la civilisation à partir du IIIe siècle.  Il s’agit pour lui d’un intégral déclin, d’un recul tel que l’on ne retrouvera pas un degré de civilisation comparable à celui qui existait vers 200 avant l’Italie des XIVe-XVe siècles. C’est bien d’un millénaire perdu qu’il s’agit.

Spécialiste de la céramique (c’est une des principales clés de l’analyse matérielle des civilisations), il relève qu’avant les invasions, les potiers de l’Empire font de la vaisselle fine qui voyage facilement sur plusieurs centaines de kilomètres voire parfois bien plus. Des fouilles de modestes petites fermes montrent qu’elles disposaient d’une vaisselle de qualité venant de loin.

 

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A Rome, une colline d’une cinquantaine de mètres de hauteur est faite de débris d’amphores des IIe et IIIe siècles. On estime qu’il s’agit là des restes de cinquante-trois millions d’amphores ayant servi à apporter six milliards de litres d’huile à Rome, venant le plus souvent du Sud-Ouest de l’Espagne. La suite est autrement maigre. Qualité, quantité, diffusion large, tout est fini. Pour Ward-Perkins, l’explication est possible. Jusqu’aux II-IIIe siècles, l’existence d’un vaste espace libre et tranquille et où existaient de bonnes communications permet à chacun de se spécialiser et d’atteindre de hauts niveaux de qualité. Progressivement, du fait des invasions et des troubles, chaque petite région est forcée de se replier sur elle-même et ne produit plus que des objets basiques, chacun devant faire un peu de tout et d’abord survivre.

Les carottages effectués au Groenland montrent que la pollution par le cuivre et le plomb est maximale dans les premiers siècles de l’Empire romain. Elle retombe ensuite et ne retrouvera le même niveau qu’au XVIe siècle.

Depuis l’époque impériale tous les bâtiments sont construits avec un toit en tuile, même les simples abris. Par la suite les tuiles deviennent l’exception, réservées à de rares édifices princiers.

La monnaie se raréfie ou disparaît. On  trouve des sites des Ve et VIe siècles où ne subsiste aucune monnaie.

Même les bovins souffrent : leur taille revient à la norme des temps préhistoriques.

Il faut toutefois tenir compte de fortes différences géographiques dans le déclin. L’écart est grand entre l’effondrement de la Grande-Bretagne au IVe siècle, la Méditerranée occidentale où elle est plus tardive et la Méditerranée orientale qui connaît même une expansion aux Ve-VIe siècles.

Il n’y a pas que le plan matériel. Tous les empereurs romains, même ceux d’extraction modeste, savaient lire et écrire. Evaluer statistiquement le taux d’alphabétisation à Rome et chacune des provinces de l’Empire n’est pas de l’ordre du possible. Nul doute que la situation en Italie soit parmi les meilleures mais on a retrouvé dans la seule ville de Pompéi 11.000 inscriptions, souvent simples graffitis sur les murs. Quel sens cela pouvait-il avoir si la grande majorité de la population ne savait pas lire?

Surtout sous l’Empire se développent de nombreuses et parfois considérables bibliothèques publiques et privées, malgré les difficultés : le codex n’apparaît que progressivement, il n’y a pas d’imprimerie. Elles sont par la suite détruites, parfois à cause de l’intolérance chrétienne.

La suite est triste. Charlemagne tentera d’apprendre à écrire à la fin de sa vie mais il échouera. Il existe une étude détaillée, nous indique Ward-Perkins, sur un millier de chartes signées en Italie au VIIIe siècle. Un tiers des signataires peut signer de son nom, les autres mettent une marque. Si on se limite aux signataires non-clercs, 14 % peuvent signer de leur nom.

Les tenants de la thèse d’un Moyen Âge qui ne serait pas une période obscure risquent fort de se trouver dans l’embarras.

 

Histoire,idéologie, politique;

 

Mais comment a-t-on pu créer de toute pièce un univers irréel, imaginer un monde bienheureux au lieu d’une réalité dure et pénible?

Certes Peter Brown et ses disciples ont eu un mérite incontestable. Le Bas-Empire, pour utiliser l’appellation classique, n’était pas avant eux un sujet d’étude très prisé. Ils ont fortement développé les connaissances et probablement magnifié ensuite leur sujet.

Mais il faut voir aussi que l’histoire est tributaire de l’évolution générale. Ward-Perkins relève justement que sous l’influence des historiens marxistes (et celle de leurs

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adversaires désireux de les contredire), l’histoire économique et l’histoire des institutions ont longtemps tenu le haut du pavé. Aujourd’hui le premier rang est souvent tenu par l’histoire des mentalités, domaine très présent aux Etats-Unis.

La religion joue aux Etats-Unis un rôle beaucoup plus central qu’en Europe, note Ward-Perkins. Cette influence n’est pas forcément fondamentaliste mais volontiers centrée sur des religieux solitaires, les petites communautés aux préoccupations théologiques les plus présentes, les ascètes, ce qui correspond à la vision américaine de la religion, habituée à la diversité et plutôt réservée vis-à-vis des grandes Eglises dominatrices par tradition.

Il faut voir aussi, remarque-t-il perfidement, que l’idée d’Empire n’est pas sympathique aux Américains : elle est inconsciemment synonyme pour eux de l’Empire britannique et de ses colonies. Parler de migrations aux Etats-Unis et au Canada n’est pas connoté négativement, comme c’est le plus souvent le cas en Europe.

Le problème central pour Ward-Perkins se situe sans doute en Europe. Celle-ci, qui se considère en construction, se cherche une histoire commune d’européanité.

Comme ancêtre l’Empire romain ne convient pas autant que certains ne l’imaginent. Il ne concerne pas l’Allemagne, très peu romanisée au-delà du Rhin. L’Europe est centrée sur un triangle Bruxelles, Strasbourg,Francfort, situé loin des zones significatives de l’Empire romain. Se centrer sur la romanité de l’Empire, dit-il , c’est prendre le risque de stigmatiser les Allemands identifié aux envahisseurs romains et à leur brutalité. Présenter les peuples germaniques autrement que comme des soudards est donc une manière habile de favoriser l’intégration de l’Allemagne dans l’Europe.Et mettre l’accent sur les Francs dont le centre coïncide bien avec celui de l’Union européenne est fort habile.

En substance il s’agit de créer un schéma plus subtil que l’appel ouvert à l’héritage chrétien de tous les Européens car, comme le voit finement Ward-Perkins, évoquer ce lien “susciterait des conflits avec les traditions libérales et la gauche laïque”.

Plus concrètement Ward-Perkins dénonce que les nombreux travaux “qui défendent l’idée d’une Antiquité tardive repeinte en rose” soient souvent financés par l’European Science Foundation, dominée semble-t-il aujourd’hui par les historiens allemands et scandinaves. Elle finance un projet intitulé “la transformation du monde romain”.

Ce qui tracasse aussi sinon le plus Ward-Perkins dans cette réécriture de l’histoire, c’est moins ” l’hypertrophie qu’y prennent les thématiques religieuses” que l’élimination de “toute notion de crise grave et de déclin” parce que c’est nous bercer “d’une fallacieuse assurance”. C’est en effet à mon sens une manière pour les Européens de conjurer le sort.

Ce n’était pas le sujet proprement dit de l’érudit anglais, mais d’autres questionnements contemporains suscitent un intérêt croissant pour la fin de l’Empire romain ( pas pour la République et le Haut Empire vu de surcroît le désintérêt pour les études classiques) parce qu’il est le théâtre de deux mutations qui nous donnent à penser par rapport à notre monde à nous.

La première est religieuse : la fin de l’Empire romain coïncide avec un grand changement religieux. L’Europe de l’Ouest d’aujourd’hui semble proche de cette situation avec le recul considérable de la pratique religieuse dans les grandes Eglises. Dix pour cent de pratiquants réguliers n’y sont plus une perceptive atteignable. Cela crée interrogations et inquiétudes, pas seulement chez chez les croyants.

L’autre thème est celui des invasions qui fait penser à l’immigration bien plus massive et plus allogène qu’autrefois. Elle peut inquiéter mais si ça s’est bien passé il y a quinze à dix-sept siècles…

Quand on en arrive aux interprétations générales de l’histoire, on finit toujours par poser des questions d’aujourd’hui. Le mérite de Bryan Ward-Perkins est de mettre en garde

 

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contre des réponses déformées et déformantes et qui valorisent certains points de vue sous le masque de l’objectivité historique.

                                                                 Patrice DARTEVELLE

    1. Jacques LE GOFF, Faut-il vraiment découper l’histoire en tranches? Paris, Editions du Seuil, 2014, 211 pp. Prix : +/- 18 €.
    2. Jean DELUMEAU , L’époque où l’Occident révèle son génie, in L’Histoire de l’Occident, Déclin ou métamorphose?, Le Monde-La Vie, Hors Série, 2014, pp.68-69.
    3. Bryan WARD-PERKINS, La Chute de Rome. Fin d’une civilisation ( traduit par Frédéric Joly), Paris, Alma éditeur, 2014, 363 pp. Prix : +/- 27,95 €. L’ouvrage original anglais, The Fall of Rome and the End of Civilization  a été publié en 2005 par Oxford University Press.

 

  • Le Point, n° 2187, 17 août 2014, pp. 60-79.
  • La démonstration péremptoire de ceci est donnée par le catalogue dirigé par Roberto MEGHENINI et Rossella REA, La Bibioteca Infinita. I Luogi del sapere nel mondo antico, Ministero dei beni e delle attività culturali e del turismo et Electa, Rome, 2014, 344pp. L’exposition de même titre a eu lieu à Rome, au Colisée, du 14 mars au 5 octobre 2014.
  • Je ne dirais pas la même chose de l’ouvrage de David ENGELS, Le Déclin. La Crise de l’Union européenne et la chute de la République romaine, Paris, 2012, Editions du Toucan. L’auteur, professeur d’histoire romaine à l’Université libre de Bruxelles, trouve de fortes analogies entre la fin de la République romaine et notre époque. Certains éléments sont effectivement suggestifs. L’auteur en déduit que la solution pour l’Europe est celle du principat d’Auguste, avec un chef ayant tous les pouvoirs, sans élection parlementaire ( à quoi bon puisque tout le monde fait ce que disent les résultats des sondages, ce qui n’est pas sans vérité),et avec la politique d’Auguste, rétablissement de la religion traditionnelle et mariage obligatoire. Les analogies avec le passé doivent être manipulées avec précaution.