La Confession évolutionniste de Charles Darwin

Marco Valdo M.I.

Dans cette Confession évolutionniste, comme dans les précédentes entrevues fictives[1], un Inquisiteur tente de cerner l’athéisme de l’impétrant ; c’est le métier d’Inquisiteur de faire parler les suspectes et les suspects d’hérésie ou pire, d’athéisme – « Parlez, parlez, nous avons les moyens de vous faire parler »[2] On trouve face à l’enquêteur Juste Pape, le suspect Charles Robert Darwin, né à Shrewsbury en Angleterre en 1809, naturaliste. Il est connu comme le créateur de la théorie de l’évolution. Pour constituer son dossier, l’Inquisiteur se réfère à l’autobiographie de Charles Darwin[3]et à divers ouvrages concernant sa vie.

Bonjour, Monsieur Darwin. Je suis Juste Pape, enquêteur de l’Ovraar[4] en mission spéciale. Je voudrais tout d’abord m’assurer que vous êtes bien Charles Robert Darwin, né en Angleterre à Shrewsbury en 1809.

Bonjour, Monsieur l’Inquisiteur. Je suis Charles Robert Darwin, né le 12 février 1809 en Angleterre, plus exactement à Shrewsbury dans le Shropshire dans la région des Midlands, et mort à Downe dans le Kent, le 19 avril 1882. Je suis l’auteur de L’Origine des Espèces[5]et de La Filiation de l’Homme[6], deux ouvrages qui me valent sans doute d’être ici. Même si un temps, dans ma jeunesse, j’ai imaginé être pasteur, je suis un scientifique intéressé par la géologie, la biologie et la paléontologie ; bref, je suis passionné par la question des origines et l’évolution de la vie ou, si vous voulez, de la nature. En fait, je me définis comme naturaliste, une désignation suffisamment large pour englober l’ensemble de mes préoccupations et de mes réflexions scientifiques ou même, personnelles. Ainsi, j’ai toujours aimé pratiquer l’observation des animaux, des plantes et des paysages et j’aimais aussi la chasse – je suis un excellent chasseur – et la pêche. C’est aussi sans doute de là que vient mon expertise pour la taxidermie, que m’a enseignée un affranchi, ancien esclave noir, John Edmonstone[7].

Monsieur Darwin, dit l’Inquisiteur, comment s’est passée votre enfance ? Il me semble qu’il y avait place pour Dieu et la religion ? Et puis tout de même, pour vous, qu’en était-il de Dieu ?

D’abord, Monsieur l’Inquisiteur, permettez-moi, sans vouloir vous désobliger, une remarque essentielle : j’ai le regret de vous informer que je ne crois pas – enfin, je devrais dire que je ne crois plus, si tant est que dans l’enfance, j’y aie vraiment cru – ni à Dieu, ni au Diable, ni à la Bible, ni à ses fables. Et ce n’est pas nouveau, comme on dit, je tiens ça de famille, mon grand-père était déjà un libre penseur, mon autre grand-père aussi, du reste ; mon père, Robert Darwin, l’était également. Erasmus Darwin, le père de mon père, était très remonté contre le Créationnisme ; c’est sans doute lui qui m’a transmis le gène de l’évolutionnisme[8]. Il a d’ailleurs anticipé mes propres travaux quand il publia sa Zoonomie[9] où il affirmait déjà, preuves à l’appui, soixante ans avant moi et mon Origine des Espèces, l’hypothèse évolutionniste et sa dimension sexuelle.

J’entends bien ce que vous dites, continue l’Inquisiteur, mais il me semble que vous avez été très religieux dans votre vie et ce fait m’interpelle et m’intéresse beaucoup. Comment vous souvenez-vous de votre foi religieuse ?

En effet, Monsieur l’Inquisiteur, dans mon enfance, j’ai fréquenté l’école unitarienne et ensuite, un internat d’une école anglicane. On allait dans les écoles qui existaient à l’époque. Mon père, médecin, aurait aimé que j’exerce aussi cette profession, mais en désespoir de cause, car je m’intéressais beaucoup à l’histoire naturelle et fort peu à la médecine, il finit par me mettre au Christ’s College de Cambridge. Il voulait m’assurer un diplôme de théologie, dans l’espoir que je devienne pasteur anglican. En fait, il considérait que c’était une bonne situation et un avenir tranquille et confortable. J’ai donc eu une formation religieuse de base, mais même si l’idée d’une telle carrière me plaisait et m’intéressait, je ne pouvais me résoudre à accepter les divers éléments du Credo de l’Église et ses dogmes, même si à ce moment, je ne doutais aucunement de la vérité littérale de la Bible. J’avais, in illo tempore, la ferme conviction de l’existence de Dieu et de l’immortalité de l’âme ; c’était une habitude que je ne questionnais jamais ; en somme, croire allait de soi ; ça faisait partie de l’ambiance.

Il semble cependant, Monsieur Darwin, que votre intérêt pour la géologie vous faisait voir la beauté de l’œuvre de Dieu.

En effet, Monsieur l’Inquisiteur, je me suis intéressé à la géologie et plus encore, au cours du voyage autour du monde que je fis sur le Beagle, un voyage qui dura cinq ans ; j’étais très féru de la théologie naturelle de William Paley et convaincu par ses preuves du christianisme. Comme nombre de vicaires d’Angleterre qui cherchaient dans la conformation de la Terre la preuve de la pertinence de la Création, j’ai également eu une passion pour la géologie, mais contrairement à mes attentes, j’y ai trouvé les preuves les plus éclatantes de l’évolution. Je me souviens très bien de ce qui a entraîné ce basculement quand, lors de mon voyage autour du monde[10], je vis les bancs de moules sortis de l’eau et des coquillages en haut des plus hauts plateaux des Andes. C’est aussi au cours de ce voyage que j’en étais venu à considérer que l’Ancien Testament n’était pas digne de confiance en raison de son histoire du monde manifestement fausse et de l’invraisemblance de la durée de la Création, dont l’évêque Ussher avait fixé la date en 4004 avant notre ère. Une date impossible à soutenir alors que toutes les roches et sédimentations du monde parlaient de temps géologiques calculés en milliers de siècles et le ciel lui-même et les étoiles ne juraient que par le temps astronomique qui, lui, se pense en milliards d’années. Je ne pouvais quand même pas me résoudre au « credo quia incredibile » et encore moins, je l’avoue, au « credo quia absurdum ».

Il me semble, Monsieur Darwin, que vous avez progressivement abandonné toute foi chrétienne ; comment s’est fondée une telle évolution ?

Ce fut, en effet, une évolution, un chemin de croix à rebours, en quelque sorte. C’est le résultat d’une longue réflexion, Monsieur l’Inquisiteur. Comment un homme sain d’esprit pouvait-il croire aux miracles quand plus on est instruit des lois naturelles, plus ces miracles deviennent incroyables ? Peut-être était-il possible de croire à toutes ces choses étranges aux gens peu instruits de ces temps-là, mais pour nous ?  C’est ainsi que j’en vins graduellement à ne plus croire au Christianisme comme révélation divine. Mon incrédulité s’est installée de façon très lente, mais elle fut finalement complète. J’ajoute que je n’ai jamais douté de la justesse de ma conclusion. En plus, condamner à la punition éternelle tous ceux qui ne croient pas est une doctrine détestable. Il y a aussi à considérer que si vous défendez l’existence d’un Dieu intelligent en la fondant sur la conviction intérieure, autrement dit sur la foi, et sur les sentiments des personnes, il ne fait aucun doute que les hindous, les mahométans et d’autres pourraient argumenter de la même manière en faveur de l’existence d’un Dieu (un autre que celui des chrétiens) ou d’une foule de dieux ou comme les bouddhistes, d’une absence de Dieu. En somme, avec la foi, on peut croire n’importe quoi.

Monsieur Darwin, demande l’Inquisiteur, on fait de vous une sorte de prophète, mais comment vous voyez-vous vous-même ?

Je suis content de votre question, Monsieur l’Inquisiteur, et à ce sujet, je voudrais insister sur un point précis que souvent les commentateurs, qui, tout à leur hagiographie, omettent – volontairement ou involontairement, je ne sais – de développer comme il se devrait, à savoir que mes dizaines d’années de travail et de réflexion s’inscrivent tout naturellement dans le long mouvement évolutif de l’élaboration du savoir, de la pensée et de la science des hommes. En somme, je persiste à penser que je ne suis qu’un point de transition sur cette longue route de la connaissance. C’est important, car il vous faut considérer que là aussi, le processus de l’évolution agit sur la science elle-même. En clair, comme la sélection naturelle, la science fourmille massivement d’essais, d’expérimentations, de diversifications, de théorisations, de supputations, d’erreurs, de tentatives avortées, d’égarements et quand même, in fine, de l’une ou l’autre réussite. C’est assez logique puisque la science elle-même, comme toute chose, est un élément du processus naturel lui-même. Par ailleurs, comme la nature, elle n’a d’autre objectif que de mettre un pas devant l’autre et n’entrevoit, en toute logique, aucune autre finalité qu’elle-même. Elle ne sait où tout cela la mènera et cependant, je peux vous garantir que le devenir de la science est la découverte de ses propres ignorances. C’est aussi son premier moteur que de combler une ignorance toujours recommencée. Valéry disait ainsi : « La mer, la mer, toujours recommencée ! Ô récompense après une pensée… »[11] et cette phrase me poursuit depuis la première fois où je l’ai lue.

Monsieur Darwin, vous étiez marié à votre cousine Emma Wedgwood ; ce mariage avait été célébré à l’Église anglicane et il me paraît que votre femme était une croyante fervente et vous a demandé jusqu’au bout de la rejoindre dans la religion. Qu’en est-il exactement ? Vous a-t-elle finalement convaincu d’accepter une rédemption in articulo mortis ?

D’abord, Monsieur l’Inquisiteur, je veux affirmer que notre mariage fut une longue fréquentation très réussie et surtout, du fait d’Emma, qui était une femme aimante, sans qui je n’aurais pas coulé de si beaux jours ; sans elle, j’aurais beaucoup plus souffert de mes maux. Elle, c’était une bénédiction. On s’entendait fort bien, mais il est vrai qu’elle était sincèrement religieuse et croyante au plus haut point, ce qui nous différencia de plus en plus. Elle lisait la Bible, allait régulièrement à l’Église et avait fait baptiser et confirmer nos enfants. Je n’y avais pas fait obstacle, car c’était ce qui se faisait couramment à l’époque. Cet écart cependant ne nous a pas éloignés l’un de l’autre de mon vivant, mais elle souffrait beaucoup à l’idée que nous pourrions être séparés après la mort du fait de mon incroyance qui m’interdirait de la rejoindre au Paradis auquel elle croyait se rendre pour passer la vie éternelle promise par la religion. Elle m’avait d’ailleurs écrit, à des années d’intervalle, deux lettres qui tournaient autour de son inquiétude religieuse me concernant. Dans l’une, elle disait qu’elle serait malheureuse que nous ne nous appartenions pas l’un à l’autre pour toujours. Et je dois vous décevoir, je n’ai jamais eu l’idée d’une rédemption, même et sans doute surtout, dans mes derniers moments.

Monsieur Darwin, il me revient qu’à l’occasion de la première publication de votre autobiographie, établie par votre fils Francis, votre épouse Emma a apporté un certain nombre de corrections et de rectifications concernant votre position par rapport justement à la religion et à la croyance à Dieu et à la Création.  J’ai également appris que votre petite-fille Nora Barlow, la fille de votre fils Horace Darwin, une généticienne, a rétabli au plus près votre texte original. Que pensez-vous de cet imbroglio éditorial et familial ?

C’est bien embarrassant, Monsieur l’Inquisiteur, et c’est précisément ce genre de pataquès que je me suis efforcé d’éviter de mon vivant. Cela dit, Francis avait fait un excellent travail et mon Emma au grand cœur, toujours soucieuse de m’emmener avec elle dans un Paradis éternel, a voulu sauvegarder ma réputation et me refaire une virginité religieuse. Je dois dire qu’elle avait tort et que ma petite-fille Nora, que je n’ai malheureusement pas pu voir naître, a eu bien raison de rétablir mes propos en leur état originel. Soyons clair, ce qu’a fait Emma, soutenue par une partie de la famille, vis-à-vis de mes écrits fut une véritable censure ; l’affaire faillit – n’eût été le flegme de mon fils – se retrouver en justice. Ce qu’a fait Nora, c’est tout simplement une restauration, comme on le fait parfois de tableaux caviardés.

Monsieur Darwin, certains disent que vous n’étiez pas vraiment athée, mais que vous penchiez plutôt vers un agnosticisme. Qu’en est-il ?

Ah, Monsieur l’Inquisiteur, que je l’ai souvent entendue cette opinion ! La réalité fut bien différente. Je vous ferai une réponse synthétique, mais détaillée sur les points qui vous intéressent. Je vous ai déjà dit que mes père et grand-père étaient des libres penseurs et que j’avais eu une enfance et une partie de ma jeunesse où j’adhérais aux croyances religieuses communes ; par la suite, je m’en suis détaché. L’incrédulité gagna sur moi d’une manière lente, mais à la longue, elle fut complète. Une progression lente, mais continue, et à la fin, je n’ai jamais remis en cause mon sentiment. Donc, j’ai commencé dans la religion et j’en suis sorti ; j’ai été croyant, je suis devenu non-croyant et je le suis resté, vous pouvez me croire. Reste que les mots ont un sens social et qu’il valait mieux dire « agnostique » que de me proclamer publiquement un athée. Le mot même d’agnostique et son dérivé agnosticisme ne sont pas une de mes inventions, mais ont été en quelque sorte inventés pour moi, dès 1869, par mon « disciple » Thomas Huxley, lors de débats à propos de la religion et de la science au sein de la Metaphysical Society, la très sérieuse et conforme Société de Métaphysique londonienne. Je dois ici insister sur le fait que Thomas Huxley a toujours été un personnage assez facétieux et qu’il avait inventé ce mot d’« agnostique » par blague, désignant face au croyant (gnostique), lequel jure que lui, le croyant, a la connaissance de Dieu, l’agnostique, incroyant, comme celui qui ne sait rien de Dieu et de tout ce qui en découle. Le mot « agnostique » était un joli euphémisme et fort pratique pour ne pas dire ouvertement « athée ». J’ai donc pris le pli d’user de ce terme, d’abord, un peu, je dois le dire, pour ménager le sentiment de mon adorable Emma et par extension, celui des millions de croyants de par le monde : dans le fond, ils n’en peuvent rien s’ils sont crédules ; ensuite, pour ne pas être entraîné à tout bout de champ dans une controverse insoluble et être sommé de prouver l’inexistence de Dieu, de prouver l’inexistence de l’inexistant. Bref, pour qu’on arrête de me tracasser avec ces idées saugrenues de croyance ; j’avais tant d’autres choses à faire et nettement plus intéressantes. De plus, je vous rappelle que j’avais établi scientifiquement la théorie de l’évolution qui, elle, se passait aisément de Dieu, singulièrement en ce qui concerne la Création, nœud central s’il en est de la croyance.

Pour conclure, Monsieur Darwin, laissez-moi vous dire que je considère, et je sais de quoi je parle, que vous êtes définitivement un foutu athée et que jamais au grand jamais, vous ne rejoindrez Emma au Paradis.

Certainement, Monsieur l’Inquisiteur, et je ne peux que confirmer votre opinion. Quant à Emma, elle aura le plaisir de me rejoindre après la fin de l’Éternité. Moi, je l’attends dans un confortable néant patiemment en continuant à compter et contempler les vers sous la terre.[12]


[1]   Carlo LeviRaoul VaneigemClovis TrouilleIsaac AsimovJean-Sébastien BachBernardino TelesioMark TwainSatanSavinien Cyrano de BergeracMichel BakounineDario FoHypatieCamiDieu le PèreÉmilie du ChâteletPercy Byssche ShelleyJames MorrowDenis DiderotLouise MichelJean MeslierAlexandre ZinovievEdgar MorinSimone de BeauvoirJean-Paul SartreTerry PratchettMarie Curie.

[2]  Francis Blanche, in Babette s’en va-t-en guerre (1959).

[3] Charles Darwin, pour l’autobiographie, on se référera ici à l’édition en langue française publiée sous la direction de Patrick Tort, L’Autobiographie de Charles Darwin 1809-1882 rétablissant les passages supprimés de la publication originale. Édition comprenant annexes et notes, par sa petite-fille Nora Barlow – Londres, Collins, 1958. Traduction nouvelle par Aurélie Godet, Michel Prum et Patrick Tort. Éditeur : Champion Classiques, Honoré Champion, Paris, 2022, 295 p.

[4] OVRAAR : voir note dans Carlo Levi

[5] Charles Darwin, On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life, Londres, John Murray, 1859. ; en français : L’Origine des Espèces, in extenso : L’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la survie.

[6] Charles Darwin, The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex, 1871 – La Filiation de l’homme et la Sélection liée au sexe, traduction nouvelle réalisée collectivement (17 traducteurs) sous la direction de Patrick Tort et coordonnée par Michel Prum, parue en 1999 chez Syllepse (Paris), puis en 2012 chez Slatkine (Genève) et Honoré Champion (Paris). Institut Charles Darwin International, Champion Classiques. (ISBN 978-2-7453-2685-0), 1040 p.

[7] John Edmonstone : un personnage important à plus d’un titre : à l’Université d’Édimbourg, Edmonstone enseigna la taxidermie au jeune Charles Darwin, 16 ans, durant ses années de médecine. Edmonstone détailla sa vie et son passé d’esclave, chose qui contribua à faire rejeter l’esclavage par le jeune Darwin.

[8] Voir à ce sujet : Sur Charles Darwin et son grand-père le Dr. Erasmus Darwin, in L’autobiographie de Charles Darwin 1809-1882, p.p.197 – 219, Champion Classiques, Honoré Champion, Paris, 2022, 295 p.

[9] Erasmus Darwin, Zoonomia; or, The Laws of Organic Life, 1794, Part I. London, J. Johnson.(La Zoonomie ou Lois de la vie organique (Zoonomia, 1794).

[10]     Charles Darwin, Le Voyage du Beagle, édition illustrée du carnet de voyage et du journal de bord, Delachaux et Niestlé, Paris 2018, 479 p.

[11]     Paul Valéry, Le cimetière marin, 1920, Gallimard, Paris, 1933.

[12]     Charles Darwin, The Formation of Vegetable Mould through the Action of Worms, with Observations on their Habits, Londres, Murray, 1881. Il existe diverses traductions en langue française sous le titre : La Formation de la terre végétale par l’action des vers, avec des réflexions sur leurs habitudes.