Anticléricalisme

Alain Besançon est un historien âgé, titré -il est membre de l'Institut de France- et qui a été fort prolixe, spécialement sur la Russie, le communisme mais aussi la religion.

Adepte du communisme dans sa jeunesse, il rompt avec celui-ci et se convertit au catholicisme. Sa rupture avec le communisme entraîne chez lui contre ses engagements d'antan une lutte perpétuelle, quasi obsessionnelle, non infondée mais sans doute mais intellectuellement dépassée. Symétriquement sa conversion à la religion lui fait parfois valoriser certains aspects du catholicisme mais, il faut l'avouer et on va s'en apercevoir, cette faiblesse est souvent compensée par une rare sévérité envers cette religion et ses représentants.

« Hélas, en vous aussi, grandes âmes, [l’Etat] chuchote ses sinistres mensonges. Hélas, il devine des cœurs riches qui aiment à se prodiguer.

Et vous aussi, il vous devine, vainqueurs du Dieu d’autrefois. Vous vous êtes lassés de la lutte, et à présent votre lassitude s’est mise au service de la nouvelle idole. »

F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, partie 1, 1883.

Relever l'effondrement des pratiques religieuses et celui du nombre de prêtres tant diocésains que réguliers en Europe de l'Ouest n'est pas véritablement neuf. Mais il est bien rare qu'on le fasse de manière aussi nette que le fait Jean-Pierre Bacot, un universitaire français, dans son ouvrage Une Europe sans religion dans un monde religieux (1). Il ne faut pas se méprendre sur ce titre. Il n'a rien à voir avec l'idée courante que, si la religion et l'Eglise déclinent, il n'en va pas de même du sentiment religieux. J.-P. Bacot soutient catégoriquement le contraire: dans sa conclusion, il dénonce la formule "La religion se recompose, plutôt qu'elle ne se décompose" comme relevant d'"une stratégie de consolation ou d'obscurcissement". "Monde religieux vise le reste du monde où la religion se maintient bien davantage que chez nous.