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Archives par mois : décembre 2015

L’athée Jean Meslier dans la toponymie par Serge DERUETTE

Posté le 30 décembre 2015 Par ABA Publié dans Athéisme 1 Commentaire

La célébrité, la renommée, la reconnaissance sociale envers les personnages historiques se retrouve marquée dans la toponymie. Celle-ci en est en quelque sorte le reflet de leur notoriété. Parce que le penseur qu’a été Jean Meslier ne suscite que depuis peu de temps un certain intérêt dans le grand public comme dans le monde académique, son nom ne figure comme de rue ou de lieu public nulle part ailleurs que dans la région dans laquelle il a vécu.

Ce ne l’est que depuis un demi-siècle seulement. Ainsi, en 1965, Maurice Dommanget regrettait encore à son propos que « les Ardennes ne paraissent point avoir fait de cas de leur gloire locale[1] ». Les choses ont changé aujourd’hui, quoique fort peu, comme le montrent, localement, es quelques noms de rues et de lieux portant le nom de Meslier que l’on trouve aujourd’hui et dont je tente ici de faire la recension. Des recherches que j’ai menées, je n’ai pu en découvrir ailleurs, que ce soit en France ou dans le monde, aucune autre trace toponymique.

De fait, de références toponymiques, on n’en retrouve, outre une seule dans le Département voisin de la Marne (à Châlons-en-Champagne), que dans le Département des Ardennes où Meslier a vécu toute sa vie. Et dans ce Département, quatre mentions toponymiques seulement lui sont consacrées.

Je me propose d’en rendre compte ici dans leur ordre chronologique d’apparition. D’abord à Nouvion-sur-Meuse, puis à Charleville-Mézières, ensuite à Châlons-en-Champagne et enfin à Étrépigny, le village où Meslier vécut et officia comme prêtre les quarante dernières années de sa vie, et plus récemment encore pour le chemin qui relie ce village et celui qui de Balaives-et-Butz, la deuxième paroisse déservie par Meslier.

 

À Nouvion-sur-Meuse

La première « rue Jean Meslier » à avoir vu le jour, dès les années soixante-dix (l’époque consécutive à l’ouvrage de Dommanget, la publication des Œuvres de Meslier et le colloque de Reims), se trouve à Nouvion-sur-Meuse[2], une commune qui se situe à quelques kilomètres d’Étrépigny. L’existence dans ce village d’une majorité communale longtemps restée communiste jusqu’à son renversement en 1989 explique largement qu’il en soit ainsi.

Il est à noter qu’en 1994, il a été aussi question que le collège de Nouvion-sur-Meuse portele nom de Jean Meslier. Pour des raisons qui semblent bien avoir quelque rapport avec des enjeux politiques, il n’en a malheureusement rien été[3]. Ce collège initialement sans nom, dont le bâtiment avait été construit non sans difficultés en 1984 sous l’égide d’une majorité municipale communiste (le Conseil Départemental, politiquement de l’autre bord, rechignant sur la question des subventions), a fait l’objet en 1994 d’une demande de l’administration pour qu’on lui en attribue un.

Jacques Habran, le maire socialiste élu sur une liste « Divers gauche » qui l’avait emporté aux élections municipales de 1989, rejetant dans l’opposition les communistes, également professeur au collège, avait alors organisé une concertation pour lui attribuer une dénomination. La proposition du nom de Jean Meslier, faite par la commune avec l’accord des parents d’élèves au conseil d’établissement et le soutien de professeurs du collège (dont quatre étaient d’Étrépigny), avait obtenu une très large majorité, sans que ne s’élève aucune contestation. Jacques Sourdille, le président du Conseil départemental qui a la gestion des collèges en charge, par ailleurs sénateur du Rassemblement pour la République et fort influent dans les Ardennes, qui n’y était pas favorable, avait cependant laissé la décision à l’appréciation locale.

Toujours est-il que, serait-ce parce qu’il a été soumis à des pressions ou par crainte de conséquences fâcheuses, Jean-Marie Beauchot, le directeur de l’établissement à l’époque, demanda à ce qu’un autre nom soit choisi. N’ayant pas reçu d’autres propositions, il opta pour la dénomination politiquement moins connotée de « collège du Val de Meuse », certainement plus consensuelle, mais sans grande pertinence puisque, dans le département des Ardennes, la vallée de la Meuse débute de Nouzonville à la frontière belge, bien en aval de Nouvion et même de Charleville-Mézières.

 

À Charleville-Mézières

Dans le Département des Ardennes, à Charleville-Mézières, on relève aussi une « rue du Curé Meslier », dénomination attribuée à une des voies publiques d’un lotissement nouveau du quartier d’Étion. Ce le fut sous le mandat du maire socialiste Roger Mas. Fondé sur la proposition du groupe communiste qui souhaitait honorer des personnalités progressistes ardennaises parmi lesquelles figurait Jean Meslier, le nom de la rue a, sans qu’il y ait eu d’oppositions, fait l’objet d’un accord entre les différents groupes de gauche composant alors la majorité du Conseil municipal[4].

 

À Châlons-en-Champagne

Dans le Département voisin de la Marne, à Châlons-en-Champagne, on trouve également une « rue du Curé Meslier ».Le Conseil municipal de la ville en a décidé ainsi dans sa délibération sur la « dénomination de voies » dans la zone d’aménagement concerté du Mont-Héry, en sa séance du 7 décembre 1989[5]. L’initiative en revient à Jean Reyssier, qui en a été le maire communiste de 1977 à 1995et qui, en mars 1989, venait d’être réélu.

Il n’est cependant pas possible de savoir si Meslier était ainsi honoré comme l’athée communiste et révolutionnaire qu’il avait été, tel que l’avait présenté Dommanget dans son livre et que le révélait la publication de ses Œuvres, ou si c’était, comme c’est encore malheureusement trop souvent le cas aujourd’hui, en tant que penseur seulement anti-chrétien déiste tel que Voltaire l’avait présenté faussement dans l’Extraitqu’il avait publié.

Le fait est que le bureau municipal, qui avait argumenté sa proposition dans le sens

de retenir pour l’essentiel des noms évoquant la Révolution française de 1789, afin d’assurer une continuité avec la première tranche [de l’aménagement de la ZAC] et de perpétuer le souvenir de régionaux qui se sont illustrés pendant cette période,

avait – était-ce opportunément, pour la raison qu’il évoquait ? – présenté non sans erreurs Jean Meslier en ces termes :

Prêtre champenois, célèbre par son ouvrage « le Testament de Jean Meslier », publié par Voltaire. La Convention vit en lui un des précurseurs de la révolution française[6].

 

À Étrépignyet à Balaives

Meslier est aussi honoré dans son village d’Étrépigny depuis l’extrême fin du siècle passé. Le conseil municipal, lors de sa délibération du 6 décembre 2000, a en effet « baptisé » de son prénom et de son nom la place du village bordant la mairie[7], cette placette triangulaire couverte de marronniers déjà anciens et qui, pour cette raison, portait auparavant le nom de ces arbres. On doit au maire de l’époque, Jean-Marie Migeot, en fonction jusqu’en 2014, cette initiative qui fait à la fois honneur au grand penseur local et au village lui-même qui fut sa paroisse.

On doit aussi à cet ancien maire, en partenariat avec son confrère du village voisin de Balaives-et-Butz, l’autre paroisse que Meslier desservait, d’avoir encore baptisé du nom de « chemin du curé Meslier » le sentier, long de quelque deux kilomètres, qui relie depuis des siècles les deux villages. Ce n’est qu’un chemin de terre, mais il revêt en ce qui concerne le souvenir de Meslier un intérêt non quelconque. Ce chemin en voie directe Étrépigny à Balaives n’a, à la différence de la route qui en allonge le parcours par l’ouest, jamais été macadamisé. Jamais non plus pavé, le sentier correspond encore exactement, pour la plus grande partie de son tracé, à celui qu’empruntait Meslier (ses confrères avant et après lui aussi) pour se rendre de sa cure à la deuxième paroisse qu’il desservait et en revenir.

L’inauguration de ce chemin du Curé Meslier par les deux maires, Jean-Marc Migeot et son confrère Jean-Louis Milard qui en avait eu le premier l’idée, a eu lieu le samedi 24 avril 2010, à l’occasion de la journée « Sur les pas du curé Meslier » dont l’objectif était, en honorant ce penseur dans son village-même, de publiquement mettre en évidence qui il fut et l’importance historique de sa pensée. On ne remerciera donc jamais assez les organisateurs d’avoir su donner à l’événement l’envergure qui lui seyait[8]. C’est toute une équipe locale particulièrement motivée, dynamique et efficace qu’avait pour la cause réunie le maire d’Étrépigny. Elle rassemblait Yvon Ancelin, Christian Chemin (président de la Communauté de Communes), Stéphane Dominé, Christiane Édet, Christian François (adjoint au maire d’Étrépigny), Karine Fuselier, Jean-Louis Milard, (le maire de Balaives), Anne-Marie Moreau, Bénédicte Vanham (de l’Office de Tourisme local) et Philipe Vincent.

 

Pour conclure

Cinq mentions toponymiques, toutes régionalement circonscrites et récentes, voilà qui est fort peu. Les enjeux politico-idéologiques, on l’a vu, ne sont pas absents pour rendre compte de leur rareté. Certes, Meslier commence enfin à être reconnu comme penseur digne d’intérêt et de considération pour la nouveauté et la profondeur des idées qu’il a développées à l’aube du siècle des Lumières. Mais ces idées qu’il prônait, celle d’un matérialisme philosophique résolument athée et d’un communisme dont l’instauration passe par l’action des masses, sont loin d’être communément admises, aujourd’hui pas plus qu’hier.

Il faudra en conséquence certainement encore bien du travail – si ce n’est du combat ! – pour que le nom de Jean Meslier soit reconnu au travers d’autres dénominations de rues et de lieux publics, et il faudra sans doute vaincre bien des réticences politiques et idéologiques d’autorités publiques locales ou régionales.

La tâche n’est donc pas évidente, même si l’association des « Amis de Jean Meslier », créée en 2011 dans le but de faire connaître ce penseur et d’en promouvoir les idées, s’emploie avec énergie à mener à bien cette initiative[9].

Serge Deruette

[1]Maurice Dommanget, Le curé Meslier, athée, communiste et révolutionnaire sous Louis XIV, Paris, Éditions Julliard, 1965, p. 442.

[2] Courrier électronique de Jean-Luc Claude, maire de Nouvion-sur-Meuse, à l’auteur, 6 août 2015.

[3] Toutes les informations reprises dans ce paragraphe viennent des renseignements qu’Yvon Ancelin, ancien instituteur du village d’Étrépigny, spécialiste local de Meslier et animateur de l’Association des Amis de Jean Meslier, a eu l’amabilité de me communiquer dans son courrier électronique du 8 août 2015.

[4] Courrier électronique à l’auteur de Sylvain Della Rosa, conseiller municipal PCF de Charleville-Mézières, 6 août 2015.

[5] « Extrait des délibérations du Conseil municipal, séance du jeudi 7 décembre 1989 », aimablement transmis par courrier électronique du 5 août 2015 par Brigitte Mathieu, responsable du service Urbanisme de Châlons-en-Champagne.

[6]Ibidem.

[7] Courrier électronique de Jean-Marc Migeot à l’auteur, 6 août 2015.

[8]Le maire Migeot avait vite pris la mesure de l’intérêt que susciterait la journée quand, plus d’un an auparavant, j’étais venu lui en faire la proposition. De fait, par manque de place dans ce petit village, on a dû refuser du monde, mais ce ne sont pas moins de deux cents personnes qui y ont assisté à la manifestation. Ce jour était aussi celui des soixante-dix-neuf ans de Roland Desné à qui l’on doit tant pour la connaissance de Jean Meslier. À son grand regret, il n’avait pas pu être présent, mais son évocation fut fort applaudie par les participants.

[9] Pour toutes informations sur cette association, le mieux est de renvoyer à son site : http://www.jeanmeslier.fr/

Enquête sur un athée par Yves Ramaekers

Posté le 30 décembre 2015 Par ABA Publié dans Athéisme Laisser un commentaire

CARLO LEVI (Peintre et écrivain antifasciste)1 par Marco Valdo M.I.

Athée… C’est grave. Faute de déclaration formelle de l’intéressé, une enquête s’impose. Elle commence par un interrogatoire. Nous sommes en 1944 dans un local anonyme de la République Sociale de Salò ; un carabinier interroge le suspect : Carlo Carbone.

– Nom ? CARBONE 2

– Prénom ? Carlo3

– Profession ? Médecin-chirurgien

– État-civil ? Célibataire

– Âge ? 44 ans

Nationalité : Italien

– Lieu de naissance ? Né à Naples

– Date de naissance4 ? 25 décembre 1899

– Domicile ? Résident à Naples

– Religion ? Catholique.

– Bien. Maintenant, une question : Où étiez-vous le 25 avril 1943 ? À Florence

– Où çà, à Florence ?
Aux Murates.

– Aux Murates ? À la prison ?
Oui, aux Murates, à la prison.

– Dans la prison, où les fascistes m’avaient enfermé et j’en suis sorti ce jour-là.

– Qu’y faisiez-vous ?
Je préparais un livre où il était question du Christ.

– Son titre ?
Le Christ s’est arrêté à Eboli.

– Mais enfin, nous ne l’avons pas arrêté ; j’ai vérifié auprès des carabiniers d’Eboli… En effet, vous ne l’avez pas arrêté. Il s’était arrêté tout seul.

– Savez-vous pourquoi ?
Car il avait peur.

– De quoi donc le Christ pouvait-il bien avoir peur à Eboli ?
Il avait peur des sorcières et de la liberté.

Une gageure

Écrire de l’athéisme de Carlo Levi est une gageure. Carlo Levi était athée – et que pour qui connaît l’auteur du « Christ s’est arrêté à Eboli », l’athéisme de Levi est une évidence ; mais il reste à l’étayer, ce qui nécessite une enquête.

L’invention de l’athéisme

Comme le souligne Johannès Robyn 5 : « Personne, à ma connaissance, ne vient au monde en criant : Dieu n’existe pas, je suis athée ». À ce moment inaugural de la vie humaine (et de n’importe quelle vie…), il ne saurait être question de dieu, de dieux ou conséquemment, d’athéisme. Il faut d’abord inventer dieu, des dieux, etc… pour ensuite inventer l’athéisme, négatif de la nouvelle apparition.

L’athéisme est négation d’un non-être ; l’athée est celui qui n’aurait pas connaissance de quelque chose qui n’est pas et qui n’existe pas ; sans souci de l’inexistant, l’athée se contente de vivre durant tout le temps où ça dure. Ni plus, ni moins.

L’athée insaisissable
À défaut de déclaration explicite, l’athée est insaisissable.

L’homme Levi, en chair, os et pensée, outre d’être médecin, écrivain, peintre, intellectuel antifasciste, théoricien du mouvement clandestin Giustizia e Libertà et une des voix de sa continuité au cœur de la République (avec entre autres, Piero Calamandrei [http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=43856&lang=fr], par exemple), était un homme vivant, un bon vivant, séducteur en diable.

La peur de la liberté

Carlo Levi pensait que les dieux sont des chimères, de pures ou d’impures idoles, inventées pour apaiser la peur qui tenaille les hommes face à une nature fantasmatique. Cette conception de la vie sous-tend toute sa démarche politique et culturelle.

Il nous reste les écrits. Sauf que les deux livres les plus éclairants sur le sujet ne sont pas disponibles en langue française – il s’agit de Paura della Libertà et du Quaderno a cancelli. De Paura della Libertà, écrit en 1939, Carlo Levi disait qu’il fallait considérer comme « des corollaires de ce bref poème (il fait quand même 120 pages)… mes autres livres écrits ensuite et ceux que j’écrirai ». Dans la peur de la liberté, il voit l’origine de la soumission de l’homme aux dieux, aux pouvoirs, aux tyrans… l’acceptation de l’apensée dominante, la soumission aux Églises… En 1939, Carlo Levi est en exil en France. Face à la catastrophe, nulle part, à aucun moment, il ne fait appel à Dieu ; pour Levi, Dieu n’a rien à faire dans le monde. Transparaît ainsi son athéisme, qui déborde sur le réel, bien au-delà du parvis des Églises. Un tel texte est œuvre d’un « athée », un « sans dieu » confronté aux « dieux de l’État » (l’État nazi) et à « ce vent de mort et d’obscure religion ».

Et l’affirmation d’athéisme dans tout ça!

On ne trouve pas de déclaration de Carlo Levi attestant son athéisme ; car pour lui, la question n’avait aucune raison d’être. C’est normal : athée n’est pas un état-civil, c’est juste une tranquille certitude.
Pourquoi un athée devrait-il parler de son athéisme ? Comme si un Terrien devait parler de sa « terrianité », un homme blanc de sa blancheur, un homme noir de sa négritude…

Carlo Levi6 est né en 1902 dans une famille turinoise, issue de la communauté juive présente depuis des siècles dans le Nord de l’Italie, une famille plus inspirée par les Lumières que par les enseignements du Livre. Dans le « Quaderno a cancelli », Carlo Levi décrit sa vie : « (j’ai) Vécu sans rites, baptêmes, circoncisions, ablutions sacrées, cérémonies d’État ou idolâtriques, sans initiations rituelles (« il se conserve entier, et entier il veut se maintenir »), Bar-mishvà, sans l’ennui de cette langue sacrée enseignée papegaiement, formules magiques de sons, sans chrêmes, confessions, fêtes consacrées, appartenances, cartes d’identité, ordres, académies, sans signes de faux pouvoir, inscriptions, nominations, prix, médailles. » On reconnaît l’areligieux, l’athée, le mécréant et le libertaire.7

Dans une interview à la RAI en 1974, Carlo Levi dit à Walter Mauro : « J’ai été marqué dès le départ par ce type d’éducation, au point de ne pouvoir accepter leurs formalités, certains rituels… la première fois que j’allais à l’école – en ce temps-là, on avait l’habitude de dire des prières à l’école avant les cours – moi, qui en était probablement exempté, je me suis retrouvé cependant à regarder mes condisciples comme s’ils étaient des singes ; je ne comprenais pas leurs gestes et je les contemplais avec pitié … car ils étaient contraints à faire ces gestes simiesques, communs, au commandement, tous en même temps – par exemple, réciter une prière les mains jointes. Voilà : il y avait en tout ça quelque chose qui me paraissait devoir être réfuté profondément, quelque chose d’inacceptable. »

Le père de Carlo Levi quand il punissait, il le faisait sans donner d’explication… et il refusait d’en donner… « Nous comprenions alors (ainsi) que l’autorité est injuste par nature et cela est, à mon avis, la meilleure éducation… cela crée le sentiment que le pouvoir est par sa nature injuste, ce qui est la vérité, une profonde vérité. »8

Dans « La Peur de la Liberté », Levi souligne : « J’ai écrit ce petit livre… en découvrant à chaque page ce qui me paraissait être la vérité du monde, passant de bonheur en bonheur, car il n’existe pas de plaisir plus intense que de se 9 sentir découvreur de vérité… » Une vérité complexe, noueuse, pleine de créatures bizarres, de confection léviane où il est question d’idoles, d’arts barbares et religieux, de Dieux, de terreur, de crises, de peur d’exister, d’angoisse, de séparation, de péril mortel et aussi, de liberté.

« Levi peintre, comme le Levi écrivain, politique, philosophe, si ces spécifications ont un sens, est un anarchiste individualiste, réfractaire à toute appartenance et par avance suspicieux de tout pouvoir constitué. »10 Ce portrait de Carlo Levi par son neveu, Guido Sacerdoti, lui-même médecin, peintre, écrivain, etc., figure dans un article au titre éclatant : « Le peintre iconoclaste ». Un Levi iconoclaste…

Carlo Levi et la mort.

Pour distinguer un athée ou débusquer un cryptocroyant, il suffit de s’interroger sur la façon d’aborder la mort ; pour l’athée, la mort est un moment de la vie, l’une commençant là où l’autre cesse ; le passage au néant, au rien. Il va de soi que pour le croyant, cette description du parcours humain n’est pas conforme aux vérités éternelles.

Voici extrait de « La morte nel bosco » (« La mort dans le bois ») 11 , ce que j’appellerai « Carlo Levi face à la mort ». Cette description de la mort du maître (Gaetano Salvemini) est une anticipation, une façon de penser la sienne.
« Gaetano Salvemini n’a pas parlé, sur son lit de mort, des idées et de l’immortalité. Il avait toujours professé ne pas être philosophe … son attitude fut semblable à celle du Grec (Socrate), semblables ses sentiments, sa cohérence avec sa vie, son humble orgueil, … la mort de Salvemini est Salvemini… La mort du sage, de l’homme juste, dont la conscience morale est sûre et sans remords, libère aussi les autres du conformisme du péché ; et, comme une naissance sans douleur, de l’obscure, de la mystérieuse angoisse. »

Un tel texte sur la mort, où nulle part n’apparaît le nom de Dieu ou une allusion à un au-delà, ne peut être écrit que par quelqu’un pour qui Dieu est incongru.

Athée parce que libertaire

Carlo Levi est un athée résistant ; son « athéisme » découle directement d’une résistance à toute coercition, à tout pouvoir en raison de la nature du pouvoir, lequel est fondamentalement injuste. À quoi l’injustice du pouvoir tient-elle ? Simplement en ce qu’elle s’oppose à l’autonomie qui vient du dedans, de la plus intime intimité de l’être.

C’est le cheminement proposé par le philosophe au grand front, Max Stirner que l’on qualifie de « libertaire »12, comme on le fait de Carlo Levi…

Stirner jette aux abîmes toutes les idoles : Dieu, l’Humanité, l’Histoire, la Communauté, l’Individu, l’Église, l’État, la Communauté, le Parti et tout ce qui y ressemble. À la fin, il ne reste plus rien que le moi qui, seul avec sa liberté, en toute autonomie, commence à refaire le monde en solidarité avec les autres ; la solidarité (des égaux), c’est le point systématiquement occulté de la philosophie de Stirner.

Levi constate que la peur de sa liberté pousse l’homme à se créer des idoles, à mettre en place des dieux, un Dieu et leurs religions, leurs Livres, leurs Églises ; de même, l’État, laïcisé, débarrassé de Dieu, s’instaure en idole et se substitue à Dieu. L’homme se soumet et entre dans le règne de la servitude ; sans son autonomie, il se retrouve sous l’autorité du pouvoir. Pour (re)construire le monde (humain), Levi part de la démolition des idoles et de l’instauration de l’autonomie de l’individu.

Pour Carlo Levi, le point focal, c’est la liberté ancrée dans la profondeur du moi ; pour Max Stirner, c’est le moi qui agit sa liberté propre.

Vous n’y voyez pas grande différence ? Précisément, moi, non plus.

Ainsi, Levi était athée ; il professait une philosophie d’avant et d’après l’invention des dieux et de la postérieure invention d’un Dieu unique. Il suggérait un athéisme non-religieux, qui assume son destin hasardeux et relativement déterminé, sans aucune peur de sa propre liberté. Quant à la solidarité, il suffit de rappeler l’engagement de Carlo Levi dans la résistance au fascisme et son engagement en tant que fondateur et président de la FILEF (Fédération Italienne des Travailleurs Émigrés et de leurs familles) ou simplement, de (re)lire « Le Christ s’est arrêté à Eboli ».

Yves Ramaekers

1 Carlo Levi, peintre et écrivain antifasciste est le titre d’une exposition (et d’un livret-catalogue) faite au Musée de Mariemont en 2005. (cf. note infra)

2  CARBONE : Carlo Carbone est le nom qui figure sur la carte d’identité de Carlo Levi lors de son entrée en clandestinité en septembre 1943. Si l’interrogatoire présenté ici est une reconstitution de l’imagination (il n’a jamais eu lieu), il est cependant vraisemblable. Il va de soi que ce nom d’emprunt a été choisi par Carlo Levi au moment de créer ces faux papiers indispensables pour quelqu’un qui était recherché par toutes les polices d’Italie. Ce qui est intéressant, c’est l’envergure polysémique de ce nom : exemple, le rôle du carbone dans la fabrication de doubles…

3 Carlo : Il est préférable pour des faux papiers de conserver son prénom usuel, mais aussi sa profession, son état-civil…. Ça évite bien des surprises. Lire Victor Serge et son « Ce que tout révolutionnaire doit savoir de la répression » (http:// www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index- Ce_que_tout_révolutionnaire_doit_savoir_de_la_répression-9782355220203.html) ? Carlo Levi n’en avait pas besoin lui qui était un clandestin « professionnel ». En fait, dans cette longue bataille du Ventennio, l’Ovra, la police politique fasciste, n’a jamais connu le rôle réel au sein de « Giustizia e Libertà » de Carlo Levi, peintre au parcours international.

4 25 décembre : C’est une date qu’on n’oublie pas. Pas de risque de se tromper.

5 « Athéisme et incroyance » – L’Athée, n°1 – 2014, Bruxelles, p. 25

6 Carlo Levi, voir petite biographie in Carlo Levi, antifasciste italien, peintre et écrivain, Marco valdo M.I., édition Comité Carlo Levi – Sardegna all’Estero La Louvière – Liège (2005) et Emigrazione – Roma, édition digitale : http://www.emigrazione- notizie.org/quarantennale_filef/LEVI_catalogo_mostra_filef_la_louviere_2005.pdf

7 Carlo Levi : Il racconto della vita, in UN DOLENTE AMORE PER LA VITA, Conversazioni radiofoniche e interviste, Donzelli – Roma, 2003 – pp. 55-56

8 Idem

9 Idem, p.60

10 Guido Sacerdoti, Carlo Levi pittore iconoclasta, in CARLO LEVI : RILETTURE, Meridiana, Rivista di storia e scienze sociali, 53, Viella, 2005 – p.85

11 Carlo Levi, La morto nel bosco, in Le tracce della memoria, pp. 81-83. Donzelli editore – Roma 2002

12 Max Stirner, libertaire. Voir notamment Max Stirner, ou l’individualisme anarchiste comme athéisme intégral [http:// www.athees.net/max-stirner-ou-lindividualisme-anarchiste-comme-atheisme-integral-par-juliette-masquelier/] par Juliette Masquelier, in Newsletter Trimestrielle ABA, septembre 2015.

 

L’obélisque de Moscou sur lequel figurait le nom de Jean Meslier par Serge Deruette

Posté le 15 décembre 2015 Par ABA Publié dans Athéisme Laisser un commentaire

Tous les grands personnages ont leur statuaire qui à la fois reflète leur célébrité et y contribue. Aussi ne s’étonnera-t-on pas que Jean Meslier (1664-1729), le premier théoricien de l’athéisme, n’ait pas cet honneur : trop peu célèbre et trop peu célébré. Il l’a pourtant été en Russie soviétique, honoré sur le seul monument où l’on retrouvait gravé son nom, et qui avait été inauguré à la suite de la révolution d’Octobre.

Lénine, personnellement, attachaitune grande importance à cette question des monuments publics, à leur rôle éducateur sans doute mais aussi parce qu’ils étaient susceptibles de jouer leur rôle symbolique dans le ralliement au régime soviétique de ces masses au sein desquelles la haine du tsarisme était vivace.

C’est ainsi qu’une stèle portant les noms de dix-neuf précurseurs de la pensée socialiste au sein desquels on retrouve celui de Meslier, a vu le jour, inaugurée à l’occasion du premier anniversaire de la révolution d’Octobre à l’occasion duquel étaient également inaugurés un monument à Marx et Engels et une plaque commémorative « aux combattants » de cette Révolution.

L’obélisquea remplacé, dans le jardin Alexandre qui borde le Kremlin,celui qui avait été érigé quelques années auparavantà la gloire de la dynastie des Romanoven juin 1914 (et non en 19013, comme on l’écrit souvent), dans la foulée de la commémoration l’année précédente du tricentenaire de la naissance de la dernière dynastie tsariste.

Le monument n’a pas été détruit mais transformé en « stèle socialiste » : les noms des tsars sculptés en bas-relief ont été raclés et remplacés par ceux de penseurs socialistes gravés sur la surface des blocs de granit. Il s’agit, dans l’ordre où ils paraissent, de

  • Karl Marx
  • Friedrich Engels
  • Wilhelm Liebknecht
  • Ferdinand Lassalle
  • August Bebel
  • Tommaso Campanella
  • Jean Meslier
  • Gerrard Winstanley
  • Thomas More
  • Claude-Henri Saint-Simon
  • Édouard Vaillant
  • Charles Fourier
  • Jean Jaurès
  • Pierre-Joseph Proudhon
  • Mikhaïl Bakounine
  • Nikolaï Tchernychevski
  • Piotr Lavrov
  • Nikolaï Mikhaïlovski
  • GueorguiPlekhanov

L’élaboration de cette liste plutôt éclectique d’auteurs et d’acteurs liés au socialisme avait été confiée par le Soviet de Moscou à Vladimir Friche, un spécialiste marxiste de l’histoire de la littérature qui venait de rejoindre en 1917, l’année révolutionnaire, le parti bolchévique. Telle qu’elle a été présentée pour approbation à Lénine, elle contenait originellement un vingtième et ultime nom, le seul qu’il ait biffé : le sien. À l’évidence, Lénine ne cultivait pas le culte de la personnalité.

Il est intéressant de se pencher sur le choix des noms qui y a été fait, en compagnie desquels se retrouve celui de Meslier. Ils présentent en effet pour nombre d’entre eux des incongruités en regard des conceptions théoriques du marxisme que défendaient les bolchéviques.

Malgré une volonté affichée d’internationalisme, la sélection retenue n’est pas non plus sans carences. Ainsi, parmi les plus célèbres ou les plus grands du panthéon révolutionnaire de l’humanité, quantité de noms qui auraient pu y figurer ne s’y trouvent pas : ceux, par exemple, de Spartacus, de Thomas Münzer, de Marat, de Babeuf, d’Owen, d’Auguste Blanqui, de tant de dirigeants de la Commune autres qu’Édouard Vaillant, comme Eugène Varlin, Léo Fränkel, Émile Eudes ou, pourquoi pas une femme : Louise Michel, ou encore de James Connolly, le révolutionnaire irlandais qui avait dirigé l’insurrection de Pâques en 1916.Robespierre non plus, à qui Lénine avait tenu à ce qu’on lui élève rapidement une statue à lui seul, inaugurée le 3 novembre 1918, quatre jours avant la fête de la révolution d’Octobre, réalisée en béton en cette période de guerre civile où tout manquait, mais qui fut immédiatement détruite, vraisemblablement par un acte de vandalisme contre-révolutionnaire

Le choix des noms figurant sur l’obélisque, je l’ai dit, a de quoi étonner. Pourquoi retrouve-t-on celui de Lassalle ? Ce socialiste allemand du milieu du XIXe siècle, à l’époque où le marxisme était encore loin de s’imposer, avait bien joué un rôle dans la fondation et la construction du tout premier parti ouvrier allemand, mais Marx et Engels avaient publiquement et sans ménagement critiqué ses conceptions économiques (notamment sa fameuse « loi d’airain des salaires ») et sa pratique politique, comme son soutien à la politique nationaliste de Bismarck, ainsi que ses thèses sur l’État que ses partisans continueront longtemps encore à défendre dans le mouvement ouvrier allemand.

Il est surprenant aussi que les noms de ces deux grands penseurs utopistes qu’étaient Thomas More et Tommaso Campanella soient séparés par celui de Jean Meslier et de Gerrard Winstanley. Meslier était connu plus que vraisemblablement par Fricheau travers des travaux de l’historien menchévique Volguine (qui rejoindra les bolchéviques en 1920) comme un penseur communiste qui n’était en rien utopiste mais était, au contraire, un révolutionnaire athée. Quant à Gerrard Winstanley, rien d’utopiste non plus chez ce dirigeant révolutionnaire communiste anglais qui prônait le partage en commun des terres, et l’avait d’ailleurs concrètement organisée dans le Surrey en 1649,dans la foulée de la grande révolution cromwellienne du milieu du XVIIe siècle.

Bien plus que le nom de Jean Jaurès, socialiste réformiste certes mais qui, jusqu’à son assassinat quelques jours avant le déclenchement de la guerre, avait prôné la grève générale contre celle-ci, le nom d’Édouard Vaillant pose aussi question. Ce dernier, s’il avait été membre de la Commune de 1871, devenu par la suite un des leaders de la SFIO, la Section française de l’Internationale ouvrière, se rangera, la Grande Guerre venue, sur les positions patriotiques de la défense de la « commune patrie » contre « l’impérialisme allemand ».

Que le nom de Proudhon ait lui aussi été retenu parmi ceux des socialistes jugés dignes de figurer sur la stèle paraît difficilement s’expliquer : considéré comme la grande figure française de l’anarchisme, si sa doctrine jouissait encore, en France et en Belgique notamment, d’une certaine influence dans le mouvement ouvrier, et si en Russie il pouvait encore être apprécié des anarchistes et des révolutionnaires de la première heure du mouvement paysan, Marx l’avait idéologiquement combattu avec énergie. Père du mutuellisme, du fédéralisme anticentralisateur, antisémite et antiféministe, ses conceptions idéologiques se situaient aux antipodes de celles du marxisme et du bolchévisme.

Il semble donc étonnant que Lénine, qui accordait une grande importance à la « propagande monumentale » ait accepté telle quelle cette énumération de noms devant figurer sur la stèle. Devait-il être pressé ? Ou, tout à la hâte de valider enfin le travail qui devait permettre enfin l’édification d’un de ces monuments pour lesquels il avait tant de fois battu le rappel, était-il préoccupé seulement d’y supprimer son seul nom ?

Ou encore y a-t-il une autre raison que, peut-être, la présence des noms des Russes Bakounine, Tchernychevski, Lavrov et Mikhaïlovski, tout aussi déroutante, peut nous fournir ? Le dix-neuvième et tout dernier, celui de Gueorgui Plekhanov pose moins de problèmes. S’il avait rejoint les menchéviques, avait condamné la première révolution russe en 1905, s’était rangé sur des positions chauvinistes en 1914 et avait condamné la révolution d’Octobre, il était surtout, avant tout, le théoricien qui avait introduit en Russie le marxisme et contribué ainsi à former tant de militants révolutionnaires, dont Lénine lui-même et tant d’autres bolchéviques.

Mais outre Plekhanov, les quatre autres Russes retenus semblent bien plus problématiques. La présence du nom de Bakounine d’abord peut surprendre, ce théoricien bien connu de l’anarchisme et célèbre opposant russe à Marx au sein de l’AIT, la Première Internationale. Celle des trois suivants aussi, qui sont liés au monde paysan et au narodnisme, ce mouvement que l’on appelle souvent le « populisme russe », et dont les organisations, à la fin du XIXe siècle, avaient pratiqué le « terrorisme excitatif » (l’organisation d’attentats visant à radicaliser les masses) que dénonçaient les bolchéviques, et dont le parti socialiste révolutionnaire (SR) était à l’époque le lointain héritier.

Tchernychevski, qui avait été l’un des plus célèbres inspirateurs de ce mouvement, est encore celui des quatre qui, idéologiquement, présente le moins de difficultés idéologiques. Son roman Que faire ?, publié d’abord sous forme de feuilleton en 1862-1863, avait joué un rôle énorme dans l’histoire des luttes politiques en Russie, influençant des générations de révolutionnaires russes,les narodniki comme les marxistes et, parmi ceux-ci, Lénine qui, en manière de dette de reconnaissance, en reprendra le titre pour son livre dans lequel il expose les fondements de la stratégie et de la tactique du bolchévisme..

Lavrovet Mikhaïlovski, par contre, posent plus de problèmes. Tous deux, influencés par Tchernychevski, ils avaient été de grandes figures, toujours populaires au sein de la paysannerie, dunarodnisme. Le premier, exilé à Paris, avait été membre de l’AIT et participé à la Commune, et le second, proudhonien, prônait l’organisation coopérative de la société sur base de la communauté villageoise russe.

L’importance consacrée au narodnisme paysan ainsi qu’à l’anarchisme ne peut être le fruit d’un choix fortuit. Celui-ci semble en fait plutôt devoir s’inscriredans la conjoncture politique de l’année 1918, celle de la construction du nouvel État révolutionnaire que les bolchéviques appelaientla « dictature démocratique des ouvriers et des paysans ». Pour la consolider, ils comptaient sur l’appui des campagnes, et d’autant plus que celui-ci était fragilisé par la défection des « SR de gauche », les révolutionnaires paysans. Ces derniers, s’ils s’étaient séparés de la droite du parti SR défendant les intérêts des propriétaires fonciers pour soutenir la révolution et participer avec les bolchéviques au pouvoir pendant l’hiver 1917-1918, avaient ensuite rompu leur alliance en mars, désapprouvant la paix sans conditions signée à Brest-Litovsk. Ils avaient ensuite tenté en juillet un coup de force à Moscou, qui sera réprimé.

C’est donc vraisemblablement en raison cette situation extrêmement tendue et de la nécessité politique qui en découle de s’allier le monde paysan en révolution, alors même que débute la terrible guerre civile, qu’il faut chercher la raison de cet assemblage à l’allure idéologiquement décousue de noms plutôt disparates que l’on retrouve sur la stèle.

 

*

 

Quelle que fut son histoire, l’obélisque de Moscou à la gloire des penseurs socialistes et de leurs précurseurs a bien été le seul et unique monument au monde où s’est trouvé célébré Jean Meslier.

Il n’existe plus aujourd’hui, n’ayant pas survécu au renversement du pouvoir soviétique, même s’il a encore pu subsister près d’un autre quart de siècle encore, jusqu’en juin 2013, où l’on a procédé à sa démolition.

Aiguillonné par les demandes venant des groupes les plus réactionnaires, nationalistes et religieux nostalgiques du tsarisme, le ministère russe de la Culture avait, en cette année du quatre centième anniversaire de la naissance de la maison Romanov, décidé de rétablir le monument en sa forme historique à la gloire de la dernière dynastie tsariste.

Il est vrai qu’il sied mieux aux rêves de grandeur de l’actuelle Russie de Poutine. Celui-ci sera reconstruit, non sans difficultés et approximations : l’entreprise en charge des travaux n’a pas reproduit à l’identique le monument édifié un siècle plus tôt (la représentation de saint George par exemple ne correspond pas à l’original, le lettrage du texte sculpté diffère et celui-ci n’était pas exempt de fautes d’orthographes – rectifiées depuis) à la fin du mois d’octobre, et inauguré le 4 novembre2013.

Il n’existe donc plus aujourd’hui nulle part dans le monde aucun monument où l’on retrouve le nom de Jean Meslier. À quand donc un monument pour le célébrer comme il se doit ? Et pourquoi pas à Étrépigny, sur la place du village qui porte son nom ?

La tâche n’est pas évidente. Il faudra sans doute convaincre, et vaincre surtout les réticences politiques et idéologiques d’autorités publiques, qu’elles soient locales ou régionales. C’est que la pensée de Meslier suscite encore aujourd’hui– quelle avance avait-il donc sur son temps ! – bien des controverses.

L’association des « Amis de Jean Meslier » (www.jeanmeslier.fr/), créée en 2011 dans le but de faire connaître ce penseur et d’en promouvoir la pensée, s’emploie à mener cette initiative à bon port.

Islamophobie ? Vous avez dit islamophobie ? par Jacques Teghem

Posté le 10 décembre 2015 Par ABA Publié dans Athéisme Laisser un commentaire

 

  • 5 janvier 2015 : Charb, dessinateur, journaliste et directeur de « Charlie Hebdo » depuis 2009, finalise un essai intitulé «  Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes » (Editions Les échappés). [1]
  • 7 janvier 2015 : Charb est tué, avec plusieurs de ses collègues, dans les attentats meurtriers contre Charlie Hebdo et les clients juifs de l’Hyper Cacher.   
  • 11 janvier 2015 : 4 millions de français manifestent à Paris sous le thème « Je suis Charlie »; 20.000 à Bruxelles.
  • Mai 2015 : Caroline Fourest, essayiste et ancienne collaboratrice de « Charlie Hebdo » publie son livre « Eloge du blasphème » (Grasset).  [2]

Deux livres liés au drame du 07/01/15. Bien différents dans leur ton, mais similaires dans leur objectif : « Dénoncer l’intégrisme ce n’est pas faire preuve d’islamophobie ».

Bonne lecture…

D’emblée Charb annonce pour qui a été écrit son essai :

« Si tu penses que la critique des religions est l’expression d’un racisme ; si tu penses qu’islam est le nom d’un peuple ;(…) ; si tu penses que caricaturer un djihadiste dans une position ridicule est une insulte faite à l’islam ;(…) ; si tu penses que l’islamophobie est le pendant de l’antisémitisme ;(…) ; alors bonne lecture, parce que cette lettre a été écrite pour toi. » [1, P.5]

  • Le racisme ringardisé par l’islamophobie.

Non, vraiment, le terme « islamophobie » est mal choisi s’il doit nommer  la haine que certains tarés ont des musulmans. Et il n’est pas seulement mal choisi, il est dangereux. Si l’on l’aborde d’un point de vue étymologique, l’islamophobie devrait désigner « la peur de l’islam ». Or les inventeurs, promoteurs et utilisateurs de ce terme l’emploient pour dénoncer la haine à l’égard des musulmans. Il est curieux que ce ne soit pas « musulmanophobie » et, plus largement « racisme » qui l’aient emporté sur « islamophobie », non ? D’un point de vue étymologique, ce serait juste un peu moins branlant. Alors, pour quelle raison le terme « islamophobie » s’est-il imposé ? Par ignorance, par fainéantise, par erreur, pour certains ; mais aussi parce que beaucoup de ceux qui militent contre l’islamophobie ne le font pas en réalité pour défendre les musulmans en tant qu’individus, mais pour défendre la religion du prophète Muhammad ». [1, P.7]

éMais le terme « racisme » n’est plus employé que timidement. Le terme « racisme » est tout simplement en passe d’être remplacé par celui de « islamophobie ». [1, P.9]

Dans un style plus docte, Caroline Fourest ne dit rien d’autre :

« Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde » disait Camus. Le mot « islamophobie » ajoute aux malheurs du monde. On lui doit l’une des confusions sémantiques et politiques les plus graves de notre époque : faire croire que résister au fanatisme relève du racisme. De quoi parlons –nous ? Sémantiquement, ce mot ne désigne pas la « phobie » envers les musulmans mais envers l’islam : « islamo-phobie » et non « musulmano-phobie ». Certains l’emploient de bonne foi et d’autres de parfaite mauvaise foi. Les intégristes l’utilisant pour dénoncer toute critique envers l’islam, son dogme ou ses abus, comme étant « phobique » et donc problématique. Des antiracistes utilisent le même terme pour viser la phobie envers les musulmans et se retrouvent à faire le jeu des intégristes. Pour éviter toute confusion, il vaudrait mieux parler de racisme envers les musulmans. (… Certes les musulmans ne sont pas une race et d’ailleurs les races n’existent pas), mais le racisme oui. Il désigne précisément  cette façon de transformer de simples références, d’origine, de goût ou d’apparence, en caractéristiques fondamentales, en généralités, enfermant un groupe dans une « essence » à part. Cette « essentialisation » peut viser n’importe quel groupe. Il n’y a donc aucun problème de parler de racisme antimusulman, qu’il s’agisse d’actes ou de propos visant les musulmans dans leur ensemble. Comme le fait de les rendre complices des crimes des terroristes ou de taguer un lieu de culte pour les punir. Si le terme « islamophobie » visait bien ce racisme, il mettrait tous les antiracistes d’accord. Malheureusement, il englobe sémantiquement toute critique envers le religieux ou l’intégrisme. Un vrai piège pour nos débats d’idée. Tout acteur responsable devrait refuser de l’employer. Car si les mots sont des armes, celui-ci est calibré pour blesser les laïques en feignant de viser les racistes. » [2, P. 103]

  • Critiquer le religieux n’est pas raciste.

« Les intégristes chrétiens sont les premiers à avoir compris l’intérêt de confondre blasphème et racisme. Puisque le délit de blasphème n’existe plus en France en dehors de l’Alsace-Moselle, ils ont tenté de détourner la législation antiraciste et portent plainte pour « racisme antichrétiens » contre les dessins de Charlie moquant les propos liberticides du pape, la pédophilie au sein de l’Eglise ou les commandos anti-IVG (…) en parlant désormais de « christianophobie ». Ici personne n’est dupe. Tout le monde comprend qu’il s’agit d’intimider la critique du religieux et non de lutter contre le racisme. Il en est tout autrement lorsque des associations font le même calcul en utilisant le mot « islamophobie ». [2, P.105]. En confondant  le fait de blasphémer avec de « l’islamophobie ». D’autres renvoient dos à dos un massacre et un blasphème ? De faux dévots nous expliquent que le meilleur remède au fanatisme serait de revenir au tabou et au sacré. » [2, P.18].

Il y a aussi l’argument du « deux poids, deux mesures ». Vraiment ?

« Dans un monde ensauvagé par des propos haineux, qui nous submergent par tous les canaux du Web, les lois antiracistes ambitionnent simplement de poser quelques bornes, pour débattre de toutes les idées, de tous les symboles et toutes les croyances, à condition de ne pas inciter à la violence, au meurtre et à l’extermination. Une finesse que Dieudonné et ses partisans ne veulent pas comprendre. [2, P.158]. Et Charb de préciser. Le grand projet des pourfendeurs de l’islamophobie, c’est de placer sur le même plan l’antisémitisme et la critique à l’encontre de personnes se réclamant de l’islam. Se moquer d’un terroriste islamiste serait la même chose qu’affirmer que les Juifs seraient des êtres inférieurs ou nuisibles.  Les réseaux sociaux sont infestés de ce genre de commentaires qui insinuent que ce que les caricaturistes se permettent avec des musulmans, ils ne se le permettent pas avec les Juifs. Eh bien, non. Pas s’il s’agit du peuple juif. Pas plus qu’on ne ridiculise le peuple arabe parce qu’il est arabe, on ne ridiculise le peuple juif parce qu’il est juif. En revanche, oui, nous mettons sur le même plan les religieux juifs extrémistes qui, par exemple, chassent les Palestiniens de Cisjordanie à coups de bulldozers et de fusils-mitrailleurs que les djihadistes qui chassent les infidèles en Irak ou en Syrie ? Nous ne représentons pas un Arabe en costume de musulman si nous voulons représenter un Arabe et nous ne représentons pas un Juif en costume de rabbin si nous voulons représenter un Juif. Il n’y a pas de correspondance entre le racisme ou l’antisémitisme et la critique d’extrémistes religieux. Mais rien n’y fait, les inventeurs de l’islamophobie veulent absolument que l’islamophobie soit considéré comme un racisme antimusulmans équivalent à l’antisémitisme, ce racisme antijuif« . [1, P.73]. « Et, non, l’islamophobie n’est pas le nouvel antisémitisme. Il n’y a pas de nouvel antisémitisme, il y a ce vieux, hideux et immortel racisme. Un racisme dont sont victimes des populations d’origine musulmane, oui. Aujourd’hui, en France, le plus violent s’exerce à l’encontre des populations roms. Doit-on dire qu’il y a une « romophobie » ? Ridicule. Il y a un racisme à l’encontre des Roms. Pourquoi vouloir jumeler antisémitisme avec islamophobie ? La seule conséquence serait la disparition du mot « racisme ». « [1, P.75]

  • La culture de l’excuse.

« On a presque tout entendu sur les terroristes. Qu’ils étaient des « enfants perdus », de « pauvres types », des exclus, des « déshérités ». En un mot des « victimes ». [2, P.121]. Et C. Fourest d’énumérer longuement, en les dénonçant preuve à l’appui, tous les partisans du « Oui, mais » (de Tarik Ramadan à Emmanuel Todd, en passant pas beaucoup d’autres), ceux qui  « un peu comme après un viol, réconfortent la victime tout en lui faisant remarquer que sa jupe était trop courte ». « [2, P.21]

Charb lui s’en prend – de manière bien prémonitoire – à ceux pour qui  « des dessins vite qualifiés d’islamophobes légitimaient  l’action d’assassins. La provocation venait de Charlie Hebdo, il était normal de s’attendre à des actions violentes « [1, P.57]. Et d’utiliser la dérision  pour étayer son propos :

« Et si demain un terroriste qui se revendique du bouddhisme ravage la planète, on nous demandera  de ne surtout pas mettre en scène les acteurs de cette violence, de peur de déclencher la fureur des bouddhistes du monde entier. Et si après-demain un terroriste végétarien menace de mort tous ceux qui prétendent que manger de la viande réjouit les papilles, il faudra respecter les carottes comme on exige de nous de respecter la confrérie des prophètes des trois monothéismes ». [1, P 57]. « Lorsqu’on dessine un vieux qui commet un acte pédophile, on ne jette pas l’opprobre sur tous les vieux, on ne laisse pas entendre que tous les vieux sont pédophiles (ni l’inverse), et, d’ailleurs personne ne reprocherait ça aux dessinateurs de Charlie Hebdo. Ce qui est dessiné, c’est un vieux pédophile, rien d’autre« . [1, P.59]

  • La guerre des gauches laïques et anti-laïques.

« Deux gauches se revendiquant de l’antiracisme peuvent se retrouver sur des rives opposées lorsqu’il s’agit du débat sur le voile ou de Charlie Hebdo et de la liberté d’expression. Cette divergence tient en partie à leur façon de lutter contre les discriminations. L’une est universaliste et mène à défendre ardemment la laïcité. L’autre est communautariste et conduit à s’en méfier. La gauche universaliste et laïque vise l’égalité de tous, quels que soit son origine, sa religion, son genre ou son orientation sexuelle. Antiraciste et antitotalitaire, elle s’est bâtie dans le rejet de l’idéologie nazie et de son racisme exterminateur. Plus Zola que Guesde, elle pense que l’antisémitisme est toujours annonciateur du pire. Elle chérit la devise de la Révolution française, la philosophie des lumières, son idéal d’émancipation, cherche à fédérer les minorités contre la domination. Elle se méfie du religieux et des approches anglo-saxonnes favorisant l’assignation à une communauté.

La gauche communautariste, elle, se méfie des lumières et de son idéal d’émancipation, qu’elle perçoit comme la poursuite d’une « mission civilisatrice ». Elle s’est  bâtie dans le rejet du colonialisme et de l’imaginaire post colonial, qu’elle croit voir à l’œuvre dans tout discours critique ou simplement laïque sur l’islam. Peu importe si ces discours ne visent que son instrumentalisation haineuse et totalitaire, l’islam reste à ses yeux la religion du pauvre, du colonisé, du « damné de la terre ». Cette gauche anti-laïque hésite entre les deux approches, a priori difficilement compatibles : l’approche islamiste et l’approche anglo-saxonne. La première parce qu’elle défie l’Occident anciennement colonisateur. La seconde parce qu’elle s’accorde avec cette reconnaissance du fait communautaire, ethnicisé, qui combat la laïcité à la française, jugée raciste outre-Atlantique et outre-Manche pour avoir légiféré sur les sectes ou interdit le voile à l’école publique.

La gauche universaliste a soutenu la loi sur les signes religieux de mars 2004, autant par féminisme que par attachement à la laïcité. La gauche communautariste s’est fédérée contre cette loi« . [2, P. 57-58]

Caroline Fourest  a incontestablement  une vision très binaire et dichotomique de la division de la gauche sur ces questions, qui évidemment, mais c’est normal,  donne sans doute le beau rôle à son courant de pensée. Mais ainsi, le débat est ouvert !

  • Addendum : appel à la laïcité !

L’idée de ce texte que j’avais en tête depuis quelque temps, je l’écris à présent, trois semaines après le carnage terroriste de Paris du 13 novembre 2015 ! Et je repense à cet éditorial de Gérard Biard dans le Charlie Hebdo du…14 janvier 2015, qui se terminait par cet espoir,  encore plus d’actualité aujourd’hui :

Nous allons espérer qu’à partir de ce 7/1/15 la défense ferme de la laïcité va aller de soi pour tout le monde, qu’on va enfin cesser, par posture, par calcul électoral ou par lâcheté, de légitimer ou même de tolérer le communautarisme et le relativisme culturel, qui n’ouvrent la voie qu’à une seule chose : le totalitarisme religieux.

Oui, le conflit israélo-palestinien est une réalité ; oui, la géopolitique internationale est une succession de manœuvres et de coups fourrés ; oui, la situation sociale des comme on dit « populations d’origine musulmane » en France est profondément injuste ; oui, le racisme et les discriminations doivent être combattues sans relâche.

Il existe heureusement plusieurs outils pour tenter de résoudre ces graves problèmes, mais ils sont tous inopérants s’il en manque un : la laïcité. Pas la laïcité positive, pas la laïcité inclusive, pas la laïcité – je – ne – sais – quoi : la laïcité point final.

 

Cycle de conférences : Athéisme et Biologie

Posté le 9 décembre 2015 Par ABA Publié dans Conférence 1 Commentaire

Atheisme et biologie pour le Net

Ce jeudi 10 décembre, Pierre Rasmont (UMONS) viendra nous présenter une conférence « L’homme est un chien pour l’homme ».

La conférence, qui s’intègre dans le cycle « Biologie et Athéime » organisé par le département de biologie et l’Association Belge des athées, aura lieu au bâtiment Warocqué (17 place Warocqué) de l’UMONS à 19 h.

Informations complémentaires: pierre.gillis@umons.ac.be

Passé et présent . Des guerres de religion par Patrice Dartevelle

Posté le 8 décembre 2015 Par ABA Publié dans Athéisme Laisser un commentaire

 

 Le nombreux attentats, inattendus dans leurs modalités mais de plus en plus prévisibles dans leur principe, perpétrés par des fanatiques au nom de l’islam ou d’un islam « pur » dans des grandes villes de tous les continents (on commence par La Mecque en 1979) et tout récemment à Paris aboutissent à des interrogations sur un islam qu’on ne voyait pas vraiment chez nous ou à des affirmations plus ou moins péremptoires sur la spécificité de l’islam et sa responsabilité dans les massacres.
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